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La corruption s’étale partout dans nos institutions

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Plusieurs cadres de l’administration publique sont soupçonnés de faire partie d’une vaste opération de corruption en 2016, selon le rapport d’une enquête réalisée par l’Unité de Lutte Contre la corruption conjointement avec la Commission Éthique et Anti-Corruption du Sénat. Dans la liste, l’ex-directeur adjoint du Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD), Serge Philippe Pierre, est soupçonné dans le détournement de plus de 10 millions de gourdes d’un projet de lampadaires. Le projet en question devait être exécuté dans la localité de Polo, section communale de Capotille, dans le département du Nord-Est. Selon ce qu’a révélé l’enquête de l’Unité de Lutte Contre la corruption conjointement avec la Commission Éthique et Anti-Corruption du Sénat, aucun lampadaire n’a été installé. «Les 10 millions de gourdes ont été distribuées à des tierces personnes qui n’étaient ni ingénieurs, ni contremaîtres, ni entrepreneurs, et la section communale n’a rien bénéficié», informe le sénateur Youri Latortue. Selon le président de la Commission Éthique et Anti-Corruption du Sénat, l’élu de l’Artibonite, cette somme provient des fonds PetroCaribe. Dans la conclusion de l’enquête, il est révélé que Serge Philippe Pierre, ancien Directeur Adjoint du BMPAD, est l’initiateur du projet. «M. Pierre a accordé ce projet à la firme Elmetech, propriété de Lucklès Adrien, un proche. Aucune trace de lampadaire n’a été trouvée et Eugène Adrien, maire de la commune dont la signature figure sur le protocole d’accord, nie avoir été mis au courant d’un tel projet», a précisé Youri Latortue. D’autre part, l’ancien ministre des Travaux Publics, Transports et Communication, Jacques Rousseau, a été auditionné, le lundi 19 août, par le juge Ramoncite Accimé, en charge de l’enquête sur le dossier PetroCaribe. C’est le 3ème ancien ministre à avoir répondu à la convocation du magistrat instructeur, après Stéphanie Balmir Villedrouin et Yves Germain Joseph, respectivement anciens ministres du Tourisme et de la Planification et de la Coopération externe. Interrogé par les journalistes sur le déroulement de l’audition, l’ancien titulaire du MTPTC n’a pipé mot.

 

Par ailleurs, l’ancien ministre-délégué auprès du Premier Ministre, chargé des questions électorales, Jean Fritz Jean-Louis, a répondu, le mercredi 21 août 2019, aux questions du juge d’instruction, près le tribunal civil de Port-au-Prince, Jean Osner Petit-Papa, sur le dossier des 7 «mercenaires» étrangers, arrêtés à Port-au-Prince, en possession d’armes lourdes, par la police, dans l’après-midi du dimanche 17 février 2019, puis transférés dans l’après-midi du mercredi 20 février 2019, vers les États-Unis d’Amérique. Jean Fritz Jean-Louis n’a fait aucune déclaration à la presse, à l’issue de son interrogatoire par le cabinet d’instruction. L’ancienne directrice générale du Service Métropolitain de Collecte des Résidus Solides (SMCRS), Magalie Habitant, a été aussi entendue, le 13 août 2019, au cabinet du même juge d’instruction, dans le cadre de ce dossier.

 

Un peu plus loin, deux des diplomates haïtiens qui font partie du corps consulaire d’Haïti aux Bahamas ont été rappelés de leur fonction, selon ce qu’a annoncé le ministre des Affaires Étrangères, Edmond Bocchit, ce lundi 16 août 2019. Cette décision naît d’un scandale de «mariages frauduleux» qui impliqueraient des cadres du personnel de l’ambassade. Ils sont six (6) membres du corps diplomatique haïtien, siégeant aux Bahamas, qui ont été frappés par les mesures de sanctions du ministère des Affaires Étrangères (MAEC). D’après le ministre haïtien des Affaires Étrangères, Bocchit Edmond, cette décision est survenue après qu’une commission spéciale d’enquête ait été envoyée aux Bahamas, au cours du mois d’août, pour s’enquérir sur une «affaire de mariages frauduleux». Pour rappel, en date du 25 juillet 2019, la justice bahaméenne avait reproché à des Haïtiens, à des Bahaméens et à des cadres de l’ambassade d’Haïti aux Bahamas, d’avoir concocté des moyens pour organiser des mariages frauduleux, au profit des citoyennes haïtiennes qui voulaient obtenir le statut de «résident» aux Bahamas. Suite à ce scandale de mariage arrangé, le ministre des Affaires Étrangères a indiqué que «l’image et la crédibilité de l’Ambassade d’Haïti sont vraiment souillées à Nassau».

 

Plusieurs militants politiques, alliés de l’opposition, de leur côté, ont déposé, le lundi 19 août, une plainte au cabinet d’instruction près le tribunal de première instance de Port-au-Prince contre la Première Dame, Martine Moïse, contre l’ex-Premier ministre, Jack Guy Lafontant, contre le ministre démissionnaire de la Justice et de la Sécurité publique, Jean Roody Aly, contre les anciens ministres Jude Alix Patrick Salomon et Heidi Fortuné, contre le directeur général de l’Office National d’Identification, Jude Jacques Élibert et comparses. Les concernés sont accusés, notamment : de détournement de fonds publics, de trafics d’influence, d’abus de fonction, d’association de malfaiteurs et de violation de la loi sur la passation des marchés publics, dans le cadre de la signature du contrat entre la firme allemande Dermalog et l’État haïtien, pour la fabrication des cartes d’identification. Ce sont, au total, 15 plaignants qui s’étaient rendus au Palais de justice, malgré les fortes détonations d’armes à feu. Ils ont tous signé la plainte préparée par leur avocat, Me Marc Antoine Maisonneuve, contre l’épouse du chef de l’État, Jack Guy Lafontant, Jean Roody Aly et d’autres anciens ministres. Etzer Jean-Louis et Édouard Saint-Fleur, deux des plaignants, ont indiqué que cet acte constitue une stratégie en vue de contrecarrer la corruption qui gangrène le pays. Ils préviennent qu’ils sont déterminés à faire aboutir leur action. Cette plainte, après avoir été acheminée par le greffe au doyen du tribunal, Me Bernard St-Vil, sera l’objet d’une instruction, conformément à la loi. Soulignons que le président de la commission Éthique et Anti-corruption du Sénat de la République, Youri Latortue, est maintes fois monté au créneau pour dénoncer les irrégularités enregistrées dans la signature du contrat de Dermalog. La commission qu’il préside avait soumis un rapport au grand Corps où est révélée la commission de nombreuses malversations, au détriment du trésor public, dans cette affaire.

Altidor Jean Hervé

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