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Dans la République Bananière : on banalise presque tout…

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Autrefois, la presse chez nous servait de référence pour analyser les performances et déficiences du secteur politique, ce qui expliquait les tensions et l’animosité de certains envers leurs farouches critiques : les journalistes. Sous l’empire duvaliériste, être journaliste était l’un des métiers les plus dangereux en Haïti. Il est vrai que la nature de leur profession oblige une certaine rivalité. Toutefois, pseudo-journalistes et politiciens sont tous des experts dans la manipulation de l’opinion publique. Ils dramatisent, exagèrent, gonflent leurs histoires avec des spéculations, selon la conjoncture et, surtout, en fonction de leurs intérêts. Ils savent comment dévier l’attention du peuple vers leurs dossiers favoris. Certains politiciens et journalistes mercenaires font si bien leurs malices, qu’aujourd’hui, on a du mal à distinguer les uns des autres. Sans intention de vous laisser languir, prenons quelques exemples.

Nombreux sont les journalistes qui banalisent les rôles et responsabilités des fonctionnaires et dirigeants publics, présentant la politique comme une profession consacrée uniquement aux pilleurs, voleurs, corrupteurs, corrompus, magouilleurs, etc. Il devient trop fréquent d’entendre des accusations infondées qui détruisent la carrière d’un homme ou d’une femme, d’une seconde à l’autre. Si le journaliste ne peut être contraint de révéler sa source, il ou elle doit, par éthique et professionnalisme, s’assurer qu’il ne soit pas en train de nager dans une source puante. Donner le micro à quiconque ayant sur le dos des accusations outrageuses comme : assassinats, vols et viols, sans penser que ce soi-disant bandit pourrait profiter de cet espace pour passer des ordres à ces acolytes, menacer les agents de l’ordre ou intimider le public en général, dénote de la légèreté tout simplement. Les criminels ou ceux accusés de crime, ont tous le droit d’avoir un avocat pour leur défense mais pas un micro pour s’adresser à la nation ou répondre aux autorités. N’est-ce pas là, une drôle de façon de banaliser ceux dont la mission est de nous servir et de nous protéger?

Les politiciens au timon des affaires, sachant qu’ils peuvent acheter certains membres de la presse à bon marché, banalisent ce noble métier de journaliste. Les politiciens, surtout ceux au pouvoir, insultent l’intelligence des journalistes sans aucune retenue. Il semblerait qu’ils n’ont pas de comptes à rendre au peuple. Si un journaliste zélé insiste avec des questions pertinentes, les réponses sont parfois plus qu’impertinentes. Par exemple, quand j’ai entendu un ancien président traiter un journaliste de «kokorat» (ou salopard), dans une salle remplie de journalistes, en guise d’indignation, ceux-ci éclatèrent de rires. Une insulte qui ne fut ni la première et ne sera surement pas la dernière provenant de ce citoyen envers la presse. On dégrade les journalistes même dans l’enceinte de leur radio. Aucune excuse, quelques rares dénonciations hypocritement faites, mais tout s’arrête là. Quand un journaliste paraît un «grenn plen» ou brave, fait du bruit avec ses monologues, certains rapidement croient qu’on a trouvé le « leader des sans voix ». Cependant, une fois qu’ils se retrouvent face aux démons qu’ils maudissaient ou critiquaient, on dirait que ces braves sont soudainement exorcisés. Ils deviennent si doux et si complaisants. Coup de théâtre : c’est plutôt le soi-disant démon qui pose les questions pertinentes aux anges des micros. L’irrespect envers les journalistes par ces dirigeants, politiciens, charlatans, banalise ce grand corps qui a pour mission d’être la voix du peuple.

Et la masse populaire, sans éducation civique, incapable de comprendre les enjeux et les impacts catastrophiques, banalise les jeux de coquins et de malins, en s’amusant à consommer tous les débats futiles, les causeries pauvres en contenus et parfois des shows obscènes, offerts gratuitement par certains politiciens et journalistes. On rit des malheurs de nos sœurs, de la misère de nos frères, de notre occupation par les néo-colons. Notre nation est en mode autodestruction, notre peuple en voie d’extinction. Plus on radicalise et plus on banalise notre triste réalité socio-politique, même que nos compatriotes complotent avec ceux qui nous exploitent, qui nous volent, nous violent et nous humilient chez nous, sur notre propre terre. Si dans la République Bananière, les meilleures promesses, le plus grand espoir du peuple, c’est de manger des bananes 24/24, n’est-ce pas logique qu’on s’acharne à tout banaliser?

Ing. Rodelyn Almazor

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