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La Saline paie la hardiesse du 17 octobre au Pont-Rouge

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Chaque jour apporte son lot de victimes innocentes. Aujourd’hui, des gangs lourdement armés, notamment ceux implantés par le pouvoir, imposent leur loi et délimitent leur zone d’influence. L’insécurité bat son plein dans divers quartiers populeux en Haïti, notamment à La Saline où plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie et leurs corps ont été mangés par des cochons. Le lundi 19 novembre, alors qu’il rentrait dans sa base, Durosier Giron, un policier de l’unité spécialisée, CIMO, a été enlevé et brulé vif par le groupe de gang Ti Junior qui contrôle actuellement La Saline. Depuis deux semaines, le groupe de gangs de Ti Junior impose ses lois à La Saline, après avoir chassé le groupe de Bout Jean-Jean.

 Des rapports de Défenseur Plus et du Réseau National des Droits Humains (RNDDH) ont dénoncé l’inaction de la police nationale, face à cette situation qui se dégrade au quotidien. Pierre Espérance accuse un chef de gang dénommé «Ti Junior» qui se fait accompagner de certains agents de l’unité spéciale de la Police nationale « BOID » comme les auteurs des différents crimes commis à la Saline. «Ils sont allés encercler une zone nommée Kafou Labatwa. Ils ont lynché plusieurs gens et ont incendié leurs maisons », a déclaré le directeur du RNDDH, Pierre Espérance. Les témoignages des habitants de la Saline font croire que certains membres de gangs ont été remarqués à bord d’un véhicule sans plaque, revêtus d’uniformes de la BOID, toujours selon Pierre Espérance. Il demande à la direction de la Police nationale d’éviter de placer ce Corps pour la sécurité des manifestations, afin d’éviter toute forme d’infiltration. Pour sa part, le directeur de Défenseur Plus, Antonal Mortimé, dénonce l’inaction de la police face à ce climat d’insécurité qui dure déjà depuis trois semaines. «Les bandits lynchent les membres de la population pour les jeter dans les ordures. Ces actions violent les principes les plus élémentaires des Droits humains », dit Mortimé qui indique une vingtaine de morts. Les bandits qui veulent avoir le contrôle du marché public de la Saline s’affrontent régulièrement, sans faire attention aux habitants des différents quartiers de ce bidonville. Antonal Mortimé déclare que les responsables municipaux et du ministère de l’Intérieur sont au courant des actions menées par ces bandits qui ne font que rançonner les commerçants. Le directeur de Défenseur Plus demande à la Police d’intervenir, tout en évitant de « causer de dommages collatéraux».

 

Selon la Fondasyon Je Klere (FJKL), Marie Yolène Gilles dit que le massacre de La Saline révèle l’implication de policiers et des liens avec les autorités. Le 17 octobre 2018, le cortège du président Jovenel Moïse est agressé au Pont-Rouge par des manifestants. La responsabilité est jetée sur les hommes de la Saline contrôlés par Hervé Bonnet Barthélemy alias Bout Jean-Jean et Juliot Pyram alias Kiki, un artiste engagé, frère de Toutou (leader de la zone, assassiné en 2015). Selon le rapport, les hommes de la Saline sont indexés dans cette attaque pour deux raisons.

  • En premier lieu, le 13 octobre 2017, la première dame Martine Moïse, accompagnée de Dr Greta Roy, la ministre de la Santé publique (MSPP) et de diverses personnalités dont l’Ambassadeur de Taïwan accrédité : Guillaume Cheng-ha Hu et le représentant de la Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement (DINEPA), avait visité la Saline avec le support des groupes armés contrôlés par Bout Jean-Jean. Elle avait fait des promesses de réhabilitation du Centre de Santé et de l’école primaire, lesquelles promesses n’ont pas été tenues.
  • Deuxièmement, l’opposition avait organisé une conférence de presse à la Saline dans l’enceinte même du centre de santé communautaire, le 15 octobre 2018, avec l’appui des mêmes groupes qui avaient accueilli la première dame et sa délégation avant le 17 octobre 2018.
  • Des menaces ont été faites alors par WhatsApp aux hommes de Fòtouron, précisant qu’ils paieront la hardiesse du 17 octobre au Pont-Rouge. Les rumeurs ont circulé à La Saline qu’avant le 18 novembre 2018, les groupes chassés de la Saline en 2013, appelés Nèg deyò yo devaient chasser le groupe de Bout Jean-Jean appelé Nèg anndan yo. Le 1er novembre 2018, pendant que Kiki et Bout Jean-Jean faisaient une distribution d’argent (des billets de 250 gourdes et de 100 gourdes) à des nécessiteux dans le corridor de la Fondation Jèn Kore Jèn, quatre individus identifiés comme Nèg Chabon (Nèg deyò yo) ont ouvert le feu. Julio Pyram alias Kiki est tué sur le coup, et Hervé Bonnet Barthélemy alias Bout Jean-Jean est blessé. Un des agresseurs est aussi blessé. Il s’agit de Ti Pablo ainsi connu. Il y a eu aussi des victimes innocentes : un jeune de Viva Rio (un danseur de Capouela) et un autre jeune connu sous le nom de Tiga sont tués pour s’être trouvés à la mauvaise place et au mauvais moment. Et depuis, une tension règne dans la zone. Et le rapport de poursuivre que : le 13 novembre 2018, vers 3-4 heures de l’après-midi, les hommes de Nèg Chabon et de Nèg Bwadòm (Nèg deyò yo), renforcés par Cherizier Jimmy alias Barbecue, ID : 05-16-07-07570, (un policier de l’UDMO qui contrôle les gangs de Delmas 2, 4, 6 et 8) et qui est aussi un agent de sécurité rapproché d’un député), avaient précédemment attaqué Nèg Tokyo, allié de Bout Jean-Jean. Un autre policier, Grégory Antoine alias Ti Greg, policier (ID : 06-18-05-08676), agent de sécurité rapproché de l’actuel Délégué départemental de l’Ouest, est accusé dans l’assassinat, pour le compte de l’actuel délégué, de l’ancien candidat à la mairie de Port-au-Prince, Paul Antoine, alias Ti Koton et de Benoit Michel, alias Pouchon, le 8 octobre 2014. À cela s’ajoute la base Pilate, un autre groupe de gang qui s’installe dans la deuxième Avenue Bolosse. Les assaillants estimés à plus de deux cents hommes armés ont monté l’opération et attaqué La Saline, aux fins de soumettre la zone à l’autorité de Serge Alectis alias Ti Junior. « C’est le massacre de La Saline », a conclu le rapport.

 

Selon les déclarations du Sénateur de l’Ouest, Jean Renel Sénatus, des membres de la Police Nationale d’Haïti (PNH) seraient impliqués dans les gangs. « Des gangs sont coiffés par des directeurs et commissaires au sein de la Police Nationale d’Haïti. Des bandits, des voleurs et des chefs de gang font partie de la PNH ».

 

De son côté, dans une note, Léon Ronsard Saint-Cyr, Secrétaire d’État à la Sécurité Publique, s’indigne et condamne la prolifération des groupes armés qui terrorisent la population, particulièrement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Il informe la population que les autorités prendront toutes les dispositions pour mettre un terme à ce climat de terreur provoqué par ces bandits qui seront poursuivis jusqu’à leurs derniers retranchements et invite la population au calme. Il lui demande aussi sa collaboration dans cette lutte.

Emmanuel Saintus

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