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Le budget rectificatif est inadapté avec la politique générale du Premier Ministre Céant

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Depuis un mois, le gouvernement de Jean-Henry Céant n’a toujours pas déposé un budget au Parlement. Il se trouve donc dans l’obligation d’utiliser le budget rectificatif qui, selon l’économiste Kesner Pharel, n’est pas en adéquation avec sa déclaration de politique générale. Le président directeur général du Group Croissance, qui intervenait sur les ondes de Radio Vision 2000, a estimé que le budget rectificatif présente de nombreux impairs. « C’est comme si le Premier ministre Jean-Henry Céant arrive à la tête de la Primature avec des menottes aux poignets », a affirmé Kesner Pharel qui a profité de l’occasion pour faire ressortir les impairs du budget rectificatif 2017-2018. L’économiste a en effet dénoncé les modifications apportées par les parlementaires. Dans le budget rectificatif, les parlementaires ont augmenté le montant destiné à l’acquisition des biens et services, qui est passé de 20 à plus de 25 milliards de gourdes. Il s’agit d’un montant affecté à l’achat de véhicules, de matériels de bureau, de location de voitures, etc. Ils ont aussi révisé à la hausse le montant affecté aux transferts et aux subventions qui passe de 11 à 13 milliards de gourdes. « C’est pour la première fois qu’il y autant d’argent dans cette rubrique », a dénoncé le patron du Group Croissance, soulignant qu’avec ces modifications, le budget d’investissement a considérablement diminué dans le budget rectificatif. Les transferts et les subventions constituent la rubrique dans laquelle sont tirées les subventions accordées aux parlementaires à chaque période de fêtes et au moment de la rentrée des classes. Pour l’économiste, le chef du gouvernement doit ôter les menottes de ses poignets, en proposant un nouveau budget puisque la Loi des finances 2017-2018 rectifiée n’est pas en adéquation avec ses promesses faites dans la politique générale. « Le budget ne précède pas la vision du président de la République, et ce n’est pas l’affaire exclusive du ministre de l’Économie et des Finances mais plutôt l’affaire du président qui doit dicter ses priorités au Premier Ministre. Quant à ce dernier, il doit faire appel à son ministre des Finances pour lui demander de mettre ces priorités en chiffres », a- t-il expliqué.

À la fin du mois de juin, le gouvernement de Jack Guy Lafontant avait fait le dépôt du projet de loi des finances 2018-2019. L’enveloppe budgétaire était estimée à 176,28 milliards de gourdes, soit une augmentation de 22% par rapport au budget initial 2017-2018. Après les émeutes du 6 au 8 juillet, provoquées par la décision du gouvernement d’augmenter de manière excessive les prix des produits pétroliers à la pompe, le conseiller du président de la République, Guichard Doré, avait annoncé sur les ondes de Magik 9, que le gouvernement allait faire le retrait du budget 2018-2019. Dans ce budget, le gouvernement avait prévu de collecter 19 milliards de gourdes sur les produits pétroliers à partir de l’ajustement des prix à la pompe au début du mois de juillet. Pour garder les prix des produits pétroliers inchangés sur le marché local, l’État a consenti « un manque à gagner de 15 milliards de gourdes » et effectué un financement des compagnies pétrolières de l’ordre de 2 milliards de gourdes, a confié au Nouvelliste le ministre de l’Économie et des Finances, Ronald G Décembre, à un moment où la gourde continue sa chute face au dollar et que les cours du pétrole s’envolent, touchant des niveaux non atteints depuis quatre ans. Lors des importations de produits pétroliers en septembre 2018, le gouvernement a payé la facture en dollars à un taux oscillant entre 70,4333 et 70,4667 gourdes pour un dollar. Sur chaque gallon de gazoline, le Trésor public a perdu 108,9034 gourdes. Sur chaque gallon de gasoil, la perte était de 99,4512 gourdes. Sous la rubrique « marge de stabilisation », l’État ne perçoit pas ses taxes et avance de l’argent prélevé d’autres ressources, pour permettre aux distributeurs de continuer à vendre à la pompe le gallon de gasoil à 179 gourdes et le gallon de gazoline à 224 gourdes. Pour le mois d’octobre, si les statistiques ne sont pas encore disponibles, on sait déjà que la situation a empiré. Le baril de pétrole s’est apprécié et la gourde est en chute libre. À 73 gourdes pour un dollar depuis le vendredi 12 octobre 2018, c’est une vraie hémorragie qui frappe le Trésor public pour maintenir les prix de l’essence inchangés à la pompe, depuis quelques semaines. Pour ne rien arranger, l’État haïtien n’a collecté que 3 milliards de gourdes de recettes sur les produits pétroliers pour l’exercice 2017-2018, très loin de ses prévisions. Les recettes pétrolières sur l’exercice 2017-2018, ayant diminué de manière drastique, sont passées d’un rythme mensuel de 652 millions de gourdes en octobre 2017 à seulement 34 millions de gourdes en septembre 2018. Dans l’impossibilité d’atteindre ses prévisions, sans une augmentation du coût de l’essence, et voulant respecter le principe de l’équilibre budgétaire, le gouvernement de Lafontant avait finalement fait le retrait du budget 2018-2019 au Parlement.

Altidor Jean Hervé

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