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La zone métropolitaine, sous le feu des projecteurs

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Un coup d’œil novice dans la zone métropolitaine vous ferait croire qu’elle est laissée pour compte : la surpopulation, l’envahissement des rues par les déchets de toutes sortes, la construction de n’importe quelle manière par des habitants, l’occupation des trottoirs par les commerçants ne laissant que la rue aux piétons et tant d’autres indices tendent vers cette interprétation. Mais cette semaine, le maire de la capitale a fait entendre sa voix et il assure que celui qui ose salir nos rues dans les prochains jours sera sévèrement puni. Un nouvel arrêté communal, relatif à la gestion des déchets dans la commune de Port-au-Prince, vient d’être pris par la mairie de Port-au-Prince, en date du 16 mai 2018, en vue de réglementer la gestion des résidus urbains dans la capitale haïtienne. Cet arrêté concerne notamment les ordures ménagères, les déchets domestiques encombrants, les déchets des commerçants, artisans et industriels, ainsi que les déchets provenant du nettoyage des rues, des marchés et espaces publics de la commune. En prenant cet arrêté communal, le cartel municipal de la capitale entend saisir à bras-le-corps la problématique de la gestion des déchets devenue ces derniers temps, semble-t-il, insurmontable, tant Port-au-Prince croule sous les immondices. Se voulant exhaustif, l’arrêté comporte des dispositions qui sont applicables à la fois aux ménages, aux entreprises commerciales et aux entreprises spécialisées dans la collecte des déchets. « Il est interdit à tout individu ou institution de déposer, d’empiler des déchets sur la voie publique ou dans des espaces publics non dédiés à cette fin par la mairie », stipule l’article 2 de l’arrêté, précisant que les déchets ménagers seront stockés et remis aux agents de la mairie, lors du ramassage des déchets par les camions de l’administration municipale, suivant l’horaire indiqué pour la zone ou le bloc. Il est prévu à cet effet qu’un avis de la mairie précisera les lieux fixés pour l’assemblage des déchets par zone d’habitation. Par ailleurs, le présent arrêté fait obligation aux supermarchés et aux restaurants d’entreposer dans un récipient bien protégé, les produits avariés, les déchets et tous autres éléments considérés comme rejets inutilisables, ayant servi à la fabrication ou à la conservation de leurs produits. Les cas de violation des dispositions de l’article 2 entraîneront respectivement une amende de 10 000 gourdes au contrevenant et une amende de 50 000 gourdes, en cas de violation des dispositions des articles 3 et 4. Selon la Banque mondiale, Haïti a le taux de collecte de déchets solides le plus bas de la région Amérique latine et des Caraïbes (12,4 %) – loin derrière l’avant-dernier pays de la région, le Paraguay (57 %), et derrière des pays africains à bas revenus comme le Sénégal (21%), le Bénin (23%), le Mali (40%) et hors d’atteinte du Ghana, avec un taux de collecte de 85 %.

 

D’autre part, une étude montre que d’ici 2030, l’aire métropolitaine sera habitée par plus de 5 millions d’habitants, avec des bidonvilles caractérisés par la précarité du bâti et du milieu d’accueil. Ce sont donc 20 000 logements, pour répondre aux besoins, qui devront être construits chaque année, non pas par des industries patentées mais par la population elle-même. Sans aucune planification, sans politiques publiques adéquates, on se dirige tout droit vers le précipice. Telles sont les prévisions d’une étude menée par 27 chercheurs haïtiens et étrangers des universités catholique de Louvain, de Montréal, d’État d’Haïti, de CTPEA et de l’Université Quisqueya. 40% de la population haïtienne habitera, en 2030, l’aire métropolitaine qui, depuis quelque huit ans, après le violent tremblement de terre de 2010, s’étire, s’allonge pour arriver jusqu’à la plaine du Cul-de-Sac et à la plaine de Léogâne : deux plaines à vocation agricole et qui disposent de réserve d’eau. Selon cette étude, au cours des 50 dernières années, l’expansion de la région métropolitaine s’est accélérée. En 1989, on commençait à noter une petite extension mais, entre 2010 et 2015, on a enregistré la plus forte expansion de cette urbanisation. « On occupait en 1979 45 km2 à peu près du territoire métropolitain. Cette occupation est évaluée en 1989 à entre 55 et 60km2. En 2002, elle est passée à 200 km2, en 2005 : 225km2, en 2010 : 250 km2 et soudainement entre 2010 et 2015 on est arrivé à 375 km2. 125 km2 se sont ajoutés en l’espace de cinq ans. La plaine de Cul-de-Sac est largement habitée ainsi que la plaine de Léogane », a précisé l’urbaniste, relatant que tout le secteur Canaan, Corail Cessless connaît une expansion considérable, ce qui est un phénomène en soit. « En l’espace de cinq ans, entre 2010 et 2015, 300 000 personnes se sont installées à Canaan. Une croissance extrêmement rapide », a-t-il poursuivi. Espérons que cette étude attirera l’attention des nos dirigeants d’aujourd’hui et de demain, afin de mettre sur pied une véritable politique de décentralisation, permettant d’éviter le pire, car l’urbanisation peut causer l’accroissement de l’insécurité dans toutes ces facettes, c’est-à-dire : du banditisme aussi, et plein d’autres problèmes sociaux, sans parler d’économie.

Altidor Jean Hervé

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