Ma vision du monde et mes convictions me découragent de supporter toute lutte partielle ou superficielle. Dans le cas de la lutte contre la corruption, ma position est pour une approche plus intégrale. Je ne saurais cacher une certaine sympathie au mouvement de PétroChallenge qui vise à exiger des comptes sur la gestion des fonds PétroCaribe. Mon voeu est tout simplement que justice soit rendue, en amenant, devant les tribunaux, quiconque aurait frauduleusement utilisé ces fonds, pour s’enrichir aux dépens des caisses de la République. Cependant, je constate tristement que cette bataille risque de nous aveugler sur les autres formes de corruptions destructrices pour la nation et dont on minimise l’importance. Je cite quelques exemples:
- les centaines de millions de dollars octroyés sous forme d’aide internationale à Haïti, après les tremblements de terre en janvier 2010;
- les fonds tirés des caisses de l’État, accordés comme des prêts non remboursables à des particuliers (AGRITRANS);
- les contrats d’exploitation de nos mines;
- les franchises douanières octroyées d‘une façon préférentielle;
- les contrats juteux de l’EDH avec des fournisseurs d’énergie;
- les milliers de chèques zombis dans l’administration publique;
- les dépenses millionnaires de la Caravane de changement qui reçoit des fonds en aide et des prêts, au nom de l’État haïtien.


Le reste de la population, jusque-là immune de ce cancer social, doit se porter volontaire, en offrant leur aide patriotique ainsi que leurs maigres ressources, pour participer activement dans une nouvelle forme de lutte qui permettra de finir avec la corruption, en joignant leurs efforts pour entreprendre les actions ci-après énumérées:
- Dissolution immédiate de la Chambre des Députés;
- Dissolution immédiate du Sénat;
- Annulation de toutes élections et réélections pour la Chambre des députés;
- Annulation de toutes élections et réélections pour le Sénat;
- Annulation du poste de Président de la République d’Haïti;
- Proclamation d’un Conseil National de Gouvernement ayant à sa tête un Premier ministre avec un mandat de 3 ans, renouvelable, et un conseil d’État de 10 membres;
- Organisation des élections pour les 10 nouveaux membres (conseillers) du CNG avec un représentant par Département;
- Réallocation des fonds alloués au Parlement, à la Justice, à la Recherche et au Développement;
- Renforcement du Système Judiciaire;
- Création d’une commission technique, pour combattre la corruption pour une meilleure coordination avec les organes existants de l’appareil de l’État (CSCCA, ULCC, PMP).
Pour ceux qui se demandent quels seraient les motifs pour dissoudre le Parlement et éliminer le poste de Président de la République, ils peuvent facilement choisir de cette liste réduite, des causes justifiant de pareilles décisions:
- Dépenses excessives,
- Privilèges abusifs,
- Travail inefficient,
- Complicités avec le Parlement, dans l’octroi de généreux privilèges bénéficiant aux deux parties, au détriment des intérêts nationaux,
- Obstruction à la Justice dans les enquêtes relatives à la dilapidation des Fonds PétroCaribe,
- Générateur d’instabilité politique,
- Sous-développement,
- Complicité avec la communauté internationale dans l’appauvrissement d’Haïti,
- Complicité avec des forces étrangères, favorisant l’occupation militaire et politique du pays,
- Non-respect de la Constitution mère qui vise à la protection des vies et des biens du citoyen,
- Trafic d’influence dans l’octroi des contrats aux firmes privées et étrangères,
- Incapacité de protéger nos frontières terrestres, aériennes et maritimes, contre les actions hostiles de nos pays voisins,
- Incapacité de créer les conditions de sécurité nécessaires à l’investissement et au développement économique du pays,
- Octroi illégal de franchises douanières à des particuliers, au détriment des intérêts nationaux,
- etc.

Bref, le PétroChallenge s’est transformé en un mouvement qui dérobe le peuple de ses jours fériés, une lutte sectorielle contre la corruption, des cris de colère qui posent la même question «kot kòb PétroCaribe a», et dont on connait déjà la réponse: «Kòb la kraze lontan», des mobilisations sur une plateforme sociale digitale à laquelle les couches défavorisées n’ont pas accès, une stratégie axée sur des manifestations dont le gouvernement doit préalablement autoriser le motif, le parcours, l’heure et la fin.

Vive Dessalines!
Vive notre indépendance!
Vive Haïti!
Rodelyn Almazor
