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Daniel Foote, un élément toxique, selon le Département d’État

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Le Département d’État rejette les critiques de Daniel Foote. En effet, à la suite de la démission de Daniel Foote, l’Envoyé Spécial en Haïti de l’Administration Biden, la secrétaire d’État adjointe Wendy Sherman, deuxième plus haut responsable du Département d’État, a rejeté les critiques de Foote qui figurent dans sa lettre de démission. Sherman a déclaré, le jeudi 23 septembre, dans une interview avec «McCarthy», que les désaccords politiques avec Foote avaient persisté, tout au long de son mandat, et que l’envoi ou non de troupes militaires américaines en Haïti était un différend central.

Sherman a rejeté l’affirmation de Foote selon laquelle ses recommandations ont été ignorées. «Il y a eu plusieurs conversations politiques de haut niveau sur Haïti où toutes les propositions, y compris celles dirigées par l’Envoyé spécial Foote, ont été pleinement prises en compte dans le cadre d’un processus politique rigoureux et transparent. Franchement, certaines de ces propositions ont été préjudiciables à notre engagement envers la promotion de la démocratie en Haïti. Pour lui, dire que les propositions ont été ignorées était, je suis triste de le dire, tout simplement faux.» Ajoutant «l’une des idées de Foote était d’envoyer l’armée américaine en Haïti […] J’ai suivi Haïti depuis l’administration Clinton, et je peux vous dire que l’envoi de l’armée américaine en Haïti n’est pas la réponse qui résoudra la terrible situation à laquelle le peuple haïtien est actuellement confronté. C’était juste une mauvaise idée.»

Par ailleurs, les désaccords entre Foote et l’Ambassadrice des États-Unis en Haïti, Michèle Sison, étaient bien connus à Port-au-Prince, ajoutant: «Nous avons une confiance énorme en elle [Sison] et en son leadership».

Rappelons que le Secrétaire adjoint aux Affaires de l’hémisphère occidental, Brian Nichols, se rendra en Haïti la semaine prochaine avec Juan Gonzalez, Directeur principal des Affaires de l’hémisphère occidental, au Conseil de sécurité nationale. «Je pense que le Secrétaire adjoint Nichols travaillera avec l’Ambassadrice Sison et écoutera la Société civile pour voir ce que nous pouvons faire pour aider à des élections libres et équitables, le plus rapidement possible, pour le peuple haïtien», a déclaré Sherman. «Sison et Nichols évalueront, dans les semaines à venir, s’il est possible pour Haïti de tenir des élections libres et équitables, cette année.»

De son côté, Jen Psaki, l’attachée de presse de la Maison Blanche, a affirmé, le jour même aux journalistes, que Foote n’avait pas fait part de ses préoccupations concernant le traitement des migrants haïtiens à la frontière, lorsqu’il était en fonction, et que ses critiques n’étaient pas spécifiques.

Daniel Foote, l’Envoyé spécial américain en Haïti, 3 mois après sa nomination, démissionne et dénonce dans sa lettre adressée au Secrétaire d’État, Anthony Blinken, les expulsions massives de migrants haïtiens, ordonnées par l’administration Biden, et fustige sans détour la décision américaine. Il prend la défense d’Haïti et expose les conséquences de l’ingérence américaine et internationale. Cette démission est un nouveau coup dur pour Joe Biden qui se voit critiqué sans détour par son propre Émissaire, dans la lettre ci-contre.

« Cher Secrétaire Blinken, 

Avec une profonde déception et des excuses à ceux qui recherchent des changements cruciaux, je démissionne de mon poste d’Envoyé spécial pour Haïti, avec effet immédiat. Je ne serai pas associé à la décision inhumaine et contre-productive des États-Unis d’expulser des milliers de réfugiés haïtiens et d’immigrants illégaux vers Haïti, un pays où les responsables américains sont confinés dans des complexes sécurisés en raison du danger que représentent les gangs armés contrôlant la vie quotidienne. Notre approche politique envers Haïti reste profondément imparfaite, et mes recommandations ont été ignorées et rejetées, lorsqu’elles n’ont pas été éditées pour projeter un récit différent du mien.

Le peuple haïtien, embourbé dans la pauvreté, otage de la terreur, d’enlèvements, vols et massacres de gangs armés et souffrant sous un Gouvernement corrompu avec des alliances de gangs, ne peuvent tout simplement pas soutenir l’injection forcée de milliers de migrants de retour. L’État effondré est incapable d’assurer la sécurité ou les services de base, et davantage de réfugiés alimenteront le désespoir et la criminalité. L’afflux migratoire vers nos frontières ne fera qu’augmenter à mesure que nous ajouterons à la misère inacceptable d’Haïti.

Les Haïtiens ont besoin d’une aide immédiate pour rétablir la capacité du Gouvernement à neutraliser les gangs et rétablir l’ordre par le biais de la police nationale. Ils ont besoin d’un véritable accord entre la société et les acteurs politiques, avec un soutien international, pour tracer une voie opportune vers la sélection démocratique de leur prochain Président et Parlement. Ils ont besoin d’aide humanitaire, d’argent pour livrer les vaccins Covid et bien d’autres choses.

Mais ce que nos amis haïtiens veulent vraiment, et ce dont ils ont besoin, c’est l’opportunité de tracer leur propre voie, sans marionnettes internationales et sans candidats privilégiés mais avec un véritable soutien pour cette voie. Je ne crois pas qu’Haïti puisse jouir de la stabilité tant que ses citoyens n’auront pas la dignité de vraiment choisir leurs propres dirigeants de manière juste et acceptable.

La semaine dernière, les Ambassades des États-Unis et d’autres à Port-au-Prince ont publié une autre déclaration publique de soutien au Premier ministre de facto non élu, le Dr Ariel Henry, en tant que leader par intérim d’Haïti, et ont continué à vanter son “accord politique” sur un autre accord plus large et antérieur dirigé par la société civile. L’orgueil qui nous fait croire que nous devrions choisir le gagnant, encore une fois, est impressionnant. Ce cycle d’interventions politiques internationales en Haïti a constamment produit des résultats catastrophiques. Des impacts plus négatifs sur Haïti auront des conséquences désastreuses, non seulement en Haïti, mais aux États-Unis et chez nos voisins de l’hémisphère.»

En même temps, après à la démission de Daniel Foote, le Président américain Joe Biden a annoncé, le jeudi 23 septembre 2021, l’envoi en Haïti la semaine prochaine de deux émissaires : Brian Nichols, Secrétaire adjoint aux Affaires des Amériques, et Juan Gonzalez, Assistant spécial du Président et Directeur principal du Conseil de sécurité nationale. Ils s’entretiendront avec des acteurs politiques et la Société civile, afin de déterminer la meilleure voie à suivre pour sortir de la crise.

À rappeler que le jeudi 22 juillet écoulé, le Département d’État avait informé, dans un communiqué, que l’Ambassadeur Daniel Foote a été nommé Envoyé spécial pour Haïti. Cette décision survenait après l’assassinat de l’ancien président de facto, Jovenel Moïse. L’Envoyé spécial avait dirigé, aux côtés de l’ambassadrice des États-Unis en Haïti, les actions diplomatiques des États-Unis et coordonnait les activités des agences fédérales des États-Unis en Haïti depuis Washington, conseillait le Secrétaire et la Secrétaire adjointe par intérim, chargée du bureau des Affaires des Amériques, et coordonnait étroitement avec le personnel du Conseil de sécurité nationale, les initiatives de l’administration visant à soutenir le peuple haïtien et les institutions démocratiques d’Haïti, à la suite de l’assassinat tragique de Jovenel Moïse.

Emmanuel Saintus

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