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Les États-Unis sont sur la corde raide

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Contrairement à ce que relayaient les médias mainstream, à savoir que l’émissaire américain, David Hale, est attendu en Haïti, dans le cadre d’une mission officielle avec, en feuille de route, la nécessité d’un dialogue national inclusif ainsi que la mise en place d’un gouvernement fonctionnel, avec pour principale mission de rétablir l’autorité de l’État, de maintenir l’état de droit, de créer la croissance économique, entre autres, contre toutes attentes, le numéro 3 du Département d’État américain n’a été en Haïti que pour recueillir des informations sur la crise actuelle qui fait rage. «Je ne suis pas venu ici ni pour former un Gouvernement ni pour apporter mon soutien au Président Jovenel Moïse», a dit David Hale, ajoutant que «le pays va mal». «J’ai dit au président Jovenel Moïse que le pays va mal et qu’Haïti n’est pas dirigée», a confié David Hale à des interlocuteurs. En effet, le sous-secrétaire d’État américain, David Hale, est arrivé dans la capitale haïtienne, le vendredi 6 décembre 2019, dans le cadre d’une mission officielle, visant à encourager les acteurs politiques haïtiens à trouver une solution à la crise qui secoue la République. Dans le cadre de cette mission, le numéro 3 du Département d’État américain a rencontré le Président Jovenel Moïse, au Palais National. Cette rencontre s’est déroulée en présence du ministre démissionnaire, illégal et de facto des Affaires étrangères, Bocchit Edmond, de l’ambassadeur américain accrédité en Haïti, Michele Jeanne Sison, entre autres. «Les initiatives pour trouver une solution concertée à la crise se multiplient. Aujourd’hui, je me suis entretenu avec le Sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques, David Hale, à qui je réaffirme ma volonté de dialoguer avec tous les secteurs pour que la paix revienne en Haïti», a fait savoir Jovenel Moïse, dans un tweet. Dans l’après-midi, l’émissaire américain s’est entretenu avec des membres de l’opposition politique, des représentants des organisations de la société civile et du secteur privé des affaires. Après sa rencontre au Palais, David Hale s’est entretenu, plus tard dans la journée, avec les leaders politiques Pacha Vorbe (Fanmi Lavalas), Éric Jean-Baptiste (RDNP), Liné Balthazar (PHTK), Rosemond Pradel (Fusion-Mache Kontre), Youri Latortue (Alternative consensuelle), Bernard Craan (Passerelle) et le sénateur Joseph Lambert qui ont réaffirmé à l’unisson que la solution de la crise passait par la démission sans condition du Chef de l’État…«Tous les participants à la rencontre, même le représentant du parti PHTK, Liné Balthazar, ont reconnu que le président Jovenel Moïse doit partir», a dit Youri Latortue qui a été mandaté par l’Alternative Consensuelle pour soumettre un document dans lequel les membres de cette structure de l’opposition politique réaffirment leur position de ne pas dialoguer avec le président Jovenel Moïse. L’Alternative Consensuelle pour la Refondation de l’État, une structure de l’opposition qui s’est engagée dans la lutte pour obtenir le départ du Chef de l’État, avait même écrit à l’Ambassade Américaine en Haïti pour lui demander de communiquer l’agenda de M. Hale, avant d’accepter de prendre part à toute éventuelle rencontre. «Notre position est claire, nous ne participerons à aucun dialogue avec Jovenel Moïse», a déclaré le Sénateur de l’Artibonite, Youri Latortue, qui demande au Président américain de «cesser de supporter l’insupportable». À en croire le sénateur Youri Latortue, l’un des personnages invités à aller vendredi à la rencontre avec David Hale, à l’ambassade des États-Unis, l’envoyé spécial du Département d’État «ne savait pas tout de la crise d’Haïti» et c’est ce qui lui aurait porté à révéler à la face de ses interlocuteurs, une partie des discussions qu’il a eues avec le président Jovenel Moïse, à huis-clos. Il s’agit de la 2e visite en Haïti de Hale et de la 5e mission américaine autour de la crise, depuis le début de l’année:

  • le 20 novembre, l’Ambassadrice des États-Unis auprès de Nations Unies, Mme Kelly Dawn Knight Craft;
  • le 24 juin, Julie Chung, Sous-secrétaire adjointe du Bureau des affaires de l’hémisphère occidental du Département d’État;
  • le 19 juin, la mission dirigée par l’ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’Organisation des États américains (OEA), Carlos Trujillo;
  • le 1er mars, la 1e mission de David Hale, sous-secrétaire à l’État des Affaires politiques des États-Unis.

Par ailleurs, des milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Port-au-Prince pour réclamer que les États-Unis lâchent Jovenel Moïse et cessent leur ingérence dans les affaires d’Haïti. À l’appel de l’opposition, le vendredi 6 décembre, des milliers de personnes très motivées, brandissant des pancartes et criant des slogans hostiles contre le Gouvernement et, notamment, contre les États-Unis, ont manifesté dans la zone métropolitaine, à l’appel de l’opposition, contre l’ingérence de la Communauté internationale dans les affaires internes d’Haïti et contre le soutien des États-Unis au Gouvernement Moïse, alors que le Sous-secrétaire d’État américain aux affaires politiques, David Hale, et la Sous-secrétaire d’État adjointe, Cynthia Kierscht, étaient venus à Port-au-Prince pour avoir une idée de la crise qui sévit en Haïti. À cette occasion, la police a fait un usage abusif de gaz lacrymogènes pour réprimer les manifestants qui voulaient atteindre l’Ambassade des États-Unis. Seulement quelques leaders de l’opposition avaient été autorisés à traverser le cordon de sécurité pour remettre un message. De plus, le jeudi 5 décembre 2019, plusieurs centaines de milliers de partisans, de sympathisants et de membres de l’opposition ont foulé le macadam aux Gonaïves, dans le département de l’Artibonite, pour exiger la démission du président Jovenel Moïse qu’ils accusent, entre autres, d’instrumentaliser la justice. Les protestataires venaient des quatre coins de la Cité de l’Indépendance et de quelques villes avoisinantes pour demander au président Moïse de démissionner, arguant que son maintien au Palais national conduira le pays à sa perte. Ils ont accusé aussi Jovenel Moïse de mentir, juste pour se maintenir au Palais national. «C’est un chef d’État qui dirige l’Exécutif, dans le seul sens de ses intérêts personnels et il ne sait pas tenir ses promesses», ont dit les manifestants qui ont aussi exigé de meilleures conditions de vie. Environ trois dizaines de partisans du pouvoir Tèt Kale ont investi les rues de la Cité de l’indépendance (Gonaïves) pour manifester leur attachement au Président Jovenel Moïse. En dépit des centaines de millions de gourdes investies, cette marche pro-pouvoir dégarnie n’avait pas fait recette. Par contre, elle avait été sécurisée par plusieurs policiers.

Emmanuel Saintus

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