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De Justin Trudeau à Ariel Henry et aux Oligarques

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Des indiscrétions ont transformé en buzz, un exercice routinier de la politique canadienne. Tenir des
dialogues politiques avec ses mandants est une activité à laquelle tous les élus se soumettent
généralement dans ce pays. Le rôle du Canada dans la gestion de l’imbroglio en Haïti a porté beaucoup
de personnes à visionner ce vidéoclip qui serait passé imperceptiblement à d’autres moments.
Évidemment, sur les réseaux sociaux, les pro et les anti-interventions ne se sont pas fait prier pour
exprimer leurs sentiments. Certains médias de la presse traditionnelle en ont fait un sujet d’actualité. Et
il n’y a pas eu beaucoup de gens à se bousculer aux portillons pour oser des commentaires dans les
médias traditionnels. Cependant, dans le confort de l’anonymat des réseaux sociaux, les débats et les
commentaires ont été nombreux. Ils mettaient côte-à-côte les pro et les antis qui ont de bonnes et de
mauvaises raisons pour justifier leurs positions. C’est la démocratie. On peut être pour ou contre, sans
avoir d’explications à donner à quiconque.
Justin Trudeau était dans sa circonscription électorale de Papineau qui regroupe une
communauté haïtienne non négligeable, puisque l’unique fois que le parti libéral a perdu ce siège,
c’était une québécoise d’origine haïtienne (Vivian Barbot) qui avait fait chuter son parti, au profit du
Bloc Québécois. En fait, il tenait un discours électoral, dans la pure tradition canadienne, compris entre
la langue de bois et la néo-bienséance. C’était la reprise d’un élément de langage du Core Group, avec
des lieux communs concernant les élites du pays mais, cette fois-ci, dépouillés des épithètes de voyous
ou de répugnants. C’est la stratégie du «marquer le pas» où personne ne saurait vous dire que vous
restez immobile. Justin Trudeau a continué dans les pas de René Lévesque qui personnifie la franchise,
dans l’imaginaire québécois, et dont la règle était: «Non, pas tout dire. On ne peut jamais tout dire ce
que l’on pense, parce qu’on s’entretuerait. Mais, au moins, ne jamais dire le contraire de ce que l’on
pense».
Un élément de langage n’est pas forcément stérile. Entre les lignes, au-delà de tout ce qu’on
savait déjà, la population en subit les effets tous les jours, d’ailleurs. Justin Trudeau a fait un clin d’œil
aux pays qui mettent le Canada en avant, en leur disant: entrez dans la danse. Montrez-vous un peu
plus. Il a, nommément, cité les membres du Core Group et fait allusion aux voisins qui nous entourent
et qui bénéficient abondamment de la politique rétrograde qui s’applique en Haïti. Ce n’était pas
nécessaire de citer la République Dominicaine, avec sa politique de savonner le plancher, et d’autres
îles qui bénéficient de la main-d’œuvre à bon marché des Haïtiens qui fuient le pandémonium qu’est
devenu le pays.
Prévoyant sûrement que son message parviendrait à des bons entendeurs. Il a ajouté un nouvel
élément qui est à la fois partenaire et complice. Comme avec les élites on ne peut pas être brutal,
d’ailleurs, le slogan est: «Ou wè laprès? Ou pa konnen ki lè w ap bezwen li». Chapeau! aux
communicants qui lui ont préparé ces fiches. Dire que les 10 familles qui financent les gangs, qui
capturent l’économie et la situation sécuritaire du pays, contrôlent aussi le Débat politique, était une
excellente trouvaille. Désormais, c’est politiquement correct de parler du contrôle du débat politique,
au lieu de dire, comme Omar Garat, responsable du MRN, que «tous les voyous du pays ont une station
de radio/tv, une école et un parti politique».
Guy Craan MD, MSc.
[email protected]

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