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Haïti : à quand la fin de l’impunité, et à qui la rétribution?

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Le peuple haïtien crie d’une voix forte, en disant: Jusques à quand, Maître saint et véritable,
tardes-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang?
Je me suis permis de modifier, un peu, le verset 10 du chapitre du Livre de l’Apocalypse.
J’ai pris soin de commencer par une référence biblique pour anticiper tout argument qui
expliquerait la lenteur ou le refus de nos compatriotes et, spécialement, ceux dans les rangs de la
Police, de passer à l’action contre les assassins qui endeuillent l’institution policière et la
population civile. Ne lit-on pas dans le Livre sacré: «celui qui frappera un homme mortellement
sera puni de mort» ? Le prophète Moïse, face au refus des Pharaons, de libérer le peuple d’Israël
en captivité, il annonça les calamités qui allaient tomber sur les Égyptiens, pour les forcer à se
ressaisir. Seraient-ce des propos d’illuminé ? Permettez-moi de vous rappeler des paroles du
fondateur de la nation haïtienne, l’Empereur Jacques 1 er . «Oui, nous avons rendu à ces vrais
cannibales: guerre pour guerre, crimes pour crimes, outrages pour outrages.»
Évidemment, il parlait des colons français. Aujourd’hui, on peut comprendre que les
cannibales sont les kidnappeurs, les bandits, les assassins, les traîtres à la patrie. Selon notre
Empereur, l’Haïtien se définit comme un bon père et un bon policier (ou soldat). Alors, comment
comprendre qu’un père pourrait se cacher sous un lit, larmes aux yeux, dans la maison ou sa
femme et ses filles se font agresser? Peut-on expliquer l’angoisse des centaines de policiers en
colère, qui écoutent sur leurs radios, les derniers S.O.S lancés par leurs frères d’armes en danger,
qui se battent vaillamment contre des dizaines ? La police est-elle incapable de «servir et
protéger», sans les super blindés canadiens ? Je n’ai nullement l’intention de juger quiconque ni
d’inciter personne à la violence. Au contraire, mon objectif est surtout de vous rappeler que notre
silence attire les violents et invite les criminels à nous sauter dessus. Ai-je peur de ces bandits qui
possèdent des armes puissantes, de longue portée ? Est-ce que je fuirais à la simple vue de leurs
armes terrifiantes et meurtrières ? Soyez rassuré, les esclaves africains, nos ancêtres, avaient les
mêmes questions, du temps de la colonie de Saint-Domingue. Ils avaient peur des chiens dits
mangeurs de nègres (dogo cubano), des fusils anglais, des chevaux espagnols, des canons
français. Nos braves guerriers et héros de l’indépendance n’avaient pas des navires de guerre.
Certes, les punitions et les exécutions des colons donnaient la trouille à nos grands grands-
parents. Pendant plus de cent ans, les deux options étaient: se résigner ou prendre la fuite, en
devenant un « marron 1 ». Qui sait ? Peut-être, je suis un marron moderne et vous, un esclave
résigné. Comme marron, je n’ai pas le courage ni l’intérêt pour retourner sur l’habitation, au pays,
pour venger mes parents, mes sœurs ou mes frères. Et si je me fais tuer ou kidnapper ? Et, peut-
être, vous préférez rester naïvement pensant qu’un jour les choses vont changer ou que vos
bourreaux auront pitié de vous.
Nos maisons sont encerclées, nos quartiers attaqués, par des bandits de toutes sortes.
Bref, notre nation est assiégée. La question pertinente du Père de la Patrie, durant le siège de la
Crête-à-Pierrot nous fait trembler de peur. «Que ceux qui veulent redevenir esclaves des néo-
colons, sortent du pays! Que ceux qui veulent vivre et mourir en hommes libres, s’arrangent
autour de moi». Aujourd’hui, la réponse serait « notre passeport ou la mort » ? Nous ne pourrons
jamais tous partir et revenir. D’ailleurs, nous sommes mal-aimés partout et par tous, dans le
monde. Parfois, nous sommes capturés dans nos villes, maltraités dans nos maisons et convertis
en réfugiés dans notre propre pays. Qu’avons-nous fait pour fâcher les dieux ?

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Aujourd’hui, Haïti a besoin de ces braves filles et fils. Répétons ensemble ces
déclarations de notre Empereur Jacques 1 er : «nous avons levé nos bras, trop longtemps retenus,
sur leurs têtes coupables. À ce signal qu’un Dieu juste a provoqué, nos mains, saintement
armées, ont porté la hache sur l’arbre antique du banditisme et des préjugés. En vain, le temps, et
surtout la politique infernale, l’avaient environné d’un triple airain ; nous avons dépouillé son
armure, nous l’avons placée sur notre cœur, pour devenir (comme nos ennemis naturels), cruels,
impitoyables. Tel un torrent débordé qui gronde, arrache, entraîne, notre fougue vengeresse a
tout emporté dans son cours impétueux.»
Nous avons mis de côté les leçons et les enseignements de nos ancêtres, pour pourrir dans
les prisons, en détention préventive prolongée, comme l’ancien président sud-africain, Nelson
Mandela. Nous continuons à marcher pacifiquement dans les rues et à crier sous les matraques
des agents de répression, comme le révérend, Docteur Martin Luther King. Nos militants
politiques, à cause de leur zèle démocrate, sont trahis puis lâchement assassinés, comme l’ancien
président congolais, Patrice Lumumba. Avons-nous déjà oublié que le sang dessalinien coule
dans nos veines, que notre cœur bat au rythme des tambours du Bois-Caïman, que l’esprit de
Mackandal habite en nous? Pourquoi ne nous laissons-nous pas inspirer par le courage et l’amour
de la Patrie de notre héros, Charlemagne Péralte ?
Il est temps de rassembler tous les fils et toutes les filles de cette nation souffrante.
Ensemble, les Haïtiens de la diaspora et leurs compatriotes au pays doivent joindre leurs forces et
leur intelligence pour combattre et vaincre les forces des ténèbres qui menacent l’avenir de nos
enfants et de notre nation. Nous devons sauver Haïti par nous-mêmes et pour nous-mêmes.
Prêtons donc, entre nos mains, le serment de vivre libres et indépendants, et de préférer la mort à
tout ce qui tendrait à nous remettre sous le joug des bandits et des kidnappeurs. Jurons enfin, de
poursuivre à jamais les traîtres et les ennemis du pays. Il faudra demander conseil aux sages sur
le devenir de chaque mimi (ex. voleur, bandit) capturé ?
Trop d’injustice ! Les vivants ne comptent plus. Trop de crimes ! Les morts, on ne les
compte plus.
Consolons-nous avec les paroles solennelles de notre Empereur, Jacques 1 er . Et vous,
hommes, précieux policiers et soldats intrépides, sachez que vous n’avez rien fait, si vous ne
donnez aux bandits un exemple terrible, mais juste, de la vengeance que doit exercer un peuple
fier d’avoir recouvré sa liberté et jaloux de la maintenir; effrayons tous ceux qui oseraient tenter
de nous assassiner encore: commençons par les gangs criminels… Qu’ils frémissent en abordant
nos quartiers… Et sachez, que vous importe le jugement de la postérité sur cette mesure que
commande la politique, pourvu que vous sauviez notre pays ? Allez, courrez dans nos champs,
nos villes et nos contrées, dites aux braves et aux honnêtes citoyens, que c’est l’heure de mettre
fin à l’impunité. Le peuple haïtien doit sortir de la saison des tribulations pour passer à la grande
rétribution !
31 janvier 2023
Journal Haïti Progrès
[email protected]

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