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Intervention: Haïti a besoin d’une nouvelle leçon

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Sheila Cherfilus McCormick vient d’annoncer l’envoi d’une force d’intervention en Haïti, dès janvier 2023. Dans une entrevue au service créole de la Voix de l’Amérique, la congressiste démocrate de Floride, d’origine haïtienne, Sheila Cherfilus McCormick, membre de la Commission des Affaires étrangères, a déclaré qu’il était nécessaire d’envoyer au plus vite une force d’intervention, afin d’aider à démanteler les gangs armés et de stabiliser Haïti.

Elle a précisé qu’il ne s’agirait pas d’une force militaire, mais d’une force d’intervention rapide pour aider la Police Nationale d’Haïti (PNH) à combattre et à désarmer les gangs, et que cette force ne resterait pas longtemps en Haïti.

Elle a déclaré que cette force rentrerait en Haïti vers le 10 janvier 2023, après des rencontres que Sheila Cherfilus McCormick a eues avec des officiels des Nations Unies. Le Congrès a fait une recommandation pour que les États-Unis rentrent en Haïti, pour aider les Nations Unies. «Cela a été une décision très difficile, mais c’est pour protéger les gens.»

«Haïti vit une situation sans précédent. 60 % des personnes faisant partie des gangs sont de jeunes enfants», déplore la députée américaine, invitant à protéger les jeunes. Sheila Cherfilus McCormick a souligné: «nous ne pouvons pas apporter de la nourriture, des soins etc., si les gangs sont là.» Elle a invité les jeunes à quitter les gangs, prévenant que, lors de l’intervention, il y aura des échanges de tirs et des gens vont mourir. De plus, elle a lancé un appel aux policiers, aux formateurs de police haïtiens de la diaspora, qui parlent créole, pour faire partie de cette force d’intervention. Aussi, elle souhaite que des docteurs et infirmières haïtiens entrent également en Haïti pour aider, estimant: « […] si nous prenons tous ces Haïtiens, et de tous les autres pays, nous pouvons aider le pays avec la mission de protéger le pays.» Enfin, Sheila Cherfilus McCormick a affirmé que les États-Unis allaient sanctionner toutes les personnes déjà ciblées par le Gouvernement canadien, pour leur soutien aux gangs armés.

De plus, sept (7) sénateurs démocrates: Robert Menendez, Cory Booker, Tim Kaine, Raphael Warnock, Richard Durbin, Benjamin Cardin et Chuck Schumer, dans une lettre adressée au Président Joe Biden, lui demandent d’accélérer les mesures visant à atténuer la crise en Haïti, par la nomination d’un Ambassadeur ou, à défaut, d’un représentant diplomatique de haut niveau dans ce pays. Dans cette correspondance signée par les sept sénateurs et adressée au président Biden, il a été souligné le fait que l’ambassade des États-Unis en Haïti est sans ambassadeur depuis plus d’un an, insistant sur la nécessité de pourvoir ce poste vacant, dès que possible, afin de mobiliser une réponse internationale pour aider le peuple haïtien. Les sénateurs ont également affirmé que la violence en Haïti est « hors de contrôle », représentant cette situation comme une «menace directe et croissante pour les intérêts nationaux» de la nation nord-américaine. «La violence en Haïti est devenue incontrôlable, avec des informations faisant état d’abus graves et généralisés contre les civils. Les gangs contrôlent plus de la moitié de la capitale, Port-au-Prince. Ils exécutent, démembrent et brûlent des civils, y compris des femmes et des enfants âgés d’à peine un an», peut-on lire dans une partie du document. Ils ont également indiqué que la prévalence des bandes criminelles a provoqué l’effondrement des institutions haïtiennes.

Les parlementaires américains ont également déploré la crise alimentaire qui affecte cette population, affirmant qu’un Haïtien sur deux souffre d’insécurité alimentaire aiguë, que la hausse des prix des denrées alimentaires limite la capacité des Haïtiens à acheter, vendre ou produire de la nourriture.

En effet, sollicitée par le gouvernement de facto en Haïti, la question de l’intervention militaire étrangère est à nouveau agitée, ces dernières semaines. Le sous-secrétaire adjoint américain à la Défense, Daniel Erikson, s’est entretenu, le 12 décembre 2022, à Port-au-Prince, avec le premier ministre de facto, Ariel Henry. Il ne faut pas nécessairement débarquer des milliers de soldats pour rétablir l’ordre en Haïti, estime Robert Rae, ambassadeur canadien aux Nations unies, de retour d’une mission d’observation de quelques jours en Haïti. «Il y aura peut-être de la place où la police et les forces armées de l’étranger peuvent aider, mais ça ne sera pas en remplaçant la Police Nationale Haïtienne (PNH); nous devons l’appuyer», a dit Robert Rae, lors d’une émission de la radio canadienne ICI Première.

De son côté, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a prôné un changement d’approche, concernant une éventuelle intervention de la Communauté Internationale en Haïti, afin d’éviter de répéter les erreurs du passé.

Par ailleurs, des sanctions seront aussi prises contre toutes les personnes déjà ciblées par le gouvernement canadien, pour leur soutien aux gangs armés, annonce Sheila Cherfilus-McCormick. Aussitôt que le pays retrouve sa stabilité, il serait possible de poursuivre et d’arrêter les personnes sous sanctions, soutient-elle. Huit personnalités politiques et trois hommes d’affaires sont sous sanctions canadiennes pour financement de gangs armés dans le pays. Les États-Unis ont aussi annoncé des sanctions contre plusieurs dirigeants politiques, dont l’actuel sénateur du Plateau central, Rony Célestin, et l’ancien sénateur du Sud, Hervé Fourcand, pour activités criminelles dont le trafic de drogue.

Emmanuel Saintus

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