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Trois (3) racketteurs économiques, sous sanction

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De petites interdictions en petites interdictions. Il n’est certes pas encore interdit de rêver, mais à ce niveau là, cela atteint des sommets d’allégeance aux forces du chaos ! On peut s’attendre à tout… Après l’interdiction de certains hommes politiques, c’est le tour de trois puissants hommes d’affaires du secteur économique en Haïti. Le Canada décide de sanctionner trois puissants hommes d’affaires: il s’agit de Gilbert Bigio, Reynold Deeb et Sherif Abdallah, pour avoir protégé et facilité des activités illégales de gangs criminels armés.

La ministre des Affaires Étrangères du Canada, Mélanie Joly, a révélé, le lundi 5 décembre, que son pays impose des sanctions supplémentaires à trois membres «très en vue de l’élite économique en Haïti: Gilbert Bigio, Reynold Deeb et Sherif Abdallah, et leur imposent une interdiction de transactions, ce qui aura pour effet de geler tout avoir qu’ils peuvent détenir au Canada.» Le Canada dit «avoir des raisons de croire que ces personnes utilisent leur statut de membres très en vue de l’élite économique en Haïti, pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés, notamment par le blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption.» Ces gangs et leurs partisans, poursuit le communiqué du ministère des Affaires Étrangères du Canada, continuent de terroriser les populations vulnérables en Haïti, en toute impunité, et ils précipitent une crise humanitaire dans le pays, qui comprend la résurgence du choléra. Ils commettent également des actes de violence inqualifiables, notamment des violences sexuelles généralisées, à l’encontre des populations touchées, empêchent la prestation de services essentiels et l’acheminement d’aide humanitaire. «Les sanctions imposées par le Canada visent à faire pression sur les personnes responsables de la violence et de l’instabilité actuelles en Haïti. Ces personnes doivent cesser de fournir des fonds et des armes aux bandes criminelles en Haïti», selon la ministre Joly.

Suite à ces nouvelles sanctions, la ministre Joly a déclaré: «le Canada joue un rôle de premier plan en sanctionnant des membres de l’élite, afin de les empêcher de soutenir les gangs qui commettent des actes de violence contre le peuple haïtien. Le Canada demande à la communauté de suivre son exemple et d’imposer des sanctions aux gangs et à leurs partisans, pour aider le peuple haïtien à sortir de cette crise et à rétablir la paix et la sécurité dans son pays.»

Jusqu’à présent, le Canada a déjà adopté des sanctions contre Joseph Lambert, Youri Latortue, Jimmy Chérizier, Gary Bodeau, Rony Célestin, Hervé Fourcand, Michel Martelly, Jean Henry Céant, Laurent Lamothe, Gilbert Bigio, Reynold Deeb et Sherif Abdallah. Par ailleurs, le gouvernement canadien encourage toutes les parties prenantes à soutenir de réels progrès vers un accord politique qui mènera à un dialogue inclusif et constructif et à la fin de la crise actuelle. C’est la seule façon d’aider à créer l’environnement nécessaire pour un retour à la stabilité, à l’ordre public et à la démocratie en Haïti.

À côté du Canada, les États-Unis semblent peu sanctionner des personnes résidant légalement aux États-Unis, ou de citoyenneté américaine. Toutefois, il faut rappeler que si le Canada peut sanctionner des personnes ou entités sur la base de renseignements, les sanctions contre des personnes résidant légalement aux États-Unis doivent être fondées sur une affaire déposée par les forces de l’ordre, ce qui donne droit aux personnes indexées de poursuivre le Gouvernement en réponse aux sanctions. Et cela ouvre la voie à des litiges supplémentaires, souvent longs et coûteux pour les autorités américaines… Mais face à ces sanctions menées depuis l’étranger, la justice et la classe politique haïtiennes restent silencieuses.

Le saviez-vous?

Gilbert Bigio, est considéré, sans conteste, comme le plus puissant et le plus riche homme d’affaires d’Haïti. C’est un citoyen américain d’origine, ayant des liens étroits avec le lobby israélien du Congrès américain. L’empire du Groupe Bigio (GB) est très vaste et diversifié. Juste comme aperçu résumé (non exhaustif), mentionnons que, dans le domaine de l’énergie, l’homme d’affaires aurait des opérations dans cinq pays des Caraïbes et son Groupe possèderait 400 stations-service (Shell, Chevron et Texaco). Les stations-service Total, Shell, Nativa, Sunix, Sigma, Ecopetroleo, Petronan et Nex font partie des investissements mixtes avec d’autres hommes d’affaires haïtiens. Le Groupe détient également 8 aéroports et 5 terminaux d’importation de carburant, dont Aviation Business à Punta Cana, Santiago et Samaná en République Dominicaine. C’est aussi le deuxième plus grand groupe de construction en Haïti. Il exploite la société de financement et de courtage d’investissements GB Capital et l’industrie des produits de construction Southern Steel. D’autres investissements sont syndiqués dans Caribbean Media and Challenges, dans le port Lafito et ZFIE, dans Agro Products and Services, en Floride, siège principal des opérations du Groupe Bigio. Il aurait d’autres opérations commerciales avec les Bonetti et les Mevs, pour des opérations dans le port de Port-au-Prince.

Implanté en Haïti depuis 1896, le GB Group est un des groupes privés industriels les plus importants dans les Caraïbes, avec des opérations concentrées en Haïti et des bureaux à Miami, à Saint-Domingue et à Port-au-Prince. Avec plus de 2 000 salariés, le groupe GB comprend de nombreuses sociétés (Aciérie d’Haïti (ADH), les Huileries Haïtiennes (HUHSA), Sodigaz, Gentel, Metalec, Prometal, etc., des divisions et des sociétés affiliées et des co-entreprises qui opèrent dans les neuf (9) industries suivantes : agriculture (bientôt), matériaux de construction, biens de consommation, énergie/distribution de carburant, services environnementaux, infrastructure, télécommunications, commerce, transports.

Emmanuel Saintus

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