Au cours de la semaine dernière pas moins de 20 prisonniers sont décédés au Pénitencier National, selon Marie Yolène Gilles, la directrice exécutive de la Fondation Je Klere (FJKL). Les conditions difficiles, dans lesquelles vivent les détenus dans plusieurs centres carcéraux du pays, seraient à la base de cette hécatombe. Elle lance un SOS pour demander aux autorités étatiques de venir en aide aux détenus.
Les prisonniers sont en piteux état dans les centres carcéraux. Des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux en témoignent. On y voit des prisonniers semblables à des squelettes humains, évolués dans des espaces insalubres. «Nous n’avons pas accès au dossier médical des prisonniers. Cependant, nous pouvons confirmer que la majorité des personnes qui sont mortes, paraissent maigres. Il y a des prisonniers qui semblent avoir des difficultés à respirer ; ils paraissent comme des personnes qui sont malnutries, tuberculeuses. Il y en a qui ont de la diarrhée, du vomissement. C’est ce que nous pouvons dire. Mais, nous ne pouvons pas déterminer les causes de la mort de ces détenus. Seule la section médicale des prisons peut dire de quelle maladie sont morts les prisonniers. De plus, quand les prisonniers sont décédés dans les prisons, cela prend du temps pour enlever leurs cadavres. En outre, il n’est pas facile de trouver un juge de paix pour dresser le constat, avant la levée du cadavre. Cette situation est inédite», a expliqué Marie Yolène Gilles qui supplie les autorités de respecter le droit des prisonniers. «Les autorités de la justice: le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, le ministère de la Justice et de la Sécurité Publique doivent prendre conscience qu’il y a plusieurs milliers de personnes qui sont sous leurs responsabilités. Ils doivent diligenter des actions, parce qu’elles sont en train de mourir et sont impuissantes par rapport à cette mort qui les guette.»
«Si rien n’est fait, des prisonniers mourront aussi dru que des gouttes de pluie», a prévu Marie Yolène Gilles, la directrice exécutive de la Fondation Je Klere (FJKL), soulignant que durant ces trois derniers jours, les chiffres officiels font état de 15 prisonniers qui sont décédés au Pénitencier National, alors que les prisonniers qui sont en contact avec l’extérieur, notamment avec la Fondation, ont fait savoir que 20 d’entre eux sont morts au cours de cette période. La militante de défense des droits humains lance un SOS pour les prisons en général et particulièrement pour le Pénitencier National et la prison civile de la Croix-des-Bouquets.
«Du 1er janvier au 3 octobre 2022, 27 personnes sont décédées au Pénitencier National. Les conditions se détériorent », s’inquiète Me Arnel Rémy, coordonnateur du collectif des avocats pour la défense des droits de l’homme. Selon lui, les prisonniers qui se retrouvent à la prison de la Croix-des-Bouquets, des Cayes, de Jérémie, entre autres, sont en difficulté.
Me Rémy souligne l’urgence de mettre en place des mécanismes pour désengorger les prisons où il y a une surpopulation carcérale durant cette période de crise. En ce sens, il plaide en faveur de l’organisation expresse d’assises criminelles, des audiences correctionnelles.
Eliacin Evens