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Haïti: devons-nous négocier avec les terroristes?

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Quand l’ambassadeur du Canada, Sébastien Carrière, a fait appel à une trêve pour le déblocage du Terminal de Varreux, en invitant les militants qui empêcheraient toute livraison de carburant à la table de négociation avec le gouvernement d’Ariel Henri, les réactions de nombreux compatriotes furent surprenantes et colériques. Comment oser nous demander de négocier avec des terroristes? N’est-ce pas de l’ingérence dans les affaires internes du pays ou, tout simplement, une façon de légitimer ce syndicat de criminels? On dirait que nous vivons encore avec les fantaisies hollywoodiennes des films américains ou les agents du FBI répétaient les mêmes refrains : «On ne négocie pas avec des terroristes». Pour notre malheur, nos frères et sœurs, endoctrinés dans des formules démocratiques puritaines, pensent que nous ne devons pas nous asseoir et négocier avec nos ennemis. Ressaisissons-nous!

Quand on a des millions de vies à protéger, nous devons avoir un dépassement de soi, reconnaître nos forces et faiblesses, pour agir dans l’intérêt du bien commun. Dans le cas bien précis de la distribution de carburant du Terminal de Varreux, nous avons des menaces inquiétantes provenant de militants lourdement armés qui se font passer pour des révolutionnaires. En fait, dans un pays ou l’on tient compte des zones et ressources stratégiques, on ne laisserait jamais une centrale de stockage sans un plan de sécurité contre toutes menaces et attaques terroristes. À cause de l’incompétence et de la médiocrité au sein des dirigeants de l’État haïtien, nous avons laissé une population très vulnérable aux gangsters criminels et terroristes assassins. Alors, que faut-il faire?

Si les menaces des militants terroristes sont réelles et que les forces de sécurité nationales ne peuvent pas garantir le passage des camions citernes et la distribution aux points de ventes du carburant, nous devons établir immédiatement les communications avec ces groupes pour comprendre et répondre à certaines de leurs revendications. Nous devons informer le pays et la presse pour se mettre en garde contre toute manipulation politique des militants qui, par la force des armes, essaient d’imposer au peuple haïtien leurs volontés. Quand on empêche des milliers de gens de circuler librement, quand on empêche les écoles, hôpitaux, les forces de police, de s’approvisionner en carburant, mettant en péril des milliers de vies, il n’y a rien de révolutionnaire dans ces actions. De fait, nous devons qualifier ces menaces comme des actes terroristes contre la nation haïtienne.

Si l’objectif final des militants et terroristes est un renversement du pouvoir actuel, ils doivent s’attaquer à ceux qui sont au pouvoir. S’ils veulent déloger les forces de sécurité au Palais National, envahir le quartier général des Forces Armées D’Haïti, investir le quartier général de la PNH ou la Primature, la base de la marine haïtienne, etc., qu’ils aillent s’affronter aux forces qui protègent le gouvernement en place. Et je crois que ces forces ne se laisseront pas faire. Mais, non. Tous ces gangs criminels, tous les terroristes préfèrent ajouter aux souffrances de la population civile qui n’a ni les moyens ni la volonté de se défendre. On n’entendra jamais de ces soi-disant révolutionnaires aucune déclaration qui porterait à croire qu’ils utiliseraient leurs armes contre les forces dominicaines qui souillent le territoire national, sans aucune répercussion. Le peuple en a assez de ces sièges criminels ou lock qui nous appauvrissent tous. Tous les militants qui empêchent le peuple de sortir de chez lui, pour aller au boulot, pour aller au marché ou au supermarché et s’approvisionner, tous ces combattants qui ne laissent pas les policiers, les médecins, les pompiers, les commerçants, etc. accomplir leurs devoirs et vaquer à leurs occupations, vous faites du mal au pays. Vous vous alignez avec les ennemis du pays. Vos actions contre la population sont le témoignage vivant du terrorisme contre toute la société. Si vous avez identifié vos ennemis et vous pensez qu’ils sont au palais national, alors pourquoi bloquer et piller les écoles? Si vos adversaires sont dans un ministère quelconque, c’est là qu’il faut aller pour mettre votre siège ou lock. Préférez-vous être les ennemis de ce peuple? Voulez-vous lutter du côté des terroristes?

Nous ne devons pas prendre pour vérité les menaces et promesses provenant des individus déclarés hors-la-loi. Non plus, nous ne pouvons pas être naïfs, en acceptant les excuses du gouvernement qui ne se montre pas à la hauteur de sa mission qui est de protéger les vies et les biens de tous les citoyens haïtiens. Selon la rumeur, les citernes à Varreux seraient à sec. Est-ce que le gouvernement peut confirmer le volume de la dernière cargaison de carburant, livrée au pays? Car, si le gouvernement, à cause de ces malversations, n’a pas les moyens pour payer les importateurs de carburant, il serait convenable d’accuser des militants comme responsables du manque de carburant. Et qu’en est-il du dépôt de stockage à Thor, dans la zone de Carrefour ? Encore une fois, nous devons exiger la transparence de ce régime de facto qui se cache derrière toutes menaces, parfois sensationnelles, pour justifier leurs incapacités à délivrer au peuple les services basiques, comme la distribution de carburant, d’eau potable, la libre circulation, pour ne citer que ceux-là.

Faut-il négocier, malgré tout? Malheureusement, oui. Nos grands donneurs de leçons, ces pays porteurs de l’évangile démocratique, ont toujours négocié avec les terroristes, quand leurs intérêts sont en jeu. Le Canada et les États-Unis ont négocié pendant des années avec les Talibans qu’ils considéraient comme des terroristes. Ils négocient encore avec leurs ennemis Russes, Iraniens, Cubains et Nord-Coréens. En Haïti, avec un État faible, des forces de sécurité compromises, nous devons, avec la tête haute, négocier. Cependant, nous n’allons pas offrir notre capitulation. Il faut trouver un moyen pour garantir un retour à la vie normale dans la capitale et les grandes villes de provinces, les plus affectées par les actes terroristes. Nous devons trouver une solution, pas seulement pour le siège (lock) de la Centrale de Varreux, mais aussi pour tous les sièges qui causent l’agonie du côté de la population. S’il faut offrir une amnistie aux grands chefs terroristes, les plus dangereux et criminels, pourvu que cela apporte la paix en Haïti, c’est un sacrifice qui en vaut la peine. Compatriotes, il faut tout faire pour sauver notre nation. Si on va négocier avec les terroristes qui agissent comme négro-colons, alors pourquoi ne pas négocier plutôt avec leurs patrons blancs, les néo-colons?

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