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Sommet de la finance et les grandes questions économiques

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À l’occasion de la deuxième journée de la 11e édition du Sommet international de la finance, Joseph Harold Pierre, économiste et politologue, est intervenu sur le thème: «Analyse de l’évolution du capital humain dans la Caraïbe : Haïti et la République Dominicaine». «Former du capital humain pour le développement : quel rôle pour les universités haïtiennes?», tel est le thème sur lequel le professeur émérite, le Dr Paul Latortue, de son côté, est intervenu, lors de ce deuxième jour de l’organisation du Sommet international de la finance 2021.

Au cours de son intervention, M. Pierre affirme que le pays n’investit pas assez dans l’humain, ce qui ne favorise pas la croissance économique du pays qui est loin derrière ses voisins de la Caraïbe, le plus proche de la République dominicaine, la Jamaïque, et Trinidad-et-Tobago. Il existe une corrélation entre l’investissement dans la santé et dans l’éducation et la croissance économique d’un pays. «En Haïti, nous enregistrons une croissance moindre, chaque jour un peu plus, parce qu’il n’y a pas d’investissement dans l’éducation et dans la santé. Et s’il y en a, il n’est pas efficient», a analysé l’économiste Joseph Harold Pierre, durant son intervention au Sommet international de la finance, ce mercredi 14 avril.

C’est primordial d’investir dans l’éducation, insiste le politologue, expert en Amérique latine, qui fait un rappel sur le choix de dépense des quatre pays de la Caraïbe retenus comme échantillon.

Pour étayer ses dires, il procède par analyse des données empiriques. L’indice du capital humain d’Haïti de 2017 à 2020 varie de 0,44 à 0,45. «Ce qui veut dire qu’au cours de cette période un Haïtien utilise, en fonction d’investissement en santé et en éducation, 45% de son potentiel, soit moins de la moitié. La République Dominicaine a utilisé 50% en 2020, la Jamaïque 54% en 2018, Trinidad-et-Tobago 60% en 2020». Sur ce point, la différence entre ces 4 pays ne parait pas énorme, mais l’impact est fondamental. «C’est cette différence qui existe entre Haïti et la République dominicaine qui fait que les Dominicains ont un PIB de huit mille dollars et les Haïtiens 800 dollars. Cette différence fait que la Jamaïque a un PIB de six mille dollars et Trinidad-et-Tobago quinze mille dollars», énumère M. Pierre, qui souligne qu’une étude menée en 2000, au Guatemala, a révélé que lorsqu’un pays augmente sa dépense en éducation de 1%, dans 20 ans, il a la possibilité de doubler le PIB per capita.

Ce Sommet international de la finance a mis surtout l’emphase sur l’entrepreneuriat dans le milieu médical. Deux entrepreneurs médicaux qui ont réussi dans leurs entreprises en Haïti ont constitué un panel pour réfléchir sur la thématique : Santé et Entrepreneuriat. Le Dr Harry Beauvais, obstétricien, endocrinologue de la reproduction et président-directeur général de CHITAI, a partagé ce panel modéré par Valéry Fils-Aimé avec Ralph Edmond, pharmacien et président-directeur général de Farmatrix.

L’entrepreneuriat médical représente un vrai défi en Haïti, affirme d’emblée le P-DG de CHITAI. «Pour parler d’entrepreneuriat médical dans un pays pauvre comme Haïti, il faut être malin, il faut pouvoir s’adapter à des situations pour corriger des choses invraisemblables et surmonter des difficultés», a déclaré le Dr Harry Beauvais qui a pourtant préféré ne pas trop se focaliser sur les problèmes. «Malgré tout, l’on peut réussir l’entrepreneuriat médical», a rassuré le Dr Beauvais, avant d’ajouter que l’entrepreneuriat médical devrait se consacrer à ce qu’un gouvernement ne peut pas offrir à la population dans un pays pauvre comme Haïti.

Le financement représente le principal obstacle du secteur santé en Haïti, a fait savoir de son côté Ralph Edmond. «Pas un financement traditionnel comme trouver du financement à la banque ou chez les bailleurs. Je regardais les comptes nationaux de santé, publiés par le MSPP en 2015-2016. Il y a eu 700 millions de dollars de dépenses. Quand on regarde comment ces 700 millions ont été dépensés, 40% sont dépensés par les ONG, donc c’est une tranche qui échappe au secteur privé. Parmi ceux qui prennent des soins dans le secteur privé, 75% est payé par le patient», a précisé le P-DG de Farmatrix. Selon les dires du pharmacien, seules 4% des dépenses de santé en Haïti sont payées par les assurances. «En Europe, c’est presque 90-95%. De même qu’aux États-Unis, quoiqu’ils aient des systèmes de financement différents», a précisé Ralph Edmond.

Le professeur Paul Latortue, lors de son intervention au Sommet international de la finance 2021, a souligné l’importance, du moins, la nécessité pour les acteurs d’investir dans le capital humain, notamment au niveau universitaire. Le Dr Latortue, qui a dépeint un système universitaire accusant un certain déficit tant en qualité qu’en quantité de ressources humaines dans un ensemble de domaines d’activités, croit que l’État et le secteur privé doivent braquer, un peu plus, leur projecteur sur l’université en Haïti, pour mettre le pays sur les rails.

Le professeur Latortue critique le faible niveau de «financement de l’État, accordant 1% de son budget à l’Université d’État d’Haïti». «Professeurs, directeurs, doyens et recteurs, n’ont presque rien pour travailler avec un nombre grandissant de jeunes voulant faire des études universitaires, et qui se voient obligés d’aller dans des universités privées avec des frais scolaires plus élevés». C’est ce qui explique, de l’avis du professeur, le pourcentage des licenciés par promotion qui reste faible, étant donné la carence de professeurs pour superviser les travaux de recherche. Pour lui, «le manque d’un financement adéquat est souvent la cause majeure de ces difficultés».

Le Dr Paul Latortue n’y va pas par quatre chemins pour expliquer aux acteurs que, pour remplir leur véritable rôle, les universités haïtiennes ont besoin d’infrastructures, de laboratoires, de bibliothèques, de professeurs à plein temps, d’administrateurs visionnaires, capables d’innover et où de se procurer du financement. Dans sa présentation, le professeur, lui, identifie cinq sources légitimes de financement probable : «L’État, qui a une grande part de responsabilité ; les dons volontaires en provenance des fondations privées haïtiennes et étrangères, à but non lucratif ; les dons et autres types de contrat en provenance des entreprises nationales et internationales évoluant au pays ; la diaspora elle-même et les institutions de développement international représentées en Haïti.»

«L’État, en n’accordant que 1% de son budget à l’Université d’État d’Haïti, démontre clairement que la formation universitaire ne constitue pas une de ses priorités. Ce qui implique que le développement réel ne se retrouve pas dans son agenda», analyse le professeur, avant d’inviter, une fois de plus, les fondations privées à reconsidérer leurs priorités et leurs budgets, pour accorder plus d’espace aux besoins insatisfaits du secteur universitaire.

Altidor Jean Hervé

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