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La gravité de la situation humanitaire

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Dans son Rapport au Secrétaire général sur la situation en Haïti – S/2021/133 du 11 février 2021, le BINUH indique, à propos des services sociaux de base et de la résilience des ménages, que la dégradation de la situation économique, les fluctuations de la gourde, la production agricole inférieure à la moyenne et l’insécurité persistante, ont sapé les progrès en matière de développement et aggravé la situation humanitaire, qui était déjà préoccupante en Haïti.

Selon l’aperçu des besoins humanitaires en Haïti pour 2021 qui doit paraître en mars 2021, 4,4 millions de personnes nécessiteront une aide humanitaire au cours de l’année. Pour répondre à ces besoins, le plan de réponse humanitaire 2021-2022, qui doit être lancé début mars, ciblera 1,5 million de personnes parmi les plus vulnérables dans 65 des 146 communes.

Un montant de 235,6 millions de dollars sera nécessaire pour financer ce plan. La plupart des besoins humanitaires en Haïti sont chroniques et dus à des déficits de développement. Il est donc de la plus haute importance de concrétiser les liens entre action humanitaire, développement et paix, pour réduire les facteurs de risque et de vulnérabilité qui sont à l’origine des besoins humanitaires.

Dans cette situation humanitaire difficile, les taux d’insécurité alimentaire et de malnutrition ont augmenté au cours de l’année écoulée. L’inflation, le faible rendement des cultures dû aux précipitations inférieures à la normale et les restrictions liées à la pandémie de COVID-19, ont réduit le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres et leur capacité d’accéder à l’alimentation, bien que les prix des produits alimentaires aient quelque peu baissé pendant les derniers mois de la période considérée, du fait de la dépréciation du dollar par rapport à la gourde haïtienne. Malgré cette baisse des prix, la dernière analyse fondée sur le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire montre qu’environ 4 millions de personnes se sont trouvées dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë entre août 2020 et février 2021.

La nutrition des enfants reste également un grand sujet d’inquiétude, 2,1 % des garçons et des filles du pays souffrant de malnutrition aiguë sévère. Face à ces tendances préoccupantes, le Programme alimentaire mondial a lancé deux grands projets d’aide d’urgence financés par le Gouvernement haïtien, avec le soutien de la Banque Interaméricaine de Développement et de la Banque mondiale, pour aider quelque 750 000 personnes vulnérables, touchées par la crise de COVID-19, au moyen de transferts en espèces et de rations alimentaires.

Les manifestations de 2019 et 2020 ont continué d’avoir des retombées sur l’éducation. Depuis le début officiel de la nouvelle année scolaire en août 2020, environ 30 % des élèves, soit plus de 750 000 filles et garçons, n’étaient pas retournés à l’école. Cela est venu accroître encore l’impact de l’année scolaire «perdue» 2019/20, pendant laquelle environ 4 millions d’enfants ont été déscolarisés, un grand nombre d’écoles ayant été fermées, en raison des troubles civils de la période « peyi lòk », des mesures liées à la COVID-19 et de l’insécurité due aux activités des bandes organisées. Le fait de ne pas aller à l’école réduit l’accès à la nourriture dont les enfants bénéficiaient, grâce aux programmes de repas scolaires. De plus, la déscolarisation aggrave les problèmes relatifs à la protection des enfants, puisqu’elle les expose davantage aux risques de violence sexuelle et de grossesse précoce.

Des risques persistaient également sur le plan de la protection des migrantes et migrants haïtiens. On estime que 1 444 migrants haïtiens ont été rapatriés en Haïti depuis d’autres pays des Caraïbes et d’Amérique latine, du 1er juin 2020 au 17 janvier 2021. En outre, 185 590 migrants haïtiens sont rentrés volontairement de la République Dominicaine, entre le début de la crise de COVID-19 en mars 2020 et le 1er novembre. Les retours ont presque triplé depuis 2019, principalement, en raison de la perte d’emplois dans les secteurs du tourisme, de l’agriculture et de la construction en République Dominicaine. La plupart des migrants traversent la frontière à l’un des 100 points de passage informels, ce qui accroît non seulement le risque qu’ils contractent et transmettent le coronavirus COVID-19, mais aussi le risque pour les femmes et les enfants d’être victimes de traite de personnes et d’autres atteintes.

Emmanuel Saintus

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