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Les présidents haïtiens: avant et après leurs mandats

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Dans un article du HuffPost journal, j’ai vu en grandes lettres que l’ancien président Obama selon une enquête du Gallup publié la dernière semaine du mois de décembre 2017, fut déclaré l’homme le plus admiré des Etats-Unis. Il m’a fallu qu’une fraction de seconde pour me demander qu’en est-il de nos grands hommes politiques en Haïti?
Pour éviter de nous perdre dans la mêlée, je tacherai de considérer seulement les présidents élus légitimement sans juger la nature démocratique de ces élections. En ce sens, si on prend la période post duvaliériste la liste est courte. Haïti n’a connu que 4 présidents : le docteur J.B Aristide, l’agronome René M. René Préval, le musicien M. Martelly et le businessman (nèg bannann lan !) M. Jovenel Moise. Comme on veut surtout parler des activités après leur mandat, on omet l’ancien M. Préval (décédé) et le président actuel J. Moise. Donc, sur le podium ils nous restent que deux grandes figures à la fois polémique et emblématique. En effet, tout revient à un parallèle entre M. Aristide vs M. Martelly ou tout simplement un Titid vs Sweet Micky.

Il était une fois….
A la surprise de tous, un prêtre beau parleur, grand charmeur de foule, vendeur de rêveurs s’était transformé comme le messie qu’attendait la grande masse en Haïti. Il ne se contentait pas de donner des sacrements à l’église de Don Bosco. Tout ce qu’il disait et faisait aux yeux du peuple semblait sacrés : des promesses de mieux être pour les défavorisés, redistribution de biens et fortunes, ferveur nationaliste et campagne anti-impérialiste, demande de restitutions et réparations, etc. Résultats : il fut deux fois élu président, deux fois renversé par des coups-d ‘état orchestrés par des acteurs internes et externes.
M. Martelly rebelle dès son jeune âge, un ancien cadet raté, un ancien immigrant déçu et apprenti businessman, décida de faire carrière dans la comédie et la musique. Il avait osé proposer une nouvelle forme de divertissement à un peuple avide de refoulement. Ses performances, ses musiques furent comme des sacrilèges, des blagues de mauvais gout, l’indécence personnifiée pour plus d’uns. Mais pour la grande foule, les jeunes surtout, ils ont trouvé leur nouveau leader. Il offrait du nouveau, du vif, du cru, bref du plaisir a beaucoup. Coup de théâtre, il occupa la plus haute fonction publique. Il fut élu président de la république.

Malgré les différences grotesques entre ces deux leaders, ils ont quand même des points communs. On se rappelle bien que ni l’ancien prêtre ni l’auto-proclamé président du compas avait aucune formation ou expérience dans la politique haïtienne. Chacun promettait un mariage au peuple. M. Aristide voulait le mariage entre les FAD’H et le peuple et Martelly tentait de concilier la bourgeoisie avec la masse populaire. Echec ou succès à vous d’en juger. Ils ont fait du pouvoir, de la présidence une affaire de familles : Fanmi Lavalas et fanmi Tèt Kale. Le meilleur exemple, c’est la passation du pouvoir à leurs compères : M. Préval et M. Jovenel. Comme il est tradition chez nos dirigeants, ils ont tous deux fait fortune pendant que leurs promesses de changements réels ne furent pas tenues. Les excuses et justifications feront toujours objet de débats parmi les partisans et détracteurs de ces deux personnages. La triste réalité, c’est que le peuple haïtien vit dans la misère la plus abjecte et inhumaine. Des exemples, on pourrait en faire une grande liste mais on s’arrête là.

Et après…
La grande question qui me hante l’esprit que sont-ils devenus nos grands champions après leur mandat?
Comment comprendre que l’homme de lettres, le docteur en langues étrangères n’a pas pu parler le langage réel du peuple en le convaincant de voter sa commère durant les dernières élections de 2016? On connait les carences dans l’éducation universitaire en Haïti. Quelle est l’apport réel du grand savant à l’UEH? Aurait-il renoncé à son peuple tout comme il avait tourné le dos à son sacerdoce? Si la constitution n’empêche à aucun ancien président de parler des problèmes sociaux et politiques du pays, beaucoup ont du mal à expliquer le silence macabre voire complice du leader lavalassien. Faudra-t-il attendre les prochaines élections pour voir l’ancien prêtre et président sortir de son villa parler au peuple et pour le peuple qu’il prétend chérir tant?

Entre-temps, l’antagonisme continue car si le silence de M. Aristide est source de malaise, les interventions éloquentes et épicées de M. Martelly sont de plus en plus inquiétantes. Les calomnies contre une journaliste hostile à son style sont accablantes. Les voyages à Miami, au Chili créent la confusion chez les pays hôtes. Quel type d’escorte lui conviendrait le plus : sécurité ou loisir ? Certes, il a bouclé 5 ans au pouvoir là où nombreux soi-disant plus éduqués et intelligents avaient échoué. Mais, comment utiliser ses expériences, cet accomplissement pour encourager les jeunes à ne pas quitter le pays dans n’importe quelle condition parfois au péril de leurs vies? Est-ce que quelques concerts gratuits, distribution de rhum aux soulards, des selfies suffisent pour faire oublier a ces jeunes s’ils ne sont pas en Haïti en train de travailler pour le bien être de leur patrie c’est à cause de la mauvaise gestion, de la corruption, vols et pillages des caisses de l’Etat ?

A quoi s’attendre ?
A un ancien président légitime, l’Etat haïtien assure à une certaine mesure leur sécurité. Ils sont considérés comme des patrimoines du pays. On leur doit des allocations ou pensions. Ils ont des droits à respecter peu importe leur appartenance et celle du pouvoir en place. Mais, qu’en est-il de leur devoir ? Il ne doivent pas s’octroyer le privilège de ne rien apporter en retour à la populace ou le luxe d’offrir n’importe quoi au grand public et à la communauté internationale déjà très critique de la nation. On espère un jour le peuple n’aura pas à choisir ses leaders sur la base de bon charmeur, enchanteur, grand diseur, calomniateur, danseur, chanteur, bluffeur, magouilleur mais sur leurs actions, les résultats et les impacts des projets exécutés.
A parler de nos anciens président, on entend trop souvent des gros mots qui perturbent les esprits agiles d’un côté et de l’autre côté des rares jolis mots qui font dormir et rêver avec le ventre creux. Bref, les discours et silence n’ont guère aidé le pays à aller vers l’avant. Au contraire, ils ont apporté plus de maux au peuple haïtien en érigeant les classes les unes contre les autres ou en augmentant davantage les disparités entre les riches et pauvres. C’est pénible de constater que la sagesse manque pour dire que « la parole est d’argent et le silence est d’or ». Car entre « parole de poison et silence de mort », le peuple restera pour longtemps zombifié.

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