L’organisation Ensemble contre la corruption (ECC) a récemment publié un rapport accablant de 10 pages, daté du 3 juillet, qui met en cause la ministre de la jeunesse, des sports et de l’action civique (MJSAC), Niola Lynn Sarah Dévalis Octavius, pour une série de pratiques frauduleuses et de malversations financières présumées.
Selon l’ECC, la ministre, nommée sous l’administration du Premier ministre de facto Garry Conille, serait au cœur d’un vaste système de trafic de visas attribués à des individus n’ayant aucun lien avec le domaine sportif. À cela s’ajouteraient des détournements de fonds publics, notamment dans les budgets destinés à l’achat de carburant et de matériels pour les activités du ministère.
Le rapport cite notamment les dépenses liées à la célébration de la fête du drapeau et de l’université, le 18 mai 2025, pour lesquelles 50 millions de gourdes avaient été alloués. Sur cette somme, 45 millions auraient été décaissés pour des festivités peu documentées et 5 millions pour l’impression de drapeaux, sans qu’un rapport détaillé de justification n’ait été rendu public.
Les révélations ne s’arrêtent pas là. En novembre 2024, soit six mois avant cette célébration, 10 millions de gourdes avaient déjà été autorisées par la ministre à l’occasion de la commémoration de la bataille de Vertières. Selon l’ECC, 5 millions de ces fonds auraient été encaissés par son proche collaborateur, Jean Vilaire Maître, responsable de la sécurité et homme de confiance de la ministre, au moyen de trois chèques émis entre le 22 novembre et le 5 décembre 2024.
Face à la gravité des faits dénoncés, c’est le silence absolu du côté des représentants du Rassemblement pour une entente nationale (REN), structure politique qui avait proposé Octavius à ce poste ministériel. Ni Régine Abraham, membre observateur du Conseil présidentiel de transition (CPT), ni Jimmy Albert, ancien ministre des sports et secrétaire exécutif du REN, ne se sont encore exprimés publiquement.
Alors que l’opinion publique s’interroge sur l’absence de réaction des instances de contrôle et de la justice, ce nouveau rapport ravive le débat sur l’impunité politique en Haïti. En attendant l’ouverture d’une éventuelle enquête judiciaire, le nom de la ministre Niola Lynn Sarah Dévalis Octavius s’ajoute à la longue liste des figures publiques éclaboussées par des scandales de corruption, dans un pays en quête de transparence et de justice.
Altidor Jean Hervé