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Élections Haïti: encore la même ritournelle de corruption et de violence
Il y a certains individus dans la société haïtienne, dès qu’on les voit faire le tour des médias, on
peut être sûr qu’ils ont reniflé quelque chose. De plus, quand on publie les résultats de sondages,
c’est comme la chanson de Claudette et Ti Pierre «kou w tande poul jouke sou kay la, konnen
Nwèl rive vre… ».
Les élections en Haïti, et dans beaucoup de pays du tiers-monde, sont comme une
musique vieillotte dont tout le monde connaît la partition mais, malgré tout, on se fait surprendre.
Il arrive que nous ne fassions pas assez attention au prélude et aux temps faibles. Dès Lors, on
n’est plus dans le rythme.
Le prélude est insidieux à souhait et peut vous paraître à contretemps. C’est ainsi que
s’ouvre le piège. La période peut aussi surprendre mais, si vous fournissez un petit effort, vous
apercevrez que, d’une élection à d’autres, du Zimbabwe au Mali, c’est pareillement. On
commence avec le dénigrement des élus. La politique! Tous des pourris et autres noms
d’oiseaux. Souvent, les agissements de ces individus renforcent cette perception. Sans vous en
rendre compte, cette étape est d’une efficacité redoutable. Les résultats espérés sont
inéluctablement réalisés. Les personnes sensibles pour leur réputation s’éloignent de cette
fosse… qu’est la politique. Les électeurs renoncent à participer à cet exercice futile. On fait
d’une pierre plusieurs coups. Les potentiels citoyennes et citoyens, qui pourraient être porteurs
de changements, sont écartés par répugnance. On gagne un temps sur celles et ceux qui hésitent,
et un plus grand nombre de personnes va grandir le camp des non-votants. Or, avec un faible
taux de participants c’est plus facile de gagner en échangeant un billet de banque contre un
bulletin de vote.
Les jours passent, il faut consolider les avances. C’est le temps des révisions
constitutionnelles. On fait un mix d’irritants et de petits cadeaux, comme si on voulait plaire à
tout le monde et à son père, sans perdre de vue que la loi, c’est pour un homme ou contre un
homme. On grossit le camp des mécontents. C’est d’ailleurs l’effet souhaité: donner l’impression
que les élections sont gagnées d’avance. Le parti au pouvoir est tout puissant, plus rien ne peut
l’arrêter.
On arrive aux temps forts, il faut un dispositif pour gérer les élections, une loi électorale
et les autres machins. Les fractures sont évidentes, l’opposition est prise au piège, le boycott est
annoncé. C’est le temps des tractations. Ce n’est plus le temps de prendre des risques. Le
vainqueur doit être connu d’avance. On doit obtenir les garanties que les monopoles et autres
passe-droits seront maintenus.
Le spectacle peut commencer. N’importe quoi, tout et son contraire. Perte de temps et
d’énergie pour une ritournelle ringarde. On se retrouve encore au point de départ, avec un
gouvernement sans légitimité qui recourt aux méthodes usuelles pour se maintenir: corruption et
violence. Pour être politiquement correcte: la carotte et le bâton.
Comment les fils de Toussaint Louverture n’arrivent-ils pas à enrayer cette machine?
Guy Craan MD MSc
[email protected]

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