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Pourquoi cet acharnement à faire croire au peuple haïtien qu’il est pauvre ?

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J’ai été une nouvelle fois renversé, en lisant, dans la parution du 30 janvier 2023 du quotidien le plus
ancien en Haïti, un article sur les richesses potentielles du sous-sol haïtien. En résumé, c’est comme si
l’auteur de cet article, un économiste haïtien très connu, voulait nous dire que, alors que, selon des
estimations superficielles, « … la valeur des réserves d’or haïtiennes avoisine les 2,8 milliards de
dollars américains », ce ne serait pas suffisamment rentable pour le pays, d’investir dans son
exploitation. Mais, par contre, il serait normal que la mafia internationale et nationale procède à
l’extraction de ces richesses, sans aucun bénéfice pour le développement économique d’Haïti. C’est
une preuve supplémentaire qu’une grande partie de nos universitaires qui se sont abreuvés à la source
des néo-colons, ne sont que des néo-commandeurs, à la solde de ces derniers, lesquels continuent à
créer les conditions politiques et sociales leur permettant de piller, en toute impunité, toutes les
richesses d’Haïti.
Non monsieur ! Haïti n’est pas pauvre, mais plutôt victime d’une conspiration internationale,
appuyée par certaines élites nationales apatrides, visant à la déposséder de toutes ses ressources. Pour
cela, elles s’assurent de la permanence d’une gouvernance chaotique du pays par les traîtres nationaux
qui se contentent des miettes qui leur sont jetées comme à des chiens. Cette gouvernance consiste à
détruire les capacités de production du pays, pour annihiler toute velléité de développement
économique et garder nos populations dans la misère morale, culturelle, intellectuelle et économique.
Parmi les stratégies utilisées pour garder ce statu quo, nous pouvons citer : l’analphabétisme récurrent,
l’acculturation, l’insécurité artificielle, la destruction de l’agriculture, la migration non contrôlée…
La stratégie de l’analphabétisme récurrent se manifeste dans le refus de mettre en place en Haïti
un système éducatif répondant aux besoins spécifiques de compétences nécessaires au développement
véritable d’Haïti. Il ressort que les nouvelles générations, qui fréquentent l’école du sous-
développement, en ressortent avec très peu de compétences leur permettant d’être performantes et
productives. Elles viennent ainsi relancer le cycle de la misère intellectuelle et, quoiqu’on fasse, la
population comportera toujours en son sein un nombre important d’analphabètes, incapables de
s’adapter aux progrès technologiques et scientifiques, pour transformer durablement leur
environnement. Ainsi, nous ne pourrons jamais développer les technologies nécessaires pour explorer
nous-mêmes nos sous-sols et notre eau territoriale, pour déterminer, de manière exacte, quels sont leurs
véritables potentiels, en matière de ressources économiquement exploitables.
Par la stratégie de l’acculturation, elles arrivent à imposer, aux citoyennes et aux citoyens
haïtiens, des façons de vivre qui les invitent à rejeter tout ce qui est haïtien. Comme corollaires,
l’Haïtien ne consomme plus les produits haïtiens (nourriture, arts, habillement…) ; il ne vit plus comme
un Haïtien (famille éclatée, communautés divisées, absence de solidarité…). Il en résulte un
individualisme excessif, marqué par le rejet des normes sociales traditionnelles, au profit de pratiques
destructrices des valeurs ancestrales. L’Homo-haïtianus est à l’agonie et risque de disparaître, si une
intervention sérieuse n’est pas tout de suite engagée. Pourtant, notre culture et notre histoire regorgent
de potentiels sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour créer de la richesse à laquelle toutes les
catégories de la population pourraient aspirer.
Avec la stratégie de la destruction de l’agriculture, les néo-colons sont arrivés à s’accaparer des
clés du ventre de l’Haïtien, déjà sous l’emprise de l’acculturation. Le mot production étant désormais
banni, l’Haïtien doit se tourner essentiellement vers l’étranger pour survivre, soit à travers les transferts
de la diaspora, soit dans ce qu’ils appellent: aide humanitaire ou, plus spécifiquement, «aide à la
sécurité alimentaire». Mais dans les deux cas, c’est majoritairement l’importation de produits
alimentaires étrangers, estimés, en 2020, à $559,14 millions (Orméus, W., 2021), qui est financée, au
détriment des produits alimentaires locaux qui sont en déclin permanent. En guise d’exemple, comme
par hasard, les bananeraies sont frappées par la maladie de Sigatoka, les cocotiers sont atteints du
champignon fumagine, des champs de petit-mil sont ravagés par des parasites et par une espèce de

peste, sans parler du café et du cacao, victimes particulièrement du déboisement intensif des mornes.
Par ailleurs, ce sont des bateaux de pêche sous pavillons étrangers qui viennent pêcher dans nos eaux
territoriales réputées d’être hautement riches en des essences de poissons fort recherchées à travers le
monde.
La quatrième stratégie appliquée, pour assurer l’hégémonie des néo-colons, est celle de
l’insécurité artificielle. Cette stratégie est aussi un corollaire de l’acculturation, dans la mesure où,
autrefois, la provenance de ta richesse était tout aussi importante, sinon plus, que ta richesse elle-même.
Aujourd’hui, des réseaux mafieux se constituent pêle-mêle, pour procéder, en toute impunité, à tout
type de trafics (stupéfiants, humains, organes, etc…). Et, pour fonctionner, ces réseaux utilisent toutes
formes de violence (kidnapping, assassinat sommaire, massacre…), souvent avec la complicité des
autorités établies. Ces réseaux mafieux ont non seulement la fonction de s’enrichir rapidement avec de
« l’argent sale », mais aussi de garder en respect ou d’éliminer toute forme de résistance au système
d’exploitation instauré, dès l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, le 17 octobre 1806.
La dernière stratégie des néo-colons, listée plus haut, est la migration non-contrôlée. Celle-ci
constitue la pièce maîtresse de la nouvelle approche d’appauvrissement d’Haïti. Elle part du principe
que ce sont les femmes et les hommes, et surtout les jeunes, qui peuvent construire le développement
de leur pays. Les néo-colons leur offrent la possibilité de fuir « l’enfer » qu’ils ont eux-mêmes fait
d’Haïti. Ils ont commencé à implémenter cette stratégie avec l’accession du PHTK au pouvoir en 2011.
En effet, avec l’aval du pouvoir en place en Haïti, c’est à cette période que des États comme le Brésil et
le Chili ont ouvert leurs portes pour accueillir les jeunes haïtiennes et haïtiens, désireux d’immigrer
sous d’autres cieux. De nombreuses familles se sont ainsi appauvries, en vendant tous leurs patrimoines
économiques, afin de permettre à un ou plusieurs de leur progéniture, d’aller tenter leur chance sous
des cieux présentés comme plus cléments. La ruée des jeunes Haïtiens vers l’Amérique latine et
maintenant vers le Mexique et les USA, à travers les forêts périlleuses, se poursuit notamment par le
biais du programme « parole humanitaire », élargie dernièrement, par l’Administration du Président
américain, Joe Biden, aux ressortissants haïtiens. Mais ce n’est pas sans ressentiments ni crainte d’un
lendemain, malgré tout incertain, pour beaucoup d’entre eux.
Au bout du compte, il est à noter la concomitance de ces différentes stratégies, dont l’objectif
final est de permettre aux néo-colons de garder le contrôle sur les décisions qui se prennent en Haïti ; et
surtout que ces décisions respectent leurs intérêts, même si, pour cela, il faut chasser (comme des bêtes
sauvages) les populations locales, pour s’accaparer de toutes les ressources du pays.
Alors, non monsieur ! Haïti n’est pas pauvre, mais plutôt victime d’une conspiration
internationale, appuyée par certaines élites nationales apatrides, visant à la déposséder de toutes ses
ressources.
Witchner Orméus
MSc Administration sociale
Conseiller principal de jeunesse et d’animation

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