Je ne suis pas fan de proverbe, je ne dirai pas non plus que: «J’aime peu les proverbes, parce que ce sont des selles à tous chevaux ; il n’en est pas un qui n’ait son contraire1 ». Qui veut noyer son chien…c’est plus connu que: qui veut la peau de Roger Rabbit, et encore moins que: qui veut la peau de Sherlock Holmes. Bien que ce dernier titre d’une comédie d’enquête absurde me parût plus approprié. Roger Rabbit, Sherlock Holmes, c’est d’un autre temps. Pourtant, enquête comédie, c’est très actuel, et il paraît que l’on s’y habitue en Haïti. Ce qui tend à devenir d’un autre temps, c’est d’attendre que la justice cherche à établir la vérité. Le Temple de Thémis est assailli par des faux-culs, des imposteurs et affairistes. Ils ont fait, de ce sanctuaire, une Écurie d’Augias. Ce n’est pas chill non plus. Là, ce serait l’excès contraire. Mais tout et son contraire, c’est ce à quoi on s’évertue à nous soumettre.
De plus en plus, celui qui est pris, la main dans le sac ou suspecté d’avoir trempé le doigt dans la sauce, cherche d’abord un communiquant au lieu d’un avocat. Tant mieux si l’avocat est plus communiquant que juriste. On pourrait croire que, la réputation étant en jeu, la communication peut aider à dissiper les malentendus. Souvent, ce sont les médias qui tiennent lieu de prétoires, compte tenu de l’état de la justice. Les médias n’étant pas le lieu naturel pour tenir un procès, on assiste de préférence à un bal des Gede, «Jije rezon» 2. En effet, les médias sont les nouveaux tribunaux de cette génération d’Haïtiens qui s’appuient sur le sensationnel, quand le rationnel exige de fléchir un peu les muscles cérébraux. La justice médiatique est à l’ordre du jour.
Ce déballage médiatique en a tout l’air, lorsqu’on entend les 2 camps, entre un jeune que la justice n’a pas blanchi, malgré tant d’années passées en prison, et un défenseur des droits humains qui n’a pas que des amis. D’une part, on peut dire pour le jeune: qui a «fou foura», pourquoi pas quelqu’un qui est devenu expert dans son domaine, et d’autre part, il y a tant de violeurs, de voleurs et d’assassins qui en veulent à Pierre Espérance, n’est-ce pas le moment de se venger du rôle de RNDDH dans la société et, par-delà, menacer les autres organisations de la société civile. Pour le jeune dont la réputation semble acquise, parmi ces habiletés, il a dit avoir fait du théâtre à un moment donné, il lui reste à établir une crédibilité qui lui a fui. Pierre Espérance, qui est une figure de proue de la société haïtienne, sortira-t-il plus fort ou diminué de ce combat ?
Ce serait une erreur de croire que c’est la personne de Pierre Espérance qui est visée dans cette offensive planifiée et dotée de ressources importantes. Du lieu où nous sommes, il n’est pas possible de suivre l’argent. On sait habituellement que c’est cette veine qui conduit aux auteurs intellectuels du crime. Dans ce cas, on voit beaucoup de personnes ressources qui se sont mises à la disposition de Shelson Sanon. Le carnet d’adresses de Shelson Sanon est peuplé de gens peu recommandables. À la prison, ce ne sont pas des honnêtes gens que l’on fréquente.
Pour accomplir cette œuvre malsaine, on commence par préparer l’opinion, en la mettant sur de fausses pistes. Le RNDDH demeure une des rares voix crédibles de la société civile. La loi du silence est une des plus puissantes armes des malfaiteurs qui ont capturé l’État haïtien. Le RNDDH est un bavard. Qui plus est, il écrit. Les paroles s’en vont, et, de nos jours, il y a des moteurs de recherche sur internet. De plus, par sérendipité, on peut arriver à vos ancêtres, à vous et à votre descendance. La responsabilité est, certes, personnelle, mais il y a beaucoup de choses qui se transmettent d’une génération à d’autres.
Dans cette offensive pour museler les organisations crédibles de la société civile, votre silence peut être compris plus comme une complicité qu’une lâcheté. Beaucoup de malheurs, que nous vivons dans cette société, résultent de notre attitude ambiguë, quand il faut assumer dans quel camp nous sommes. Les «ni pour ni contre bien au contraire» ont trop prospéré, au détriment de cette société qui ne cesse de se putrifier.
Les ficelles sont trop grosses, arrêtez de jouer à l’autruche. Généralement, ce sont les bandits et leurs alliés de la mafia politique qui cherchent à dénigrer Pierre Espérance et, ainsi, à détruire le RNDDH. Si les citoyens, qui comprennent le bien-fondé des organisations des droits de l’homme, gardent leur silence dans cette affaire, il n’y a aucun doute sur les intentions malhonnêtes des personnes et entités qui sont contre Pierre. On sait bien où vous êtes. Certes, le Bon Samaritain a protégé et sauvé la vie d’un Juif qui fut volé et battu par ses propres frères juifs. Ce protecteur des droits de l’homme ne fut pas un saint ni un ange mais son acte d’humanité fait encore parler de lui. Alors, devons-nous nous joindre naïvement aux persécuteurs et leurs alliés, pour juger de la morale et de la bonne foi de Pierre Espérance ou défendre les actes de tout Bon Samaritain haïtien qui vise à sauver des vies innocentes? Enfin, aux prudents: quand vous estimez qu’une cause est juste, n’attendez pas d’invitation.
Guy Craan MD, MSc.
- Alfred de Musset, Emmeline.
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