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L’effet domino de la pénurie de carburant

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Depuis plusieurs semaines, le pays vit un nouvel épisode de «peyi lòk», en signe de protestation contre le gouvernement d’Ariel Henry. Les routes nationales et internes, à travers tout le territoire, sont barricadées. Pour mettre en place ces barricades, on utilise un peu de tout: pierres, tessons de bouteille, carcasses de voiture, troncs d’arbres… Ce mouvement de protestation est dû à la rareté aussi de carburant qui, certainement, impacte presque tous les secteurs de la vie nationale.

  • Les hôpitaux, victimes de la rareté

Les hôpitaux haïtiens sont pratiquement dysfonctionnels, en raison de la pénurie de carburant. Après plusieurs semaines de «peyi lòk», l’essence est de plus en plus rare dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et dans les régions. Aux Gonaïves, à Jacmel et à Léogâne, des hôpitaux sont fermés parce que les responsables ne peuvent pas acheter le carburant au marché noir. Le docteur Ronald, de l’hôpital Pierre Payen de Cabaret, informe que cette structure hospitalière cessera de fonctionner, ce mardi 27 septembre 2022. L’hôpital dessert les populations, de Cabaret aux Gonaïves. Les responsables des hôpitaux cherchent sur le marché informel le carburant indispensable. Nombre d’entre eux s’évertuent à acheter le carburant en République Dominicaine. Le nombre de cas de décès résultant du dysfonctionnement des hôpitaux ne peut être comptabilisé. Des malades ainsi que des médecins n’ont pu se rendre dans des hôpitaux, en raison des barrages routiers du «peyi lòk». Les centres GHESKIO, principale institution impliquée dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA et la tuberculose, sont gravement touchés par les multiples crises qui secouent le pays depuis plus d’un mois, dont la pénurie de carburant. Dans une entrevue accordée à Le Nouvelliste, le Dr Jean William Pape présente les efforts consentis par son staff pour essayer de tenir bon, malgré les difficultés. Les centres GHESKIO réduisent considérablement leurs heures de travail, au fur et a mesure que les crises, «peyi lòk» et pénurie de carburant, prennent de l’ampleur dans le pays. «Notre personnel n’arrive pas à se déplacer normalement pour venir travailler, cela affecte le fonctionnement des différents centres», rapporte le directeur des centres GHESKIO, le Dr Jean William Pape.

Les centres GHESKIO reçoivent en moyenne 10 000 patients. Avec la pénurie de carburant, le nombre varie entre 600 et 800 patients. «Sans oublier les 3 000 patients souffrant de maladies chroniques, dont des problèmes cardiaques», s’inquiète le Dr Pape.

L’hôpital Sacré-Cœur de Milot, l’un des centres hospitaliers de référence dans le Nord, risque de fermer ses portes, car incapable de faire face à la pénurie de carburant que connaît le pays. L’institution ne sera plus en mesure d’offrir ses services à la population du Nord, si rien n’est fait pour que le diesel soit disponible. Le directeur exécutif de l’hôpital, le Dr Harold Prévil, qui a annoncé la nouvelle, révèle que les réserves de diesel sont très limitées. En conséquence, l’institution pourrait suspendre ses services, ce qui aurait des impacts sérieux sur la santé de la population de la région. «Nous ne pouvons même pas nous approvisionner sur le marché informel», déplore le médecin-responsable.

Néanmoins, l’hôpital Sacré-Cœur de Milot continue de fournir ses services comme à l’accoutumée, quoique certains membres du personnel médical ne puissent plus s’y rendre, à cause des barricades dressées sur certains axes routiers.

À Port-de-Paix, le plus grand centre hospitalier du département du Nord-Ouest a été contraint de fermer la majorité de ses services et de réduire son personnel. Seuls les services d’urgence (urgence, maternité) de l’Hôpital Immaculée Conception (HIC) sont restés fonctionnels dès le lundi 26 septembre, a déploré le Dr Gulnes Saint-Phar, directeur de l’hôpital.

Regrettant le fait d’être obligé de recourir à des mesures aussi drastiques, le spécialiste en médecine familiale a, par ailleurs, confirmé l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions ainsi que la fermeture des services de clinique externe, chirurgie, pédiatrie, sanatorium, planification familiale, VIH. Très souvent utilisée pour aider les familles de faibles moyens financiers après le décès d’un parent proche, la morgue de l’hôpital a été également frappée par cette mesure de fermeture.

  • Les jours de grèves

«Si Ariel Henry ne revient pas sur sa décision, nous allons continuer à occuper les rues. Ce que vous voyez là, ce n’est rien par rapport à ce qui va se passer demain. Toutes les rues vont être bloquées indistinctement». Tels sont les cris de ras-le-bol, proférés par des riveraines et riverains dans la commune de Carrefour (sud de la capitale), qui protestent à nouveau dans les rues pour exiger le retrait de la décision du gouvernement de facto d’augmenter les prix du carburant sur le marché national.

Le lundi 26 septembre 2022, des citoyennes et citoyens ont encore gagné les rues, en divers endroits dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, pour dénoncer aussi la misère, le chômage et l’insécurité qui endeuille les familles haïtiennes.

La situation, qui règne dans la municipalité de Carrefour, n’est pas différente de plusieurs autres quartiers de la capitale, comme Gérald-Bataille, Nazon, Delmas, Pétion-Ville et Canapé-Vert. Les rues étaient désertes en divers endroits à Port-au-Prince, où même les rares motos-taxis éprouvent beaucoup de difficultés à circuler. Plusieurs chauffeurs de motos-taxis, qui ont tenté de franchir des barricades, ont essuyé des jets de pierres et de bouteilles. Les véhicules de transport en commun (camionnettes, bus) ont été totalement absents dans les rues.

Les activités commerciales, comme les banques et les stations de distribution de produits pétroliers, étaient totalement paralysées. En raison de la non-disponibilité du carburant dans les stations-services, un gallon de gazoline se vend sur le marché parallèle jusqu’à 2 500 gourdes.

Les activités étaient restées en grande partie paralysées, jusqu’au jeudi 29 septembre 2022, dans la zone métropolitaine de la capitale, après la grève générale de trois jours (les lundi 26, mardi 27 et mercredi 28 septembre 2022) contre la hausse des prix du carburant.

Altidor Jean Hervé

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