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Haïti en mode «déchouquage»!!!

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J’avais pourtant prévenu les gens, autour de moi, qui continuent à faire la politique de l’autruche, de ne surtout pas venir pleurer dans mes oreilles, quand Haïti ressemblera à un enfer sur terre (Haïti Progrès Vol 40#17; Accord 11 Septembre: Haïti est en feu).

Haïti est en train de connaître des moments sombres, en raison d’un soulèvement général contre le pouvoir de facto, Ariel Henry et son Gouvernement. Les manifestations se multiplient et deviennent de plus en plus violentes à Port-au-Prince et dans d’autres grandes villes de province, avec des pillages, des jets de pierres, des incendies et le blocage total des activités. Dans plusieurs régions en Haïti, des milliers de manifestants ont foulé le macadam pour exprimer leur désarroi contre le pouvoir en place. Des scènes de pillages, suivies d’incendies ont été enregistrées dans plusieurs entreprises privées et publiques. Des bâtiments privés et publics ont été vandalisés et incendiés par des manifestants en colère, parmi lesquels ceux des institutions suivantes: ONA, APN, OAVCT, DGI, PAM, DIGICEL, CAM, NATCOM, des mairies. Aux Gonaïves, des manifestants ont pillé des entrepôts de l’ONG Care, après ceux de Caritas et du PAM (Programme Alimentaire Mondial). Des pilleurs sont entrés en activité, depuis le jeudi 15 septembre, dans le cadre du mouvement de protestation contre la hausse des prix de l’essence. À Delmas, à Pétion-Ville, en plaine du Cul-de-Sac, à Port-au-Prince et aux Gonaïves, plusieurs maisons de commerce ont été pillés. À Pétion-Ville, des manifestants ont tenté d’incendier les locaux de Radio Model FM. À Delmas 23, le Complexe Global Divine a été pillé; à Nazon un groupe d’individus ont tenté de piller Bacha Market; aux Gonaïves, les entreprises de la famille Lama Diogène, actuel magistrat des Gonaïves, ont été pillées puis incendiées par des manifestants; à Saint-Marc, plusieurs entreprises privées et publiques ont été mises à sac dont l’Office Assurance Vieillesse (ONA), le bureau régional de Saint-Marc a été saccagé par des manifestants, le vendredi 16 septembre.

À l’intérieur de Delmas 30, 31, 32, 33 34, 40B, 47, 53, 57, 65, 48 et 75 B, les routes sont pratiquement bloquées par des individus. Même les motards ne peuvent y circuler librement, ont constaté nos reporters. À Lalue, à Poste-Marchand et dans ses zones avoisinantes, le constat est pareil. Des individus se sont réveillés très tôt pour placer des barricades faites de branches d’arbres, de détritus sur les tronçons de Lalue et de l’avenue Martin Luther King, à proximité de l’Université GOC.

La Direction Générale de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH) porte à la connaissance du public en général et des téléspectateurs en particulier que ses locaux ont été la cible d’un groupe de manifestants dans la journée du jeudi 15 septembre 2022, où «des dégâts considérables ont été enregistrés y compris l’incendie de trois véhicules dont deux appartiennent à des employés de l’institution. Au cours de cette attaque, «les vandales ont également cassé des pare-brises d’autres véhicules garés sur la cour, avant d’emporter des matériels, notamment des batteries qui servaient à alimenter le système de secours électrique de la télévision.»

Des individus non identifiés, profitant des tensions dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, ont attaqué, le jeudi 15 septembre 2022, la maison du ministre de la Planification et de la Coopération externe, Ricard Pierre, à Soisson, sur le flanc de Montagne Noire. La riposte des agents de sécurité a fait un mort parmi ceux qui voulaient prendre d’assaut la résidence du leader du SDP. Dans la même journée, il y a eu une tentative d’incendie d’un dépôt appartenant à la défunte mère de Marjory Michel, à Nazon. Accusé par le porte-parole du SDP, Marjory Michel, comme celui qui, aux côtés de l’ex-sénateur Youri Latortue, Arnel Bélizaire et Magalie Habitant, a incité des gens à incendier les résidences des tenants du SDP et d’Edmonde Beauzile, son ancien compagnon, Nenel Cassy, a réagi dans la note suivante, publiée sur sa page Facebook.

«Chers camarades, Marjory Michel, André Michel et Ricard Pierre. Aujourd’hui, je suis à l’autre bord de la rive et nous ne partageons pas la même compréhension de la situation, ce, malgré notre long parcours. C’est la politique. Je suis sûr que ce n’était pas notre vœu mais c’est la force des choses qui nous dicte cette réalité. Je voudrais vous réitérer que notre engagement pour le changement à côté de ce peuple meurtri, bafoué et abusé reste inchangé mais avec toujours le sens du respect. Le respect des valeurs démocratiques me dicte de présenter mes sympathies à Me André. Frère, tu sais le respect et l’appréciation que j’ai pour toi, et notre passé commun peut en témoigner. Je t’exhorte à la prudence ainsi qu’à mes deux anciens camarades».

À la suite de l’incendie de la résidence de l’ancienne sénatrice, Edmonde Supplice Beauzile, située à Thomassin 32, celle-ci avait, sur Twitter, accusé les ex-sénateurs Nenel Cassy et Youry Latortue. Ce dernier a qualifié de fake news les accusations de la présidente du parti FUSION, Edmonde Beauzile, selon lesquelles il est à l’origine de l’incendie de sa maison. Il a qualifié ces propos de diffamatoires et annoncé qu’il va saisir la justice pour laver son nom.

«Au nom du Gouvernement de la République, je condamne avec la dernière rigueur les actes de violence, de pillage et de vandalisme perpétrés contre les locaux d’institutions publiques et internationales, d’entreprises privées, ainsi que des résidences de leaders politiques et de paisibles citoyens. Il s’agit d’agissements barbares, révoltants, répréhensibles, contraires à la loi, à l’État de droit et aux normes démocratiques. Les pouvoirs publics concernés ont été instruits de sévir contre les auteurs intellectuels et les exécutants de ces actes, en les déférant par devant les tribunaux pour répondre de leurs forfaits.» Berto Dorcé, Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique.

De plus, le Ministère de l’Éducation Nationale (MENFP) dénonce et condamne les attaques et les pillages d’établissements scolaires et universitaires qui sont des biens publics et appelle à la protection des infrastructures, équipements et archives scolaires. De plus, le MENFP condamne l’attaque contre plusieurs entrepôts alimentaires de cantines scolaires qui affectera des dizaines de milliers d’élèves.

«N’ayant pas choisi de s’asseoir à la table des négociations politiques au moment où il le fallait, le gouvernement d’Ariel Henry répète les mêmes erreurs des gouvernements de transition des 30 dernières années. Généralement, les gouvernements de transition négocient trop tard et font trop peu de concessions qui deviennent inacceptables. Je pense que ce gouvernement est sur la même pente», a dit Liné Balthazar. Le leader du PHTK, dit avoir énuméré au moins sept ruptures de l’ordre constitutionnel avec des gouvernements d’exception du 29 novembre 1987 à nos jours. «Ce qui se passe dans le pays est le début de n’importe quoi. C’est le moment pour les dirigeants politiques et économiques de se hisser à la dimension de la crise, à travers des discours responsables, pour changer de cap. La direction que prend le pays est hors de contrôle», met en garde le président du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK). «Nous sommes dans une situation objectivement explosive, sans même de mots d’ordre politiques. C’est vrai qu’il y a un problème d’injustice, de précarité au sein du pays, et c’est ce qui génère l’instabilité. Ce que dit ou fait l’ancien sénateur Jean-Charles Moïse est qu’il est en train de poser un vrai problème mais propose de mauvaises solutions», a indiqué Liné Balthazar.

Alors que la crise politique s’étend, le pouvoir ne l’entend pas de cette oreille. Depuis plus d’une semaine, presque tous les jours, des milliers de manifestants gagnent les rues de Port-au-Prince et de plusieurs grandes villes d’Haïti pour exprimer leur grogne contre l’insécurité, la crise de l’essence, la hausse du coût de la vie et exiger la démission du chef du gouvernement, Ariel Henry.

Par ailleurs, dans une adresse à la nation, le premier ministre de facto, Ariel Henry dit être en plein travail pour créer des conditions adéquates pour la réalisation des prochaines élections, tout en critiquant ceux qui, selon lui, veulent le pouvoir sans passer par les élections.

Emmanuel Saintus

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