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Nesmy Manigat veut faire le grand ménage

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Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) a organisé, du mercredi 3 au vendredi 5 août, à Pétion-Ville, le forum national sur la transformation de l’éducation haïtienne. Ce forum a permis de faire l’état des lieux du système éducatif haïtien, en prélude au Sommet sur la transformation de l’éducation qui sera organisé par l’UNESCO, à New-York, au mois de septembre prochain.

Par ailleurs, le ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Nesmy Manigat, a annoncé un ensemble de mesures dans le cadre de la réouverture des classes en septembre prochain, soit dans moins d’un mois. Parmi ces mesures figurent celles de doter les élèves de la première et de la deuxième année fondamentale du manuel scolaire unique, en créole, et de fermer les classes de 7e, 8e, 9e année fondamentale dans les lycées.

Face à ces mesures, l’Union nationale des normaliens/nes d’Haïti (UNNOH) a écrit au ministre Manigat pour lui demander d’ajourner la mise en application de ces mesures, en vue d‘une meilleure planification.

Des acteurs venus d’horizons divers ont assisté au forum national sur la transformation de l’éducation haïtienne. Des représentants des agences onusiennes y ont pris part également. Plusieurs points ont été débattus lors de ce forum de trois jours qui avait pour objectif notamment de faire l’état des lieux de l’environnement scolaire dans le pays, d’échanger sur l’inclusion en milieu scolaire, avec un focus sur les personnes en situation de handicap, les PPVIH et identifier les acquis, les progrès à consolider et les défis.

S’agissant des défis, les cinq groupes thématiques ont dressé un ensemble de problèmes qui affaiblissent le système de l’éducation nationale.

Un participant a fait remarquer qu’on ne peut pas transformer un système éducatif contrôlé par le secteur privé à 80%, plaidant pour une plus grande offre publique dans le système.

Beauvil Émile de la Ligue nationale des enseignants haïtiens a, en premier lieu, critiqué l’absence de politique éducative nationale dans le pays, avant de poser le problème de langue qui augmente le taux d’échecs aux examens officiels.

Pour M. Tardieu, ces 95% d’échecs dans le système ont produit le niveau actuel de notre société avec les gangs armés qui règnent en maîtres. Selon lui, il faut réfléchir sur quel type d’éducation on veut avoir. Il plaide, par ailleurs, pour la formation accélérée et continue de 50 000 enseignants dans le système.

Chargé de représenter Bruno Maes, représentant de l’UNICEF en Haïti, Brice Saintil salue la tenue de ce forum. À ses yeux, la présence des acteurs traduit tout l’intérêt qu’ils portent sur la question de l’éducation, voire de l’avenir du pays. « Ce forum a été également l’occasion pour nous autres participants et participantes, de nous pencher sur différentes thématiques liées au système éducatif comme : des écoles inclusives, équitables, sûres et saines ; apprentissage et compétences pour la vie, le travail et le développement durable ; qualité et pertinence des programmes ; le développement et l’évaluation des apprentissages ainsi que la question du financement de l’éducation », soutient M. Saintil, soulignant que ces réflexions sont engagées à un tournant décisif du pays, marqué par les impacts de la Covid-19 qui a entraîné la fermeture prolongée de l’ensemble des écoles au niveau national, par la violence armée ayant affecté les écoles situées dans les quartiers sensibles de Port-au-Prince et de ses environs, et le kidnapping qui affecte toutes les couches de la société.

L’Office national de partenariat en éducation (ONAPE) joue un grand rôle dans la tenue de ce forum réalisé en présence de bailleurs de fonds, du directeur général du FNE, Jean Ronald Joseph, de la coordonnatrice du Programme national de cantine scolaire (PNCS), de membres de la société civile.

Pour sa part, le bureau exécutif de l’Union nationale des Normaliens/nes d’Haïti (UNNOH) a écrit au ministre de l’éducation de revenir sur la décision d’éliminer, cette année même, les classes de septième année fondamentale au niveau des lycées du pays, pour le plus grand bien des parents et des élèves issus des masses défavorisées. D’autre part, il sollicite la révision de la stratégie de réalisation du projet d’élaboration du manuel scolaire unique en créole et réclame la résolution, au profit des enseignants/tes et autres, avant la prochaine rentrée des classes, d’un certain nombre de problèmes qui ont déjà trop duré.

Il convient de souligner que la décision de séparer le fondamental du secondaire, renvoyant à une disposition inscrite dans la Réforme Bernard, ne représente pas en soi un problème, mais sa mise en application exige une certaine préparation. Dans cette perspective, il s’agit tout d’abord de mettre en place les écoles fondamentales complètes, appelées à accueillir ces élèves qui ne seront plus désormais reçus dans les lycées. Vous conviendrez avec nous, Monsieur le ministre, que la mise en place de ces écoles fondamentales complètes n’est pas encore véritablement concrétisée, sauf dans de rares cas, ce qui rend cette décision du MENFP présentement inopportune et pénalisante pour les parents et les élèves, en particulier ceux des classes défavorisées.

«Monsieur le ministre, la stratégie adoptée en vue de réaliser le projet d’élaboration du manuel scolaire unique en créole, projet à notre sens intéressant, soulève un ensemble d’interrogations qu’il importe de considérer et de prendre en compte inévitablement pour assurer la réalisation du projet dans l’intérêt du pays en général et des différents acteurs du monde de l’éducation en particulier. Comme vous le savez déjà, les grands enjeux auxquels renvoie la question du manuel scolaire nous obligent à la traiter avec soin et à tenir compte d’un ensemble de préalables sans lesquels nous risquons de passer à côté des objectifs visés» a écrit les responsable de l’UNNOH.

Altidor Jean Hervé

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