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Les avancées ténues dans le dossier de Jovenel Moïse

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Voilà maintenant 6 mois que le président Jovenel Moïse a été tué chez lui, dans sa chambre, par, selon les informations officielles, un groupe de mercenaires, composé majoritairement de Colombiens. Depuis le jour 1 de sa mort, l’enquête autour de ce crime a été enclenchée et pas moins de 40 personnes n’ont été arrêtées dans le pays. Toutefois, certains suspects ou complices n’ont pas encore été appréhendés jusqu’au début de cette année, quand tout semble basculer avec l’implication directe des autorités américaines qui décident de mener une enquête parallèle, afin de peut-être laver l’image des États-Unis dans cette affaire.

Au début du weekend dernier, deux faits majeurs se sont produits dans le dossier de l’assassinat du président de facto, Jovenel Moïse: l’ex-sénateur de l’Ouest, John Joël Joseph, a été arrêté en terre jamaïcaine, comme par hasard, après l’arrestation de Mario Palacios Palacios et de Rodolph Jaar. Par ailleurs, le jeudi 13 janvier dernier, une loi a été votée au Sénat américain, accordant trois mois aux autorités américaines concernées, pour faire la lumière sur ce crime. Ce rapport doit aussi examiner s’il y a eu une quelconque ingérence dans l’enquête officielle sur ce meurtre et si l’un des auteurs a pu être employé par le gouvernement américain par le passé. Bien avant cette décision du Sénat américain, Mario Palacios Palacios et Rodolph Jaar avaient déjà été appréhendés par Interpol et transféré aux États-Unis où ils ont fait des révélations fracassantes. Bien avant ces deux présumés criminel, l’homme d’affaires, Samir Handal, lui aussi impliqué dans ce crime, a été arrêté en Turquie, sans pourtant être extradé vers Haïti ou vers les États-Unis.

Au rayon des recherchés qui ont déjà été appréhendés vient s’ajouter l’ex-sénateur, John Joël Joseph, à la Jamaïque. Comme par magie, les suspects en cavale sont en train d’être appréhendés les uns après les autres par les autorités américaines. Toutefois, selon les informations, c’est Jaar, après avoir été capturé par les autorités dominicaines, qui aurait demandé d’être extradé en terre américaine, disant craindre pour sa vie s’il était incarcéré en Haïti. C’est une demande que le sénateur John Joël Joseph aurait faite, lui aussi.

Après ces arrestations, des proches du président défunt ont quasiment crié victoire, tant ils saluent ce qu’ils appellent des avancées significatives dans ce dossier. Si le gouvernement américain semble déterminé à faire la lumière sur la question, c’est sûrement pour laver son image entachée de honte dans cette affaire, puisqu’il est inconcevable qu’un acte de cette dimension soit posé dans la région, sans que la plus grande puissance de la zone, pour ne pas dire mondiale, n’ait pas été au courant. D’ailleurs, plusieurs réunions ont été tenues aux États-Unis même, et les transactions financières ont été faites en monnaie américaine. À cela s’ajoute le fait que les Américains ont l’un des services secrets le plus efficace du monde. Donc, s’ils étaient au courant, pourquoi n’ont-ils pas réagi, ou qu’est-ce qu’ils ont fait pour protéger Jovenel Moïse ? S’ils n’ont rien fait, pourquoi ? Autant de questions qui méritent d’être élucidées. Mais ce serait encore plus honteux pour les Américains d’affirmer qu’ils n’ont pas été au courant, car ce serait une gifle pour leur leadership, en tant que puissance mondiale. D’ailleurs, redorer le blason du leadership américain était l’un des éléments de campagne de Joe Biden, l’actuel président américain, jugeant qu’avec Donald Trump, le leadership américain avait pris du plomb dans l’aile. Sans une implication quelconque ou sans avoir été au courant, pourquoi les États-Unis devraient-ils s’impliquer autant dans l’enquête? Donc, osez croire que les services secrets américains étaient au courant de ce qui va se produire en Haïti est légitime. Mais, tant qu’il n’est pas justifié ce ne serait que des suspicions.

Par ailleurs, en Haïti, le dossier de l’assassinat de Jovenel Moïse n’avance presque pas. Bien que le juge Garry Orélien ait été désigné comme juge instructeur du dossier, bien qu’il ait déjà auditionné plusieurs personnes et même ordonné la libération de 4 policiers, les avancées de ce dossier sont très insignifiantes, confirmant les doutes de ceux qui croient que la lumière ne sera pas faite sur la mort de Jovenel Moïse, jusqu’à l’immortalisation de l’expression «Justice pour le président Jovenel Moïse».

D’ailleurs, on se demande s’il y a un réel intérêt pour rendre justice à la famille du président de facto en Haïti, d’autant plus que la division au sein de son équipe politique est immense. L’actuel premier ministre de facto, qu’il avait choisi avant sa mort, aurait son nom grandement impliqué dans ce dossier, bien qu’il ne cesse de clamer, à mots couverts, son innocence. Toutefois, ses agissements politiques, depuis sa prise du pouvoir, ne montrent pas non plus une quelconque volonté de rendre justice au président qui l’a nommé. Au vu de ces constats, on s’attend plus à ce que ce soient les États-Unis qui nous disent réellement ce qui s’est passé dans la nuit du 6 au 7 juillet 2022, à Pèlerin 5, dans la résidence privée de Jovenel Moïse, que la justice haïtienne. Mais le hic dans tout cela, c’est que les Américains n’ont certainement pas les mêmes intérêts que nous, dans l’élucidation de ce dossier.

Emmanuel Saintus

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