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«La Liberté à la saveur des vérités non dévoilées sur les impacts universels de la Révolution Ayitienne»

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Il est des vérités historiques qu’il faut à tout prix rétablir. Et c’est, à juste titre, le cas de celle autour de laquelle oscillent et vacillent les prouesses des esclaves de l’ancienne et de la plus riche colonie française, à partir du 3 juin 1777, par le traité d’Aranjuez ou l’Espagne a concédé à la France la partie orientale de l’île, jusqu’au 18 novembre 1803, avec la Bataille décisive de Vertières au Cap-Ayitien, anciennement connu comme Cap-Français, dans le Nord du pays, laquelle allait mettre fin définitivement au règne des Français dans sa plus riche colonie, Saint-Domingue.

Il est un passage du texte intitulé: «La mémoire d’un peuple en lutte pour sa liberté», de Thierry Turpin, que j’aime bien et qui, à ma conviction, mérite la plus grande attention et appréciation : «Le devoir de mémoire, particulièrement sollicité en ces temps de commémoration, permet d’éclairer les heures sombres de l’Histoire… Afin de tenter d’éviter aux nouvelles générations de sombrer dans les mêmes impasses ou de plier sous d’autres tyrannies.» Il est donc indispensable de procéder à l’œuvre combien colossale du devoir de mémoire en faveur des luttes des peuples pour leur liberté à eux, en particulier comme cela a été le cas pour la plupart des guerres de libération de certains pays de l’Amérique latine, de l’Afrique et d’un peu partout dans le monde, et pour la liberté en général, comme il a été le cas pour Ayiti à travers les 13 années (1791-1804) de luttes incessantes des esclaves africains de la Colonie de Saint-Domingue, au bénéfice de l’humanité tout entière. Dans cet ordre d’idées, le soulèvement général des esclaves, dans la nuit du 21 au 22 août 1791, soit sept jours après la cérémonie du Bois-Caïman, le pacte sacré entre esclaves, affranchis et mulâtres, pour briser les chaînes non seulement de l’esclavage mais aussi de toutes formes de discrimination et de ségrégation constituant les véritables piliers du triple système colonialiste, esclavagiste et raciste, inventé par les Blancs pour exploiter et dominer d’autres peuples, en particulier noir, au nom d’une pseudo suprématie raciale, pour ainsi établir sur eux leur hégémonie, a été crucial pour le destin de ce système ségrégationniste qui a tant favorisé, et ce, à tous les points de vue, les pays occidentaux. Avec la piteuse défaite de la plus puissante armée du monde de l’époque, l’armée napoléonienne, Ayiti est donc entrée dans les annales de l’histoire universelle par la grande porte. Bien qu’au fait le crédit de la terre qui a été à la base de la réinvention de la liberté, de la dignité et des droits humains nous a toujours été nié. Pour la première fois, de toute l’histoire de l’humanité, les chaînes de l’inhumanité et de l’indignité tant aux pieds quand dans les cerveaux s’étaient véritablement brisées.

En effet, la quête et la détermination des peuples à se signifier, à réclamer leur droit à l’indépendance, à l’autodétermination, à défendre leur souveraineté, à prendre en main leur destin et à se frayer une place de choix dans le concert des nations, comme une nation indépendante pouvant décider de son avenir, de sa gestion et gouvernance, tant à l’interne qu’à l’externe, elles ont un nom, une origine propre, une date et un lieu de naissance et surtout un prix. Je l’épelle avec et pour vous et c’est la L.I.B.E.R.T.É. Elle a pris naissance, du moins pour le monde moderne sur cette terre que plus d’un connaît sous le nom d’Ayiti, Terre des Dieux et de la Liberté, le 1er janvier 1804, il y a très exactement 218 années depuis. Et nos ancêtres, brutalement arrachés d’Afrique pour être réduits en esclavage pendant autour de 5 siècles, avec le support des premiers habitants dans les premiers moments, l’ont réinventée.

Cependant, dans la foulée, on peut aisément comprendre toutes les discrimination, trahison et hypocrisie dont Ayiti est victime, non seulement de la part des néo-colonisateurs et impérialistes, mais aussi de certains pays soi-disant amis, partageant avec elle le même passé historique. Le texte suivant «En finir avec l’histoire occultée : les libérateurs de l’Amérique latine étaient Antillais !» publié Dans Africultures 2006/2 (n° 67), pages 36 à 44, qui est une production de Nicolas Rey, en constitue la preuve la plus tangible. «Des Noirs marrons aux révolutionnaires antillais, la résistance des esclaves a su s’organiser et profiter des conflits entre grandes puissances, pour mieux s’affirmer. Ces combattants de la liberté ont été aux avant-postes de l’émancipation des Amériques, jusqu’à sauver la vie au Libertador Simon Bolivar…» L’auteur n’est même pas capable de désigner ces peuples antillais auxquels il fait allusion, qui au fond ne sont qu’un, parce qu’il s’agit au fait d’Ayiti. Consciemment ou inconsciemment, André Larané, dans son article « Le « Libérateur » oublié du Venezuela », a commis le même impair que toute la cohorte des auteurs et historiens qui n’ont pas le courage de donner à Ayiti, par l’entremise de l’Empereur, bien qu’il n’en ait point besoin, le mérite d’avoir propagé la fièvre de la liberté, non seulement dans toutes les colonies des Antilles, de l’Amérique du Nord, de l’Afrique et de par le monde. Des mensonges ou demi-vérités historiques qu’il a accouchés, en voici une : «Francisco de Miranda a bataillé pour l’indépendance de son pays, le Venezuela. Après avoir combattu aux côtés des insurgés nord-américains et des révolutionnaires français, il a le premier imaginé l’indépendance de l’Amérique hispanique …» Source herodote.net, le media de l’histoire. Tant Dessalines que la Révolution Ayitienne n’ont jamais été appréciés à leur juste valeur ni à leur dimension historique universelle. La question à se demander est: pourquoi ? L’article collectif, très abondant mais poignant et incisif : «Pourquoi la mémoire du Libérateur Jean-Jacques Dessalines est-elle effacée dans l’histoire de l’Amérique latine et du monde ?», – du trio Claudy Bastien, journaliste et étudiant avance en relations internationales (EPyG-UNSAM), le professeur Henry Boisrolin, anthropologue et Jackson Jean, journaliste, spécialiste en politique internationale, – se propose de faire la lumière là-dessus. Sans trop de préambule, survolons l’article, en vue de nous enquérir de ses conclusions. «Le 17 octobre nous rappelle la mort de l’Empereur Jacques 1er, Jean-Jacques Dessalines, le Libérateur des esclaves de la colonie française, Saint-Domingue et fondateur de la République d’Ayiti, le premier et seul pays à avoir réussi à faire, le 18 novembre 1803, la révolution sociale la plus complète de l’histoire du monde : une révolution antiraciste, anti-discrimination et anti-ségrégation.» En effet, pour continuer sur les traces et l’héritage du grand stratège militaire qu’il fut, Dessalines avait inspiré toutes les révolutions de la zone, postérieures à la révolution ayitienne de 1791 à 1804. Son influence s’est fait sentir au Venezuela à travers Francisco Miranda et Bolivar, lesquels avaient d’ailleurs bénéficié postérieurement de l’appui de Pétion et de Boyer en armes, munitions et argent, en 1806, à condition de briser les chaînes où qu’il y eut un peuple soumis aux horreurs de l’esclavage. Pareil pour Cuba à travers Jose Marti et José Antonio Aponte, en 1812, ainsi que la plupart des révolutionnaires et dirigeants latino-américains. Le génie militaire du général Dessalines, utilisé dans la guerre de l’indépendance d’Ayiti, de toute évidence, ne s’était pas limité aux Amériques. Il s’est étendu en Asie, particulièrement au Vietnam, où il semblerait qu’un général de l’armée vietnamienne ait raconté qu’en 1970 il s’était inspiré de nos stratégies militaires pour faire résistance et gagner la guerre contre les États-Unis. Également, ses tactiques militaires font aujourd’hui, l’objet d’études dans de nombreux espaces académiques tant en Amérique du Nord, en Europe qu’en Asie. Bien que la tendance générale soit de faire disparaître la mémoire des prouesses de nos héros des livres d’histoire du monde, des pays d’Amérique en général, voire de l’Amérique latine, en particulier. Ainsi, en ce jour d’une si grande symbolique, n’est-ce pas rendre justice à la mémoire de nos ancêtres pour leur contribution aux luttes pour la liberté des peuples, non seulement aux Amériques et dans les Caraïbes mais également de par le monde, tel une motivation dont aucun État opprimé ne saurait s’en passer ?» Fin de paraphrase.

Si on nous parle à hue et à dia de rébellion, de révolution et des guerres de libération des peuples un peu partout dans le monde, du charisme et du leadership de certaines personnalités mythiques, au point d’en faire une légende historique d’une dimension universelle, avec le plus grand mépris de la contribution de nos ancêtres et particulièrement le père de la patrie ayitienne Jean-Jacques Dessalines, ce n’est certes pas sans raison. Comprendra qui voudra ! Fort heureusement, l’évolution historique et politique des guerres d’émancipation des peuples, sous l’influence de celle d’Ayiti n’a point laisser indifférents des historiens comme Robert Palmer et Jacques Godechot (1947) lesquels ont essayé de «théoriser» sur ce phénomène atypique de l’histoire. Il a fallu attendre le début des années 1980 pour produire des réflexions en profondeur, à partir de l’historicité des différentes réalités qui ont constitué l’interrelation et l’interdépendance entre la conquête des Amériques, la colonisation, l’esclavage et certes les révolutions française et américaine, mais aussi et surtout la Révolution Ayitienne et celles de l’Amérique latine. Au fait, dans l’histoire du monde atlantique, la révolution haïtienne se démarque des autres révolutions par sa radicalité et sa nouveauté. C’est une révolution qui fait exception, dans la mesure où elle est l’œuvre d’un groupe d’êtres humains considérés à l’époque comme des sous-hommes, condamnés à effectuer uniquement des travaux d’esclave.» Comme le remarque Michel-Rolph Trouillot (1995), cette révolution est dans sa singularité impensable parce qu’elle se situe dans un monde qui la considère extérieure à lui, un monde qui ne pouvait pas la penser, malgré sa réalité évidente. Par ailleurs, la Révolution ayitienne revêt une dimension philosophique et universaliste, ayant fait objet d’étude de la part de grands écrivains français du Siècle des lumières tels : Victor Hugo, Jean-Jacques Rousseau et Lamartine qui ne se sont pas ménagés à en faire l’éloge. Hegel ne restera point indifférent à une telle démarche, postérieurement. L’extrait de l’article : «Signification et impact de la Révolution haïtienne sur le monde atlantique.» par Alain Saint-Victor du blob HistoireEngagée.ca en dit long. Ainsi, cette idéologie de la liberté, qui a trouvé son expression politique ultime dans la Révolution ayitienne ne peut que se vouloir universaliste, tout en initiant postérieurement de grands mouvements de solidarité internationaliste, à travers le panaméricanisme et le panafricanisme, par ses incidences sur toute la zone, voire l’Alma mater, Afrique, vers le 20e siècle. La révolution ayitienne est la seule de son époque à tenir compte de l’indifférence de l’Occident à l’égard du sort de l’esclave noir qui n’a pas été seulement intellectuelle, mais également politique, économique, sociale et culturelle. D’où l’avènement de la festivité dégustatrice de la Soup joumou nationale, dès le 1er janvier 1804, à nos jours partout dans le monde où il y a au moins un Ayitien qui vient tout récemment de s’inscrire dans la liste de patrimoine mondial de l’UNESCO. L’indépendance politique et économique des États-Unis vis-à-vis de la Grande-Bretagne ayant pris pour base la liberté pour les Blancs et non le refus de l’esclavage pour les Noirs, comme c’était d’ailleurs le cas pour le Brésil, en constituent un exemple vivant. Pourtant, aucune mention n’est faite du système esclavagiste qui, à l’époque, constituait, même aujourd’hui encore, de manière voilée, la base de l’économie du pays. Pour Hegel, la seule révolution de l’époque qui tienne, c’est celle d’Ayiti, avec son idéal et sa philosophie de liberté, dépassant de mille coudées même celle prônée par les philosophes des lumières, profondément entachées de racisme, puisque les Noirs n’y étaient pas pris en compte. En effet, notre révolution était très en avance sur son temps, en ce sens qu’elle a constitué un chamboulement total de l’ordre des choses, bien que les mulâtres, dans le silence de leur cœur, caressassent l’idée de remplacer les colons blancs pour ainsi détenir plus de 90% des richesses du pays pour un pourcentage d’à peine 10% très peu représentatif de la population globale. En dépit de cette flagrante considération, l’indépendance d’Ayiti constitue l’une des plus grandes défaites, et le plus grand affront jamais avant infligé à l’Occident. Ce qui a donc fait de notre liberté la plus chère de toute l’histoire de l’humanité. Dieu seul sait à quand notre acquittement de cette exorbitante rançon.

Je veux bien lancer un SOS à vous tous et vous toutes Ayitiens et Ayitiennes de partout, il nous faut sortir des gouffres du pire des esclavages, celui de la servitude mentale. C’est important et d’une extrême urgence. Il nous faut donc, peuple ayitien, trouver les voies et moyens pour porter plainte contre tous les anciens et actuels dignitaires au timon des Affaires de l’État, le Core Group et la Communauté Internationale dans son ensemble, pour cause de non-assistance.

Avant de nous en tenir à ce qui nous désunit, cherchons plutôt à savoir ce qui nous unit. Et, cette chose-là qui nous unit, ce bien commun pour l’acquisition duquel nous sommes unis, n’est autre qu’Ayiti. Il est impérieux que nous nous attachions davantage au devoir de mémoire qui particulièrement incombe, «en ces temps de commémoration, en vue de mieux éclairer les heures sombres de l’Histoire… Afin de tenter d’éviter aux nouvelles générations de sombrer dans les mêmes impasses ou de plier sous d’autres tyrannies. Il en va des guerres comme des dictatures. Celles qui ont opprimé les peuples d’Amérique latine – tombés les uns après les autres, entre 1960 et 1970, sous la férule militaire, avec l’assentiment des États-Unis – fournissent, elles aussi, l’occasion de rendre hommage à des héros. Des opposants qui ont souvent payé de leur vie ou de leur liberté leur engagement politique.»

Toutes révolutions d’ordre social et politique, postérieures à celle d’Ayiti, c’est-à-dire, ayant les tenants et aboutissants de l’après 1804, il ne fait aucun doute qu’elles se sont indubitablement inspirées de la Révolution Ayitienne. Ainsi, en ce 218e de notre indépendance, ce qu’il nous faut comprendre, peuple Ayitien, c’est que l’origine de nos malheurs, c’est d’avoir commis l’erreur de prendre pour des amis, nos anciens bourreaux et leurs alliés esclavagistes et impérialistes, comme les États-Unis. La preuve en est si grande qu’il a pris autour de six décennies à notre soi-disant plus grand partenaire, à l’échelle mondiale, les mêmes États-Unis, pour reconnaître notre indépendance. Et que le long de notre histoire, toutes les puissances colonialistes, esclavagistes, ségrégationnistes et impérialistes, nous ont agressés chacune à leur manière. Notre drame de peuple fait partie d’un agenda dont nous n’avions pas été à la hauteur de sa découverte, dès le départ, et qui perdure, aujourd’hui encore, à travers la communauté des grandes puissances internationales, les Nations-Unies et le Core Group. Que l’esprit de nos ancêtres nous donne la force, le courage, la détermination, le caractère, l’engagement à la défense de la cause nationale, l’unité et l’intégrité nécessaires pour ouvrir grand nos yeux et parvenir à comprendre que l’ennemi commun, ce n’est pas nous, mais eux.

Bonne fête de l’Indépendance, heureux Jour des aïeux, joyeux 218e de l’Indépendance et heureuse 2022 à tous, de par le monde, aux amants de la vérité et de la libre expression, en général, et à tous mes compatriotes, d’ici et d’ailleurs, en particulier.

Jean Camille Étienne,

Architecte et Master en Politique et gestion de l’environnement.

01/02/2022

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