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L’urbanisme, comme outil de gestion administrative du territoire

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S’il y a une chose dont tout Ayitien devrait être conscient, peu importe ses origines ethniques, sa provenance et son rang social, son niveau d’éducation, la somme de son avoir, sa chapelle politique et sa confession religieuse, c’est que l’Ayiti qu’on a connu, même il y a quelques années, elle n’est plus la même. Elle a drastiquement changé, pour le meilleur ou pour le pire. Autour de trois décennies générationnelles nous séparent de l’Ayiti originelle dont nous avions joui, à cœur joie, les vertus et bienfaits. Malheureusement, les choses ont évolué dans le pire sens du terme. À tort ou à raison, et contre toute attente, malgré nos inconséquences et irresponsabilités, notre configuration socio-économique, politique, sociologique, ethnique, ethnoculturelle, anthropologique et identitaire a crucialement muté. Du point de vue démographique, nous ne sommes plus cette population de 6 000 000 d’habitants. Cette dynamique croissante de transmutation accrue de notre mode de vie, à tous les points de vue, est loin d’être sans incidence sur notre cadre de vie. À ce titre, les dernières actualisations de la cartographie géo-sismique nationale sont alarmantes et ne peuvent nous laisser dans l’indifférence, aussi insouciants que nous puissions l’être. Du point de vue de la météorologie, nous en avons tout aussi bien nos lots, en raison de la récurrence des saisons cycloniques, sévèrement actives, au fil des années. Ainsi, après autour d’un siècle de répit ou de clémence géologique, les activités sismiques n’entendent plus passer inaperçues. Diverses failles sismiques sont répertoriées le long du territoire national. Et l’imminence de leur rupture, avec un impressionnant dégagement d’énergie, est de plus en plus menaçante.

Face à une telle éventualité, deux comportements s’imposent : l’évacuation pure et simple du territoire ou l’engagement et la responsabilité à prendre les mesures nécessaires pour habiter convenablement cette portion de terre, dont les réalités géologiques et météorologiques, malheureusement, ne changeront point. Toute intervention à caractère urbain qu’on prétendrait faire au niveau de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ne peut être viable et fiable, que si elle tient en compte, en plus des aspects urbanistiques et environnementaux, deux autres volets incontournables, à savoir: la cartographique sismique nationale, ajoutée aux aléas cycloniques, en vue d’en apporter les solutions appropriées pour la protection des vies et des biens des riverains, et le phénomène de la criminalité accrue, à l’échelle urbaine. Pour ce faire, un nouveau plan directeur de la ville s’avère nécessaire, tout en tenant compte de ces paramètres cruciaux, lequel s’inscrira dans un plan d’aménagement du territoire qui donnera à l’urbanisme une place de choix, en vue de la gestion tant physique qu’administrative de l’espace. Partant du fait que l’urbanisme c’est l’une des expressions les plus pures et tangibles de la culture des peuples, aux croisées des civilisations, Ayiti n’en fait pas exception. Les populations mettent la touche identitaire, et l’État et/ou les politiques publiques se chargent de son ordonnancement, de son organisation, de sa structuration et de la régulation y relative.

Ayiti, le pays où la science ne nie, se défie mais se justifie. En effet, on est très exactement en automne 2010, environ 9 mois après le dévastateur séisme du 12 janvier de la même année, je dispensais le cours de Sociologie urbaine dans une université de la capitale. On traitait de la problématique de l’exode rural et des mouvements humains ou la migration urbaine et du rôle que ces phénomènes revêtent dans la conformation, la configuration et la mutation des regroupements humains et/ou urbaine d’où émanent, à titre de source privilégiée des phénomènes d’informalité, de précarité, de la marginalisation et de la dégradation urbaine et leurs liens avec la pauvreté, la délinquance et la criminalité, en milieu urbain. On avait, déjà à l’époque, perçu la conurbation et la périurbanisation comme des conséquences directes de ces phénomènes, du point de vue de la transmutation de la structure ou de la restructuration de l’espace, face au manque ou à l’existence de politique urbaine versus les conditions d’habitabilité et de vie des populations en constant mouvement ou migration, en raison des problèmes politiques et économiques. Jalousie, pour la périphérie, Delmas 32, pour la trame de transition urbaine et Les 3 Cités, (Cité-l’Éternel, Cité-de-Dieu et Cité-Plus) pour le littoral, constituaient déjà l’objet, comme cas d’espèces, d’une analyse profonde, conjointe, avec des collègues, dans le cadre d’un projet de mémoire de fin d’études à la faculté d’architecture et d’urbanisme de la Cité Université José Antonio Echeverría de la Havane, Cuba, dès le 2ème semestre de 2005, intitulé : ” Ideas estratégicas para la transformación de los barrios informarles de la ciudad de Port-au-Prince, Haïti “, (« Idées stratégiques pour la transformation des quartiers informels, les bidonvilles, de la ville de Port-au-Prince. Haïti », en français), et servir de cadre de réflexion du phénomène, dans ses dimensions historiques, socio-économiques et politiques, entre autres.

C’était à prévoir, vu les liens indissolubles et indissociables entre les phénomènes urbains, le politique, l’économique et le social, point n’était besoin d’aller par quatre chemins. Port-au-Prince allait indubitablement devenir, quand le moins on s’y attendait, ce monstre ingouvernable et incontrôlable. La question maintenant reste entière et est d’actualité : que faire ? Car, le premier signe de santé ou de maladie d’une ville, prise au sens large et scientifique d’un territoire, c’est sa configuration et structuration de l’espace, avec tout ce que cela implique. En d’autres mots, son mode d’urbanisation. Le débat est lancé.

Jean Camille Étienne, Arch, Msc. en Politique et gestion de l’environnement.

19/09/2021

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