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Opinion: En Haïti, la vie est au point mort

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La vie en Haïti est d’une banalité excessive.

Toute société qui se respecte, déploie constamment des efforts pour permettre à leur population d’avoir des moyens de subsistance. Ces pays mettent en place des politiques publiques pour pouvoir adresser les problèmes sociaux de base tels que la nourriture, le logement, la santé, les loisirs, etc. En fait, ces dirigeants manifestent toujours une grande sensibilité pour le bien-être social et collectif. Cela constitue, en effet, l’essence de leur culture politique.

Parallèlement, il existe certains pays qui pataugent dans la crasse, alors que ses dirigeants politiques se noient dans le luxe et ont une vie exubérante. En Haïti, un tel constat n’est nullement à ignorer. En effet, les hommes et les femmes qui dominent l’environnement politique n’ont aucun souci pour notre vie. Au fait, la vie en Haïti devient quelque chose de banal, sans la moindre importance. L’État, dans sa complicité avec les gangs armés, brille par son absence devant des faits malveillants et malhonnêtes que subit le peuple haïtien. Entre la vie des personnes et la gestion de la chose publique pour mener une vie luxueuse, nos dirigeants politiques optent clairement pour le second.

Chaque jour, il y a une nouvelle de kidnapping, d’assassinat, d’incendie, etc. Ironiquement, la mort n’ébranle plus personne en Haïti. La mort de quelqu’un devient la norme. Elle n’est plus nouvelle et elle n’est plus une nouvelle. C’est, en effet, le quotidien des Haïtiens. La sensibilité, jadis, face à la cruauté était plus forte, la mort tragique était anormale. Mais aujourd’hui, à force de frôler la mort, à force de traverser les cadavres, à force de vivre, en direct, l’exécution des gens, à force d’assister à des scènes d’exécution des personnes sur les réseaux sociaux, on peut juste dire qu’on perd toute sensibilité à l’égard de la mort. De fait, la vie, en elle-même, n’a plus aucun sens, aucune signification. Nous sommes de plus en plus prêts à nous adapter à une nouvelle sur la mort. Cela ne nous choque presque plus.

Quand l’État haïtien fait choix de la mauvaise gouvernance (corruption et gaspillage), de légitimation des gangs armés, de s’intéresser aux préoccupations de chaque membre du pouvoir au détriment de la communauté, le résultat était connu d’avance: un fort taux de criminalité, associé aux conditions socio-économiques dégradantes de la population, en particulier des jeunes.

La vie, en Haïti, est telle que conçue dans notre imaginaire: nos conditions de vies infrahumaines, la violence illégitime des gangs supportée par des complices de l’État, la criminalité institutionnelle et institutionnalisée. À tout cela, s’ajoutent la corruption d’État et l’absence des équipements sociaux de base. La conclusion est bien évidente. Il s’agit, en cela, d’une Haïti où la vie est au point mort, la vie est donc d’une banalité excessive.

Alors vivre en Haïti, c’est mourir au quotidien.

Job Pierre Louis

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