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«La culture entrepreneuriale, dans l’illusion de réussite à tout prix»

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De nos jours, une culture entrepreneuriale est en train de germer partout dans le monde, pour encourager surtout des jeunes à entreprendre, pour pouvoir sortir de la pauvreté, des situations socioéconomiques précaires. Ainsi, entre autres, l’Administration publique, les institutions privées, les fondations, les groupements de jeunes et les universités se lancent dans la promotion et l’organisation des évènements et des formations ayant rapport à l’entrepreneuriat. En conséquence, des jeunes de toute catégorie rêvent d’un avenir meilleur, en créant leur propre entreprise. Mais comment une telle culture entrepreneuriale est-elle néfaste pour l’entrepreneuriat lui-même?

L’entrepreneuriat c’est l’action d’entreprendre, en vue de tirer des profits économiques d’une activité quelconque, à l’exception de l’entrepreneuriat social où l’on tire profits mais à des fins sociales, et l’entrepreneuriat culturel qui vacille entre passion et profits. En effet, cette action d’entreprendre qui donne l’illusion de réussite économique, et donc d’être son proche chef ou patron, ne cerne pas toujours certains contours, de fait ne présente pas ses limites. Ainsi, aveuglément, des jeunes, passionnés d’une vision entrepreneuriale, se lancent dans un combat de création d’entreprise où les difficultés ne leur étaient pas connues d’avance. À cause de cela, des difficultés de survie de l’entreprise ne sont pas prises en compte convenablement, et la faillite devient alors une réalité. D’ailleurs, seulement environ 5% des entreprises atteignent 10 ans après leur création. Où peut-on donc situer le problème?

L’entrepreneuriat n’est pas mauvais si on respecte les règles juridiques, notamment celles de concurrence, la morale, etc. Il peut contribuer à améliorer les conditions de vie, et sortir des personnes de la pauvreté ou de l’extrême pauvreté. De cette importance, l’entrepreneuriat doit être encadré par des institutions publiques et privées, et surtout la culture entrepreneuriale doit tenir compte de certains paramètres qui peuvent tuer des projets dans l’œuf. Et là, se pose le problème de la culture entrepreneuriale.

Pour qu’une entreprise survive, il est important qu’elle connaisse, et au mieux maîtrise les réalités sociales, culturelles, environnementales et politiques, etc. En effet, l’entreprise, qui veut réussir, doit être certaine que ses produits s’écoulent et que ses services seront demandés. Pour cela, l’entrepreneur (e) doit s’investir dans la collecte d’informations pour pouvoir survivre, connaître ses potentiels concurrents, la consommation des personnes du milieu, l’environnement dans son ensemble et la situation politique du pays ou de la zone ou de la région. Or ils sont rares, des séances de formation sur l’entrepreneuriat, et surtout celles qui se réalisent en Haïti, où ces facteurs sont pris en compte. En conséquence, chaque jeune est un entrepreneur ou CEO, et sans entreprise fonctionnelle ou réelle. Cela signifie, en fait, que les formations sur l’entrepreneuriat masquent une réalité. Elles font de l’entrepreneuriat un succès à tout prix. Ainsi, des jeunes, précipitamment, créent des entreprises ou tentent, en réalité, de créer des entreprises. Difficiles de grandir par manque d’informations et de formations, ces structures brillent par leur faillite. Mais ces gens restent des entrepreneurs ou CEO, avec zéro entreprise en vrai.

La culture entrepreneuriale suppose l’intégration des valeurs fondées sur l’entrepreneuriat, la recherche des profits, la création de richesses, etc. Une fois mal encadrée, elle est vouée à l’échec. Pour pallier ce problème, il faut, dans les différentes formations, qu’on explique aux jeunes les enjeux ou les limites de l’entrepreneuriat. On peut ainsi les mettre en situation, en leur présentant les différentes éventualités de faillite, à chaque type d’entreprise, aussi, comment ils peuvent s’en sortir si de telles situations se présentent. Il faut en effet qu’on arrive, si on veut réussir la culture entrepreneuriale, à apprendre aux jeunes que créer une entreprise ne signifie pas forcément que vous deviendrez riches, et que par devant vous, voilà toutes les possibilités de faire faillite. En somme, c’est d’informer les jeunes que la réussite en entreprise n’est pas automatique. C’est ainsi qu’on peut faire de la culture entrepreneuriale une démarche utile.

Entreprendre c’est bon, bien entreprendre c’est mieux!!!

Job Pierre Louis

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