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«Toutes les vies comptent!»

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Je voudrais bien clore l’année 2020, si douloureuse pour l’humanité, sur une note positive, une note appelant au ralliement, une note nous rappelant tant le racisme que la «racialisation», armes puissantes entre les mains des Blancs pour soumettre les autres races, au nom d’une pseudo suprématie blanche, est la plus aberrante de toutes les créations humaines. Pour ce faire, je ferai une sorte de rétrospective sur un fait saillant qui a marqué un tournant déterminant dans l’histoire des afro-descendants, sous les genoux des forces « policières », supposées garantir l’intégrité, si ce n’est morale, du moins physique, des citoyens, non seulement aux États-Unis, mais également à travers le monde. L’assassinat crapuleux de George Perry Floyd, lors d’une intervention irrégulière de la police de Minneapolis, au Minnesota, le 25 mai 2020, dont la mort, filmée en direct par plusieurs passants, à l’intersection entre la Chicago Avenue South et l’Est 38th Street, par le policier Derek Chauvin. Et cela ne s’est pas arrêté là. On dirait que c’est l’année de la brutalité policière, à côté de la pandémie qui, elle, a fait autant de dégâts, mais à une plus grande échelle. Que de drames se sont ajoutés au lâche et crapuleux assassinat d’une homme maîtrisé, menotté, face au sol, sous les genoux de policiers, implorant grâce, rien que pour une bouffée d’air. L’homme est donc devenu à la fois un symbole et une icône de la lutte pour les droits fondamentaux des afro-descendants de par le monde, mais particulièrement aux États-Unis, le bastion des inhumanités policières, estampées de racisme anti-Noir.

À nous, les communautés noires et afro-descendants, de prendre notre destin en mains. Cependant, avons-nous les moyens d’une si grande entreprise? Pour ce faire, il nous faut trouver les stratégies les plus appropriées pour y parvenir. Attelons-nous donc à penser grand, haut et loin! Il nous faut nous éduquer, apprendre à lire et à écrire, en vue de rétablir la vérité de notre histoire, voire la réécrire ! Il nous faut nous exprimer, ouvertement et correctement, pour nous frayer une place de choix, où que nous soyons, en dépit des adversités et des blocages intentionnels et malintentionnés! L’heure n’est guère à pleurnicher comme des bébés, mais l’agressivité et la violence, à moins que ce ne soit dans les cas de forces majeures, ne constituent pas toujours les seules et vraies voies de résolution de nos maux. Mais intelligemment!

En effet, il nous faut nous respecter et arrêter d’être perçus par les Blancs comme étant des perdants, des oisifs, des nonchalants, des inconscients et des insouciants. L’assassinat de George Floyd n’a pas été un fait isolé, il a donc des antécédents et ne sera pas non plus sans continuité. Nous devons nous armer de courage, de la force de volonté, de la détermination et surtout de la conviction de nous battre, pour de vrai, pour nos droits. Car, il y a urgence en la demeure. Il n’existe nulle part dans la nature, aucune sorte de suprématie d’une créature par rapport aux autres, sous aucun prétexte, sous aucune considération ni aucune circonstance. Parce que: «Toutes les vies comptent.»

Nous devons nous cultiver, mes frères et sœurs, indépendamment de nos «dérivations ou déviations ethniques», de nos origines, de nos niveaux d’éducation, de nos confessions religieuses, de nos sensibilités politiques, de notre sexe, de nos orientations sexuelles et de notre appartenance sociale, de la somme de nos richesses et de notre vision du monde.

Il nous faut bouger! Nous devons nous respecter, nous faire respecter et nous valoriser les uns les autres, en bannissant définitivement dans notre pensée, comme on veut nous le faire croire, qu’il existe une quelconque supériorité et / ou infériorité entre les races. Nous sommes tous égaux devant la vie et devant la mort. Biologiquement, intellectuellement et spirituellement, ce que peut une race, le peuvent toutes les autres. La suprématie d’une race par rapport à une autre n’est que pure baliverne. L’idée en soi dénote un manque de sécurité par rapport à ce qui est diffèrent de nous. Et le racisme n’existe nullement chez aucune autre créature que chez les humains qui se disent pourtant doués de raison et se veulent être la conscience de la nature. Ce qui, par pur syllogisme, remet en question nos prétentions de supériorité par rapport au reste du règne animal. Nul n’est sans savoir les malheurs que, nous, les êtres humains, avons causés à la nature, à l’environnement, donc à nous-même, sous prétexte d’évolution, de développement, de progrès scientifique et technologique. Ne me prenez pas en mal, car je ne dis pas que tout ça soit mal. Le problème, c’est plutôt l’usage qu’on en fait et aussi les balises qu’on y met, en vue de respecter les limites, voire nous imposer nos propres limites. C’est donc avec raison que François Rabelais, le fondateur du scepticisme moderne depuis le XVIe siècle, avait annoncé : «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme». «La science est une arme à double tranchant, et c’est à l’homme de l’orienter vers le bien ou vers le mal ». La première citation est tirée de Pantagruel, son œuvre majeure. Il a critiqué ceux qui ne connaissent ni la peur ni les limites humaines. Rabelais est le penseur d’une condition humaine modeste, consciente de sa finitude et de la fragilité humaine. Sa pensée peut aussi être considérée comme l’amorce de la bioéthique, cette discipline cherchant à réconcilier les capacités scientifiques et leur acceptabilité morale. Rabelais a été le plus imaginatif des écrivains de la Renaissance», peut-on lire dans le blog français: La-Philo, dédié à l’étude et aux analyse de la philosophie tant antique que contemporaine.

Fort de cette considération, un autre concept, très à la mode, surgit : celui de l’« Homo vulnerabilis » ou la nécessité et l’urgence de repenser la condition humaine, dans le contexte crucial de la globalisation, dans une perspective de la quête du bien-être et de la commodité de manière supra-individualiste, basculant de plein fouet dans le leurre de la suprématie de race, de culture, de religion, de modèle économique et de système politique, face à l’évidence des limitations pour la satisfaction optimale des besoins des différents groupes ethniques, disséminés un peu partout sur le globe terrestre, en fonction de leurs positions géographiques, des conditions climatiques ainsi que les modifications biologiques, physiologiques et surtout psychologiques qui en résultent. À partir de ce point de vue, le racisme, à la limite, n’est que la manifestation d’un complexe d’infériorité non assumé et mal exprimé.

Il est donc de bonne guerre que, tant la race noire et les autres races discriminées, méprisées et humiliées, rien que pour leur apparence physique, se rallient pour dire non au racisme et à la pseudo suprématie blanche, car l’Occident détiendrait le modèle de civilisation par excellence à suivre. Concrétisées par les travers du capitalisme qui a conduit au matérialisme outrancier, les évidences de l’échec du modèle de développement qu’ils s’évertuent ou, disons mieux, s’obstinent à imposer au reste de l’humanité, sont plus que flagrantes : les guerres, la famine, la pauvreté, la corruption, les violences, le changement climatique et les pandémies, pour ne citer que cela. Dans le contexte de la globalisation et du multiculturalisme dans lequel le monde d’aujourd’hui entre de plus en plus, le racisme n’a aucunement sa place. L’heure est à se tenir debout tous ensemble: Noir, Blanc, Jaune, Rouge, Vert ou Arc-en-ciel, pour le combattre énergiquement. Peu importe la coloration de notre peau, de nos yeux ou de nos cheveux! Le débat, plus que toute autre chose, gravite autour de la question d’intégrité, de dignité, de justice, d’équité, d’égalité et de liberté inhérentes à la personne humaine, sans distinction aucune. Nous devons nous mettre tous ensemble, en dépit de nos différences et de nos divergences de point de vue ou de quelque autre nature qu’elles soient et faire de notre mieux pour garantir le vivre ensemble dans une atmosphère de dialogue, de compréhension mutuelle, de l’acceptation et du respect de l’autre. C’est ce que la mort de George Floyd nous a enseigné. Et nous ne devons jamais oublier la leçon.

Le racisme, d’où qu’il vienne, soit de celui qui souffre du complexe d’infériorité ou de supériorité, à ma perception et conviction, n’est qu’une projection fictive de soi, dans une position dont on a peur, un jour, de se retrouver. Il n’y a aucune culture ni civilisation supérieure par rapport à une autre. Nous avons tous contribué à construire l’Humanité, depuis les origines jusqu’à nos jours. Il est temps de nous battre à nouveau pour notre dignité. Et, cette fois, pour de vrai, contre toute forme de discrimination qui nous pèse dessus. Qu’il soit clair, nous nous en voudrions d’implorer la compassion de quiconque pour la réclamation de nos droits fondamentaux et inaliénables. Ce dont nous avons besoin, c’est du respect mutuel, de la reconquête de notre intégrité, de notre dignité et aussi de l’équité des opportunités de progrès, de réussite et des conditions de vie. Il est grand temps que le teint de la peau cesse d’être un critère d’appréciation, de traitement approprié, en d’autres termes, de défaite ou de réussite. C’est ce que la COVID-19, du moins, ses conséquences, nous a démontré. Si nous nous aimions, la vie serait meilleure, cependant, ce n’est point pour personne une obligation. Nous devons juste nous respecter les uns les autres et essayer de toujours trouver un terrain d’entente, même au-delà de nos attentes et de nos ambitions, en vue de garantir la vie dans la communauté des nations. Nous devons bannir à jamais la notion de racisme de nos contrées, ainsi que de nos têtes. Bien que pour persister dans l’erreur, certains s’attellent à la découverte de notions un peu plus flatteuses, pour mener à terme leur plan macabre de diviser le monde à leurs bénéfices mesquins, à savoir la notion magique de discrimination positive, qui consiste à lutter contre les inégalités dans l’objectif d’éradiquer les préjugés et discriminations subis par un individu ou un groupe d’individus, en leur faisant bénéficier temporairement d’un traitement préférentiel. Autrement dit, la discrimination positive consiste à mieux traiter une partie de la population, que l’on juge systématiquement désavantagée. De mon point de vue, c’est une aberration et un non-sens total. C’est une sorte de stratégie de manipulation, pour mieux accomplir son œuvre de domination. Il n’y a absolument rien de positif dans la discrimination, tout comme il n’y a point de demi-justice, car dans un sens ou dans un autre, on doit trancher. Nous ne demandons pas de faveurs, ni de compassion. Encore une fois, personne n’a besoin de faveur, sinon ce qui lui est dû. Nous voulons juste être des êtres humains comme les autres êtres humains, jouissant de nos droits fondamentaux, sans préoccupation aucune que, d’un moment à l’autre, ils peuvent être foulés aux pieds, selon les caprices et la discrétion d’un quelconque Blanc.

Rappelons que l’assassinat de George Floyd, un homme noir, traqué comme une bête sauvage, en pleine rue, à la vue de tous, suite à son interpellation par plusieurs policiers dont le policier blanc, Derek Chauvin, son ancien collègue dans une boîte de nuit, comme agent de sécurité, est non seulement une affaire de violence policière américaine mais témoigne aussi et surtout de la non-inclusion raciale et du refus systématique et systémique de voir éclore l’émancipation de la communauté noire, au nom d’une soi-disant suprématie blanche. Ce qui rappelle encore le temps de la colonisation et de l’esclavage. Car, en effet, pendant des centaines d’années, nous avons été violés, piégés, traqués, attaqués, empilés, exploités, décimés, rejetés, exclus, marginalisés et déshumanisés et réduits en esclavage, à un point où nous devrions en vouloir à tous les Blancs que nous trouverions sur notre chemin. Mais nous ne l’avons pas fait, parce que nous, les Noirs, sommes le peuple choisi, le plus étonnant et le plus civilisé de toute la terre, tant que personne ne nous cherche ! Sinon, ce sera comme l’avait fait Ayiti, cela va faire 217 ans. Un autre 1er janvier 1804 sera nécessaire pour enfin libérer tous les Noirs de la face de la terre, une bonne fois pour toute.

28/07/2020

Jean Camille Étienne, (Kmi-Lingus )

Arch.Msc.en Politique et Gestion de l’Environnement

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