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«Diego Armando Maradona, un icône à la dimension de lui-même, un humaniste, un ami, un révolutionnaire!»

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Les titans, en règle générale, ne vivent qu’à leur guise, qu’à la dimension de leur grandeur d’âme, au gré de leurs caprices, voire de leur conviction de surhumanité qui tend à les caractériser, au culte de leurs dons et de leurs talents naturels, à la profusion de leurs rêves et, surtout, au prix inestimable de leur attachement à leurs aspirations et accomplissement des prouesses pour lesquelles ils sont destinés. Ils se permettent tout cela, tout en se donnant un élan poussé vers la fantaisie et vers la luxure, bien que pleinement conscients du drame humain qui, irrémédiablement, les submerge dans la hideuse et macabre contemplation, particulièrement des plus démunis, des laissés-pour compte, des marginalisés, des exclus, des rébus et oubliés de la société qui, n’était-ce leur audace, leur ténacité et leur bravoure ne les épargneraient le moins du monde, non plus. De même que leur vie n’a pu se payer le luxe de les sombrer dans le silence le plus condamnable de l’existence, leur départ non plus ne peut être œuvre de quiétude d’esprit. C’est à juste titre que Diego Armando Maradona en constitue la preuve la plus tangible.

J’ai grandi avec, en tête, l’idée d’un Maradona d’un caractère hautement polémique et controversé, qui avait en horreur la couleur noire, au point de dire, selon les ouï-dire provenant probablement de ses détracteurs : «que les Noirs ne comptent pas trop à ses yeux, et qu’il ne s’en souvient qu’au moment du port de ses chaussures». La réalité est qu’une telle assertion ne s’est pas vérifiée et s’avère un élément de plus de cette vaste compagne de diffamation, proféré contre l’une des figures les plus emblématiques du football, en général, et la plus éminente de toute l’histoire du football argentin. En effet, la soi-disant déclaration raciste du footballeur argentin, à l’apogée de sa carrière, contre les Noirs, parmi lesquels il a eu ses plus grands admirateurs, dont les Ayitiens en particulier, ne s’est jamais vérifiée, bien que cela avait fâché bien des jeunes de ma génération.

Cependant, derrière la figure controversée de l’icône argentin du foot, avec ces insurmontables embrouilles en arrière-plan, s’est méticuleusement sculpté et profilé, dans le paysage de sa personnalité, le portrait, dans toute sa complexité, d’un existentialiste humaniste : un père aimant, un compagnon de vie, un grand ami, et surtout un grand révolutionnaire qui, sa vie durant, a choisi d’œuvrer du côté de la justice et de la loyauté. Son parcours, non pas des plus immaculés, révèle la dualité parfaite d’une humanité exagérément imprégnée d’un cheminement hors-pair vers la divinité. Quant à sa personnalité, elle n’avait rien à envier au commun des mortels ni à son talent extraordinaire de footballeur que tout être humain, particulièrement ses contemporains, aspire a en avoir eu l’onction divine. Ainsi, au chevet de cette femme, Dalma Salvadora, qui avait vécu dans l’extrême pauvreté d’un quartier industriel au sud de Buenos Aires, dans l’hôpital Evita Péron à Lanus, s’est offert à la lumière celui qui allait devenir, un icône, un idole mondial et la gloire de toute un peuple, non seulement sur la pelouse verte, mais aussi sur le terrain de la vie, au quotidien, qui l’a érigé en l’incarnation de la défense de la cause des sans défense. Lors des 3 jours de deuil national qui lui ont été officiellement décrétés, un de ses fans eut à déclarer au journal français, Le monde, au sujet de l’icône absolu de toute l’Argentine : «C’était beaucoup plus qu’un footballeur. Il nous lègue son humilité, sa défense des plus vulnérables, son engagement en faveur de grandes causes sociales… Je m’identifie beaucoup à Maradona, il nous a représentés à travers le monde !», rapporté par la même source.

Ainsi, son caractère de révolté ne lui a permis de ne s’arranger qu’aux côtés d’équipes s’inscrivant dans la lignée de ses convictions politiques et humanistes. Des équipes, on pourrait dire, à tendance gauchiste. Son admiration pour l’emblème de la Révolution cubaine, Fidel Castro, a converti les deux hommes en amis intimes, bien que de générations différentes, qui se sont témoignés une allégeance exceptionnelle, même après leur disparition physique, curieusement à la même date, soit le 25 novembre dans l’intervalle de 4 ans. Une telle attitude n’a aucunement différé à l’égard du leader de la révolution bolivarienne, en la personne d’Hugo Chavez.

Le décès de l’idole argentin de tous les temps, comme il devait l’espérer, même quand pas d’aussitôt, a provoqué une vague incontenable d’émotions dans le pays de la Sélection « del Azul celeste ». En vue de lui rendre un hommage à la dimension du titan qu’il demeurera pour toujours, trois jours de deuil national lui ont été consacrés. Dans les coins et recoins de la ville dont il a fait l’honneur durant toute sa carrière, la ville lumière des Amériques, Buenos Aires, en symphonie, les chants retentissaient à la gloire des exploits du plus grand des Argentins: Diego Armando Maradona.

Qui ne se souvient des scandales qui ont été presqu’au même rythme que les moments de gloire du footballeur hors du commun surnommé par les Italiens: «El pibe de oro»? Celui que les Argentins surnomment «Dios», «dieu» en espagnol, parfois écrit «D10S», en référence au numéro 10 de son maillot dans la sélection nationale argentine, a-t-on lu de la même source. Diego aura été le footballeur le plus complet et prolifique, il incarne la controverse et la polémique. Il est ce genre d’adversaire que tu ne peux qu’admirer. Il joue contre ton équipe et tu es impatient de le voir marquer. Il a rendu au football argentin ce qui lui est dû, et au foot, en général, la magie d’être le sport universel par excellence. Il demeurera l’un des plus grands footballeurs du monde et, sans nul doute, le plus grand Argentin de tous les temps, aux côtés du Che Guevara que lui-même il a admiré et de Fidel Castro, son idole de tous les temps. Et le plus intéressant en lui, c’est que derrière cette légende du foot, se cachait un grand révolutionnaire et un authentique être humain, avec ses qualités et ses défauts, ses rires et ses pleurs, ses moments de gloire et de déboire, ses déceptions, ses refoulements, ses défoulements, ses exaltations et ses jubilations. Et le «Tigre argentin», «el Pibe de Oro» aura fait son temps et son chemin. Que de moments de gloire et de réjouissance il aura légué aux fans du foot de par le monde! Avec les pieds de son cœur, l’élégance, la finesse, sa passion et sa détermination, il a réinventé le football à jamais.

«Maradona s’est éteint, moins d’un mois après avoir célébré ses 60 ans, le 30 octobre 2020, à la suite d’une crise cardiaque dans sa maison de Tigre, une grande banlieue de Buenos Aires, où il se reposait après une opération pour un hématome au cerveau, réalisée début novembre. C’est en effet sous haute surveillance mais dans une grande intimité que l’idole a passé les derniers jours de sa vie. Très peu de personnes ont eu accès à celui qui a beaucoup aimé mais s’est aussi beaucoup brouillé, notamment avec sa première épouse, Claudia Villafane, et leurs deux filles: Dalma et Giannina, tout comme son agent de toujours, Guillermo Coppola. Parmi les visiteurs autorisés figuraient en revanche Veronica Ojeda, sa compagne de 2005 à 2013, ainsi que Dieguito Fernando, leur fils âgé de sept ans», a rapporté le quotidien le Parisien.

Moi, personnellement, je ne saurais caché mon admiration pour le joyau argentin quand j’ai appris à le connaître un peu plus en profondeur, surtout dans sa dimension humaine, additionnée aux prouesses qu’il a léguées au football, à l’échelle globale. En effet, j’ai appris à aimer Maradona, non pas seulement pour son grand talent et sa virtuosité qui désormais le font entrer à tout jamais dans le panthéon des titans du football, mais pour l’être humain dans toute son intégralité et le révolutionnaire que je me suis donné la peine de découvrir en lui, sans jamais le côtoyer sinon qu’à travers les medias et les réseaux sociaux.

L’une des dimensions qui m’a beaucoup retenu l’attention en Diego, c’est sa loyauté envers ses sentiments et ses convictions. Tout au long de sa vie, il aura clamé son admiration pour Ronaldinho Gaúcho, sa version brésilienne, un véritable artiste du ballon rond, au beau milieu d’une situation économique difficile qui l’a obligé à émigrer vers le Paraguay, en vue de redorer son blason. Lors de la détention du Brésilien, en terre voisine, pour usage de faux documents officiels, Maradona lui a manifesté son soutien inconditionnel, en ces termes: «bien sûr que sa situation m’a rendu triste, ce n’est pas un criminel, il est juste allé travailler. Son erreur est d’être un idole, je le soutiendrai jusqu’à la mort». L’amitié des deux stars remonte à un match amical unique, de 5 contre 5, chacune des deux légendes dans une équipe. Et Diego Maradona tendait à Ronaldinho sa biographie ainsi dédicacée: «je voulais jouer une fois dans ma vie contre toi car tu es le dernier qui me fait rêver dans le football». Ronaldinho était ému aux larmes par ces mots.

Je veux bien conclure cette petite note d’hommage au sorcier des sorciers du football que demeurera Diego Armando Maradona. Après le décès de la légende argentine, Ronaldinho a en retour publié un texte sur les réseaux sociaux pour évoquer ce qu’elle représentait pour lui. «Mon ami, mon idole, mon numéro 10, merci pour chaque instant en ta compagnie, que ce soit lors de jeux ou lors d’un simple dîner. Nos conversations ont toujours été très spéciales et je chérirai tous les moments de joie sur le terrain, passés ensemble, où j’étais là pour vous admirer et rendre hommage à votre grandeur», selon l’article rédigé par David Opoczynski, en date du 26 novembre 2020, en mémoire du dieu du football argentin.

Repose en paix Diego, car tu n’as fait que rejoindre la légion de ceux-là à laquelle tu appartiens, les dieux du football.

28/11/2020

Jean Camille Étienne, (Kmi-Lingus )

Arch.Msc.en Politique et Gestion de l’ Environnement

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