Anthropologiquement, toutes les cultures se valent. Cela suppose qu’aucune culture n’est supérieure à d’autres, et de fait, il y a la nécessité de cohabiter, car notre vie quotidienne se caractérise par la rencontre en permanence de l’Autre. Ainsi, on reconnaît l’existence de la multiculturalité, contrairement à l’interculturalité où le vivre-ensemble et la cohésion sociale sont une obligation, parce que un être ne peut pas vivre dans l’isolement ou dans un repli sur soi-même.
En effet, notre vie moderne, renforcée par la globalisation, se résume, entre autres, par des formes d’éducation, de socialisation et de communication très variées. Ceci existe, on peut affirmer, depuis des millénaires, avec la rencontre des cultures différentes. En effet, les différences culturelles deviennent un enjeu majeur, notamment sur la considération de l’Autre comme étranger à nous-mêmes. Ceci crée un dualisme: les barbares et les civilisés, source d’esclavage et de colonisation, donc d’exploitation et un rejet de cultures de l’Autre. Les exemples sont trop criants pour expliquer les crimes de l’esclavage et de la colonisation.
Aujourd’hui, on est ancré dans la reconnaissance des diversités culturelles, une situation qui a été favorisée par les flux migratoires depuis les années 1980, et est légitimée par certaines organisations, notamment l’UNESCO et l’OIF. Il s’agissait en fait, d’un débat sur la citoyenneté des immigrés (ées), leur scolarisation et leur intégration dans la vie sociale et professionnelle, en général. Et donc, comment vivre avec l’Autre, en étant de cultures différentes. Ainsi, la multiculturalité prend la forme de l’interculturalité qui est un dialogue des cultures différentes, et de manière horizontale. Par interculturalité, aucune culture n’est primée, ainsi, les cultures cohabitent dans un esprit de tolérance, ce qui nous épargne des guerres de religions, d’ethnies, et autres.
Ainsi, affirme-t-on que l’interculturalité, dans ce monde peuplé d’environ 7 milliards d’habitants et de cultures fortement différentes, d’un continent à l’autre, et même au sein d’un même État, est une urgence pour la paix et la sécurité, tant nationales qu’internationales. Ceci dit, au fait, qu’elle est l’attitude à adopter, pour éviter de multiples conflits? Car la tolérance culturelle, c’est le fait d’accepter l’Autre dans ses conceptions idéologiques, religieuses, politiques et philosophiques. En réalité, l’interculturalité est le moyen le plus sûr pour éviter tout conflit sur la base de différences culturelles.
De nombreux États, quoiqu’apparemment tributaires de prédominances ethniques, religieuses, linguistiques, arrivent à une cohabitation presque certaine, et même à adopter une constitution républicaine, laïque et inclusive, où l’interculturalité a son vrai sens: celui d’un dialogue horizontal des cultures. Des pays comme la Suisse, le Canada, l’Allemagne, l’Espagne, le Cameroun, l’Égypte, la France, les États-Unis, les Pays scandinaves et d’autres, avec une diversité de cultures et une forte présence d’immigrants (es), font preuve d’interculturalisme, dans toutes ses dimensions. Aussi, il existe de nombreuses institutions qui mènent un plaidoyer pour une approche interculturelle et en font une priorité dans leurs démarches. Ces institutions se focalisent plutôt sur le concept de diversités culturelles, consacré dans le cadre d’une Convention de l’UNESCO, en 2005, ceci pour montrer combien la reconnaissance des cultures de l’Autre est importante, et combien la cohabitation doit être effective.
Néanmoins, il faut admettre que l’interculturalité, en reconnaissant la diversité des cultures, pourrait amener à un renforcement d’une identité culturelle et un trop fort sentiment d’appartenance, donc la destruction du rêve d’un partage en commun, de ce fait, l’interculturalité elle-même sera détruite. Donc il y a la nécessité d’accepter l’Autre dans ses différences.
Connaissez-vous d’autres cultures que la vôtre? Êtes-vous tolérant (e) à l’égard de l’Autre?
Job Pierre Louis