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Élèves et enseignants désertent les salles de cours

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Des élèves de lycées ont été dans les rues, durant toute la semaine dernière, pour exiger la présence des enseignants dans les salles de classe. Depuis la reprise des activités scolaires, en août dernier, les écoles publiques sont confrontées à une grave crise des enseignants grévistes qui refusent de travailler. Les élèves des lycées Toussaint, Pétion et Firmin, au cœur de la capitale, ont gagné les rues pour exiger le retour des enseignants dans les salles de classe, comme ce fut le cas depuis des semaines, dans plusieurs villes de provinces. Ces mouvements ont eu lieu dans plusieurs départements du pays, ces derniers jours. Parfois, ils sont ponctués de violence comme à St-Marc et à Jacmel.

Les enseignants des écoles publiques, qui sont en grève depuis un mois, maintiennent la grève pour exiger de meilleures conditions de travail, malgré le mouvement des écoliers. L’Office de la Protection du Citoyen (OPC), tout en condamnant les actes de violence des policiers contre les manifestants, invite les écoliers à éviter toutes formes de violence. Depuis la reprise des activités scolaires, les enseignants des écoles publiques sont entrés en grève pour exiger une augmentation salariale et de meilleures conditions de travail. Un mois après, les syndicalistes maintiennent la grève et les élèves des lycées et écoles nationales continuent de gagner les rues pour exiger leur retour dans les salles de classe.

Selon le coordonnateur général de l’Union Nationale des Normaliens, Normaliennes et Éducateurs, Éducatrices d’Haïti (UNNOEH), depuis plus d’un mois, les enseignants ont soumis leur cahier de doléances au gouvernement qui n’a jamais fait cas d’eux. À la suite de leur manifestation de rue, le 10 août dernier, «le ministre de l’Éducation nous a qualifiés de terroristes. Il a utilisé l’administration pour faire de la répression sur certains enseignants, en les transférant ou en bloquant leur salaire. Il a ignoré nos revendications», a dénoncé Franck Wilbert Georges qui a fait savoir que les syndicalistes sont disposés à négocier avec le gouvernement. «Suivant l’issue des négociations, la réalité sera différente dans les salles de classe. Pour le moment, les syndicats d’enseignants maintiennent la grève», a-t-il ajouté.

Franck Wilbert Georges a fait savoir que les revendications des syndicats d’enseignants sont divisées en trois axes. «D’abord, il y a les conditions de fonctionnement des enseignants, détaillées dans le cahier de doléances soumis au gouvernement», a-t-il indiqué. «Ensuite, il y a l’accès et la qualité de l’éducation», a-t-il ajouté. Il a dénoncé le fait, qu’actuellement, il y a des écoles qui n’ont pas encore bouclé l’année académique 2019-2020, alors que d’autres ont déjà démarré l’année 2020-2021.

L’une des écoles victimes de l’agression des lycéens, le Collège Canado-Haïtien (CCH), par le biais de sa direction, a condamné «avec la plus grande fermeté, l’attaque violente» dont l’institution a été l’objet, le mercredi 9 septembre 2020. «Ces attaques dirigées contre plusieurs écoles privées, ces derniers temps, constituent une violation grave des droits des enfants et des jeunes», a déploré frère, Augustin Nelson, dans une note de presse. Pour le directeur du CCH, l’heure est grave. «Les évènements de la journée, qui ont secoué le bâtiment du Collège Canado-Haïtien et toute notre communauté scolaire, interpellent notre conscience citoyenne. L’école, qui devait être un rempart et une source de sécurité pour les jeunes, est en train de perdre ses lettres de noblesse dans notre société», a-t-il regretté, déplorant la faillite des forces publiques en pareille circonstance.

Dans un communiqué, l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) dit avoir observé, «depuis la reprise officielle des activités scolaires, le 10 août 2020, plusieurs évènements qui ont des conséquences négatives sur le fonctionnement normal des écoles». «Parmi eux, des mouvements d’élèves d’écoles publiques et lycées à travers le pays, pour réclamer la présence de professeurs dans les salles de classe, absents avec la grève des syndicats d’enseignants», a poursuivi l’OPC, avant d’égrener la chronologie de certains faits.

  • Le mardi 18 août, le directeur du Collège Archimède a été tabassé par un groupe d’élèves d’écoles publiques et de lycées de Saint-Marc.
  • Le lundi 17 août, au moins deux enseignants ont été blessés, suite à des mouvements de protestation des élèves du Lycée Pinchinat, à Jacmel.
  • Le mardi 25 août, des agents de l’Unité Départementale de Maintien d’Ordre (UDMO) du Sud-Est ont malmené un élève NS3 du Lycée Pinchinat, à Jacmel, qui participait à un mouvement d’élèves».

«Tout en condamnant ces actes qui constituent des violations du droit à l’éducation et de protection des enfants, garanti par la Constitution haïtienne et la Convention relative aux droits de l’enfant, l’OPC invite les écoliers et les jeunes protestataires à éviter toutes formes de violence et à faire preuve de discipline, de civisme et de retenue dans leurs revendications ; car ils sont appelés à devenir des dirigeants dans la construction de la nouvelle Haïti». «L’Office de la Protection du Citoyen appelle les autorités à prendre des mesures adéquates, visant à assurer la protection des élèves ainsi que des établissements scolaires. L’OPC appelle le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) à trouver une entente avec les syndicats enseignants, en vue de favoriser la présence des professeurs dans les écoles publiques et les lycées», lit-on dans ce communiqué portant la signature du protecteur du citoyen et de la citoyenne, Me Renan Hédouville.

Altidor Jean Hervé

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