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Record, famine et dévalorisation de la gourde, la réalité économique haïtienne

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Pour avoir collecté près de cinq milliards de gourdes de recettes au cours du mois de juillet 2020, la Douane évoque un record. Un nouveau rapport de la Banque interaméricaine de développement (BID) établit comment les investissements dans les infrastructures de nouvelle génération profitent aux ménages les plus pauvres. À en croire une étude sur les améliorations des infrastructures celles-ci sont à même de réduire les inégalités et d’aider les populations vulnérables, particulièrement touchées par la pandémie de la COVID-19.

L’Administration Générale des Douanes (AGD), dans une note, informe avoir collecté 4,8 milliards de gourdes de recettes pour le mois de juillet 2020. Ce montant représente un dépassement de 30,87%, par rapport à ses objectifs, et une hausse de 25,99% par rapport aux perceptions du mois de juin 2020. Ces 4,8 milliards de gourdes ont été collectées en dépit d’une baisse de 22% du niveau d’importation, en raison de la crise sanitaire mondiale, liée à la COVID-19 cette année, en comparaison à l’exercice écoulé. «Ce record est dû aux mesures drastiques, prises par l’AGD, notamment le renforcement des contrôles au niveau de toutes les structures douanières, impliquant une lutte acharnée contre la sous-facturation et contre la contrebande, d’une part, et la modernisation des réseaux informatiques, permettant le traitement rapide et efficace des dossiers, d’autre part», a écrit l’AGD.

«L’infrastructure est un élément essentiel lorsque nous construisons nos économies post-pandémiques et visons à réduire les inégalités», a par ailleurs déclaré Éric Parrado, économiste en chef de la BID, proposant la voie à suivre pour atteindre une transformation massive des infrastructures en Amérique latine et dans les Caraïbes. «Les budgets seront serrés, c’est pourquoi nous devons investir dans les infrastructures pour la prochaine décennie, pas la dernière. Notre rapport recommande des domaines dans lesquels les politiques gouvernementales peuvent promouvoir les innovations et apporter une vision axée sur les services aux infrastructures». «Certaines actions et la numérisation peuvent entraîner des augmentations relativement faibles d’efficacité des services mais stimuler la croissance de 5,7 points de pourcentage sur une période de 10 ans. Dans le cas de l’Amérique latine et des Caraïbes, cela représente environ 325 milliards de dollars US de revenus supplémentaires sur dix ans», peut-on lire dans le communiqué, annonçant la publication de ce nouveau rapport.

«Pendant trop longtemps nous nous sommes concentrés sur les briques, les tuyaux et autres actifs durs», a déclaré Agustín Aguerre, directeur du département des infrastructures de la BID. «La technologie numérique nous permet de mieux comprendre comment les gens utilisent nos routes, consomment de l’électricité et de l’eau. Notre future infrastructure sera moins chère, plus durable et servira mieux nos citoyens.» Pour la BID, la région Amérique latine et Caraïbes souffre de grands déficits d’infrastructures par rapport aux économies les plus riches. La région a investi 2,8% de son P.I.B dans les infrastructures au cours de la dernière décennie, soit la moitié du niveau de l’Asie émergente.

D’autre part, le secteur textile en Haïti est sur le point de perdre à peu près 4 000 emplois avec la fermeture de deux usines opérées par des Coréens, H and H, installée à Carrefour, et Eliansa, basée à la SONAPI, sur la route de l’aéroport, a confirmé pour le Nouvelliste, Georges Sassine, ex-président de l’Association des Industries d’Haïti( ADIH), le mercredi 5 août 2020. Ces deux usines, selon des correspondances adressées à l’ADIH, ferment à cause d’un manque de contrats, a expliqué Sassine, craignant d’autres fermetures avec la récession économique qui frappe les États-Unis d’Amérique.

Cette nouvelle survenait à un moment où la situation d’insécurité alimentaire, dans laquelle patauge plus d’un tiers de la population haïtienne, s’aggrave particulièrement avec la dépréciation de la gourde. À cela, s’ajoute la fermeture de la frontière avec la République dominicaine, l’inflation persistante, et les effets liés à la COVID-19. Compte tenu du Bulletin des prix du mois de juillet du Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (Fews net), les récoltes de juillet et d’août n’apporteront qu’une amélioration minimale à la sécurité et à l’accessibilité alimentaire des ménages très pauvres. Selon les précisions du Bulletin, les récoltes de juillet et d’août, bien que faibles, amélioreront temporairement la disponibilité alimentaire et, ainsi, stabiliseront, pour une courte période, les prix de certains produits locaux, notamment le haricot et le maïs. Plusieurs départements géographiques du pays sont concernés par l’insécurité alimentaire à plusieurs niveaux. L’on s’attend à une insécurité alimentaire en crise (Phase 3 de l’IPC) dans le haut-Artibonite, le haut-Plateau, le bas-Nord-Ouest, le Nord-Est, les Nippes, certaines zones de l’Ouest, du Sud-Est, du Sud et de la Grand’Anse. Les autres régions (bas-Artibonite, bas-Plateau, Plaine des Cayes, etc.), où les récoltes s’annoncent plus ou moins bonnes, poursuit le bulletin, resteront en phase de stress.

Cette situation résulte du fait que les récoltes de printemps sont inférieures à la moyenne. En outre, les agriculteurs utilisent les revenus et les semences issus de ces récoltes pour lancer les campagnes agricoles d’automne et d’hiver. Les tenants de ce rapport prévoient que cette situation aura des effets négatifs sur ces deux campagnes, lesquelles représentent près de la moitié de la production agricole du pays. À cet effet, le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine prévoit un trimestre (juillet à septembre) où la situation n’est pas aussi alarmante comparativement au début d’année où les quatre communes du bas Nord-Ouest et Cité-Soleil, entre autres, figuraient parmi celles se trouvant dans la phase d’urgence alimentaire. Le tableau pour ce trimestre laisse croire que le niveau d’insécurité alimentaire ne devrait pas atteindre la phase d’urgence.

Altidor Jean Hervé

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