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Malgré la crise économique, le gouvernement se veut rassurant

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Le spécialiste en économie s’alarme face à la situation économique actuelle du pays, telle que présentée dans la Note de la Banque de la République d’Haïti pour le troisième trimestre de l’exercice fiscal en cours. «19,3 milliards de gourdes de recettes contre 46.2 milliards de gourdes de dépenses, rien que pour le troisième trimestre de l’exercice fiscal en cours», selon la BRH. Ces chiffres traduisent une situation financière catastrophique qui préoccupe au plus haut point John Earl Etzer Legros.

Sur l’ensemble de l’année fiscale, le gouvernement a collecté 61 milliards de gourdes et dépensé 106,8 milliards. Ce qui porte à environ 45 milliards, le déficit budgétaire au 30 juin dernier. L’expert en gestion financière déplore que 34 de ces 45 milliards de gourdes de déficit aient été couvertes par la Banque de la République. Il rappelle que le financement monétaire a des effets néfastes sur l’économie. John Earl Etzer Legros dit craindre une aggravation de la situation dans les prochains jours si, entre temps, rien n’est fait par les autorités concernées pour rectifier le tir. Le déficit budgétaire, évalué à plus de 45 milliards de gourdes au 30 juin dernier, risque d’atteindre les 60 milliards, fait remarquer l’analyste. Le comptable agréé insiste sur l’urgence, pour les autorités concernées, de prendre les dispositions nécessaires pour éviter une augmentation du déficit budgétaire.

«Il n’y a rien de surprenant dans l’explosion du financement monétaire», estime pour sa part, l’économiste Énomy Germain, soulignant le fait que, comme indiqué dans la note de la BRH, les recettes ont accusé une baisse trimestrielle de 12,4 % alors que les dépenses ont augmenté de 10,4%. Si l’économiste Germain admet que les dépenses effectuées dans le contexte de COVID-19 sont justifiées, il dénonce cependant le cycle des dépenses improductives et inutiles de l’État qui ont indubitablement de graves conséquences sur le taux de change, l’inflation et donc le coût de la vie.

«Ce sont les conséquences du phénomène “peyi lòk” qui continuera à faire des dégâts encore sur plusieurs mois, si aucun investissement consistant n’est fait dans le pays», a justifié le Premier ministre Joseph Jouthe, soulignant que «la COVID-19 a aussi des responsabilités dans la récession de l’économie nationale». «Il faut aussi noter la fuite de devises américaines qui devient un produit rare face au ralentissement du flux de transferts de la diaspora, aussi décapitalisée par les effets de la pandémie», a poursuivi le Premier ministre Jouthe, qui n’a pas donné de détails sur l’utilisation de ces 4 milliards de gourdes. «À la Primature, nous préparons déjà une note de cadre conforme à la réalité pour la préparation d’un budget programme, c’est-à-dire axé sur les résultats qui nous permettraient d’assainir les finances et renforcer l’économie nationale», a expliqué le chef du gouvernement, confiant, même si les appuis budgétaires tardent encore à venir. «Mais nous travaillons pour tomber sur nos deux pieds, à la fin de l’année fiscale, car nous aurons le temps, selon nos calculs, de régler le découvert à la BRH», a assuré le chef du gouvernement et ex-ministre de l’Économie et des Finances, sous Jean Michel Lapin.

Par ailleurs, le taux moyen avec lequel les banques du système vendent le dollar américain (TMA) vient d’atteindre la barre de 120 gourdes pour 1 dollar, soit une croissance d’environ 21% du taux par rapport à la date du déclenchement du coronavirus en Haïti. Il s’agit d’un record au sein du marché des changes dont les causes sont profondes et les conséquences des plus insupportables. Néanmoins, la Banque centrale a repoussé la date d’application de la circulaire et annoncé la modification de la circulaire 114-1 sur les transferts. «En raison des discussions qui se poursuivent avec tous les acteurs du secteur des transferts et de la nécessité de permettre aux institutions financières de finaliser les phases opérationnelles de la circulaire 114-1, la Banque de la République d’Haïti (BRH) avise les banques et les maisons de transfert du report de la date d’entrée en vigueur au 1er octobre 2020. La BRH en profite pour les informer que la circulaire modifiée sera acheminée dans les meilleurs délais», lit-on dans cet avis de la BRH aux banques et maisons de transfert, daté du 30 juillet 2020.

Altidor Jean Hervé

Lire la suite : Le budget rectificatif de juin 2020: le point de vue d’un citoyen Lambda

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