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La démolition de Shada: projet d’aménagement du territoire ou show médiatique du pouvoir Tèt kale ?

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Depuis le lundi 15 juin, dans l’après-midi, le pouvoir central a lancé une vaste campagne de démolition à l’entrée Est de la ville du Cap-Haïtien où s’étalent des quartiers populaires dont Nan Bannann, Conassa, Shada-1 et Shada-2. Ce dernier est sous l’assaut des excavatrices et des centaines de maisonnettes sont détruites. C’est une intervention dont la couverture est assurée par les différentes unités spécialisées de la PNH. Cette décision est venue, quelques jours après le meurtre du policier Joseph Larousse dans la zone de Shada-2, le mercredi 10 juin. La mort du policier serait la cause occasionnelle de la destruction de Shada, mais la question est beaucoup plus fondamentale. Les rivalités entre les gangs proches et ceux réclamant leur influence ont atteint un niveau dont les autorités n’ont plus le contrôle. Chaque jour, on enregistre des cas d’assassinat. Par cet acte perpétré à Shada, les autorités voulaient-elles prétendre résoudre la question de la sécurité ? Si c’est le cas, on doit s’attendre à des opérations du genre à Village-de-Dieu, Martissant, Cité-Soleil, Raboteau, Descarreaux, Saviens etc., pour traquer les bandits. Un pouvoir, qui a ses propres bandits qui agissent en toute impunité, ne peut prétendre combattre l’insécurité. En dépit des cris de la population contre les exactions du groupe de l’assassin dénommé Barbecue, à la solde du pouvoir, rien n’a été fait par les autorités du système judiciaire. Le pouvoir veut simplement écarter les éléments gênants et dangereux des quartiers populaires dont ils n’ont plus le contrôle. En effet, le projet de démolition de Shada n’est pas nouveau, mais son application fait face à une résistance de la part de la population qui exigeait un processus d’accompagnement des habitants de Shada-2. Alors, pourquoi aujourd’hui la population capoise garde-t-elle le mutisme, face à cette forme d’injustice des autorités de l’État ? Pas même les organisations dites des droits de l’homme n’ont pipé mot sur le sort des habitants de Shada. Les politiciens véreux veulent avoir le beurre, l’argent du beurre et le plateau. D’une part, ils utilisent certains bandits installés dans ces bidonvilles pour maintenir le pouvoir. D’autre part, ils activent une campagne de stigmatisation contre ces gens de quartiers populaires et, enfin, ils veulent concéder le littoral à de grands bourgeois pour faire des investissements. L’enjeu est de taille et les pauvres de Shada ne sont que des «cobayes» aux mains des autorités en quête de légitimité, à la fin de leur mandat. La position des différents membres du cartel municipal du Cap-Haïtien peut nous aider à bien comprendre la situation. Le maire principal, Jean-Claude Mondésir, dit ne rien savoir sur les travaux de démolition de Shada. Il affirme qu’il n’a pas été contacté à ce sujet. Pour lui, la présence d’employés ou membre du cartel aux opérations n’engage pas son administration. D’un autre côté, le maire adjoint Ezaï Lefranc, présent lors de l’opération, accuse le délégué départemental du Nord, Pierrot Degaul Augustin, comme étant celui qui a armé les bandits de Shada-2. Il dit avoir des preuves et est prêt à affronter Pierrot Degaul par-devant les tribunaux. Enfin, une note émanant de la mairie annonce que des opérations de démolition des maisons occupant le littoral, notamment de Pont-Neuf à la rue 5 boulevard, démarreront le samedi 20 juin 2020. Donc, il est clair que les opérations de démolition de Shada ne répondent à aucun projet d’urbanisation pour le Cap-Haïtien, pas même un plan de sécurité de la population, comme on voulait le faire croire. Mais plutôt, le pouvoir central voulait s’exhiber, dans un show médiatique pour montrer qu’il entend combattre l’insécurité. La mairie du Cap-Haïtien, en panne de projet pendant tout son mandat, veut profiter de cette intervention du pouvoir central pour se dédouaner de son incompétence. Seul un pouvoir progressiste et populaire peut adresser, de manière rationnelle, la question de l’aménagement du territoire et la gestion des habitants de la Cité de Christophe.

Darwin Saint-Julien

 

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