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La police est à la merci des sbires du pouvoir

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Un directeur général a. i. de la PNH qui promet des grades aux policiers s’ils arrêtent des policiers qui font partie du groupe «Fantom 509», un ministre de la Justice et de la Sécurité publique qui traite des agents de police de terroriste, un chef de l’État qui fait des promesses non tenues aux policiers, c’est ainsi que se résument les célébrations, à l’occasion du 25e anniversaire de la Police Nationale d’Haïti (PNH).

Le président Jovenel Moïse, dans un message préenregistré, a salué le courage des agents de police, le vendredi 12 juin. Il a salué le travail des agents de la Police Nationale, œuvrant auprès de la population, en vue d’assurer sa sécurité. «Cela fait 25 ans qu’une équipe de jeunes hommes et de femmes se bat pour accomplir une tâche noble, dure et ingrate, qui est de protéger et de servir le peuple. Et en vous protégeant et en vous servant, beaucoup d’entre eux ont perdu la vie. Ce 25e anniversaire est célébré dans un contexte particulier dû au coronavirus. Nous aimerions célébrer de manière grandiose, de grandes cérémonies religieuses, de grands défilés avec de nombreux policiers marquant le pas. Mais malheureusement, le coronavirus nous en empêche. Je veux saisir cette occasion pour rendre hommage à toutes les forces de police pour leur courage, pour leur engagement dans la lutte à côté des autorités sanitaires, pour lutter contre le coronavirus. En faisant observer les mesures-barrières et toutes autres mesures adoptées dans la lutte contre cette pandémie, en assurant la sécurité des centres de santé et de toutes les autres structures mises en place pour accueillir les malades nécessitant des soins, le pays est très heureux et vous remercie pour les grands efforts et sacrifices que vous déployez pour sauver nos frères et sœurs.»

Critiquant un secteur qui cherche à diviser la Police Nationale d’Haïti en induisant ses membres en erreur, le chef de l’État a plaidé en faveur de l’unité au sein de l’institution policière. «Aujourd’hui, le peuple et la police ont un ennemi commun, l’insécurité. Cette insécurité répand la mort dans le camp du peuple et dans le camp de la police. Beaucoup de personnes mal intentionnées veulent créer la division entre la police et le peuple. La formule: «diviser pour régner», ne peut plus fonctionner. Aujourd’hui, c’est en construisant une chaîne de solidarité, en s’aidant mutuellement que nous pouvons conduire le pays vers la voie du changement dont nous rêvons tous. Ce n’est pas en défendant nos intérêts personnels, ni en défendant les intérêts d’un petit groupe de personnes que nous pouvons créer un pays où chacun peut vivre librement, dans la paix et la sécurité. Policiers, c’est par le dialogue, la parole et l’écoute que nous pouvons résoudre tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Haïti est fatiguée des divisions, du “ôte-toi que je m’y mette”. Le pays est fatigué avec le système d’oppression et de diviser pour régner. Aujourd’hui, nous sommes les enfants d’un seul pays, nous n’avons qu’un choix : celui de nous unir pour lutter contre tous ceux qui ne veulent pas la paix, la sérénité et la stabilité dans le pays».

Il a encouragé les policiers à ne pas se laisser prendre aux pièges de la discorde, lorsqu’ils expriment leurs revendications. «Dans une démocratie, nous n’avons pas à nous mettre d’accord sur tout, mais […] nous devons trouver une entente sur nos désaccords, pour que de bonnes réformes puissent avoir lieu dans le pays, dans les domaines social, politique et économique. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons faire un front commun contre le chômage, la vie chère, l’insécurité et l’exclusion. La lutte que je mène contre un petit groupe qui veut imposer ses propres lois au pays nécessite le soutien, la compréhension et le dépassement de soi des élites, car le système d’oppression n’est bon pour personne. Comme je le dis toujours, le pays doit prendre une direction différente.»

De plus, Jovenel a appelé les dirigeants de la PNH à chercher à regagner la confiance de la population qui, dit-il, attend beaucoup de ses filles et de ses fils policiers pour assurer sa sécurité. «Le changement n’est jamais facile, surtout lorsqu’il s’agit d’une série de secteurs où le trafic d’influence, etc. existait, mais je vous dis chers policiers, en Haïti, le peuple vous demande de faire un sacrifice pour lui, parce que, quand il fait jour, c’est à ce moment-là qu’il fait plus sombre. Il y a des gens qui ne comprennent pas le sens de la lutte, mais je profite de cette grande journée pour vous dire que la véritable voie du changement est la voie de la réforme, nous ne pouvons pas parler de pays, de lendemain meilleur, si nous n’acceptons pas de faire le sacrifice aujourd’hui. Les choses sont difficiles, je le comprends, et je le sais, mais je vous dis, mères et pères de famille, que si aucune décision difficile n’est prise aujourd’hui, les choses vont empirer demain. Au cours des derniers mois, il y a une certaine turbulence, au niveau de la PNH, due à un ensemble de revendications qui pourraient se faire avec beaucoup plus de sérénité et de calme. J’exhorte les policiers et les policières de ne jamais se laisser prendre dans le piège qu’est la discorde. Nous sommes dans une mutation sociale. Nous avons besoin de beaucoup de sérénité. Nous ne devons pas laisser de place à la méfiance entre la population et la police. Aujourd’hui, quelqu’un qui fréquente un commissariat doit se sentir chez lui. L’objectif que doit viser l’institution policière est de restaurer un climat de confiance entre la Police et la population. La volonté du Gouvernement est d’instituer une Police de proximité, visant à répondre aux besoins de la sécurité des citoyens. Après 25 ans d’existence, la PNH a acquis suffisamment de maturité et d’expériences, afin de s’organiser pour répondre aux besoins de sécurité exprimés par la population. La PNH n’a pas seulement grandi en maturité, elle a aussi grandi en effectif de qualité pour répondre aux énormes défis rencontrés. Je sais que la tâche est immense et les enjeux sont énormes. Le peuple veut compter sur votre bonne volonté et vos capacités à surmonter les défis de tous genres auxquels vous aurez à faire face», a-t-il conclu.

Emmanuel Saintus

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