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Quand la caravane des promesses passe

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Volontairement ou accidentellement, le non-lieu des élections législatives a marqué historiquement la caducité du Parlement. Les anciens parlementaires de la 48ème législature sont partis, pas à cause de leur incompétence, de leur «dwèt long» ou cleptomanie, mais plutôt, ce fut le résultat d’un coup politique qui dénote de l’intelligence. D’un autre côté, il faut comprendre que lorsque c’est le pouvoir exécutif qui doit organiser l’élection ou la réélection de ses opposants, la motivation fait défaut. Et les répercussions ou implications légales sur les autorités en place sont nulles. Ceci fut démontré après les tentatives des sénateurs déchus de sauver la face, en sollicitant l’aide d’un système judiciaire qu’ils avaient, eux-mêmes, affaibli. La réponse : «le tribunal est incompétent», bien que théâtrale, enterra les maigres espoirs de ces «anciens» patrons. Et le CEP chanta leur libera, avec le même hymne de l’incompétence.

Vaut-il la peine de sympathiser avec ces anciens parlementaires qui étaient trop occupés dans des causeries banales et des querelles fratricides, au lieu de rédiger des lois? En l’absence de sanctions ou de lois punitives, l’Exécutif peut se réjouir d’avoir facilité un changement radical et stratégique dans la balance du système des trois pouvoirs. Aujourd’hui, la théorie des trois pouvoirs ne tient plus en Haïti. L’Exécutif exécute ses propres lois en toute immunité. Le Législatif qui agissait en toute impunité devient un symbole de caducité, un souvenir de mauvais goût au peuple haïtien. Et la Justice opère en toute partialité comme une branche de l’Exécutif.

«Ti rès la pou prezidan an»

Grâce aux flous de nos lois, tout le pouvoir revient aux mains du président. Et dans ce cas, il n’y a rien de criminel si le président se demande si organiser des élections ne serait pas synonyme d’une gratification, d’un couronnement à ses plus farouches adversaires. Bizarrement, quand on s’attendait à un «repeat» d’une extension illégale ou période de grâce des mandats des parlementaires sortants, le président de la République, M. Jovenel, avait décidé autrement. Décision méchante ou sage, tout dépend de la personne qui juge. L’important c’est que le message était clair : «Piyay la fini». Pas une rondelle de plus du trésor royal aux valets rebelles et traîtres!

Nouveaux plans, nouvelles promesses

Les anciens parlementaires, ces grands dépensiers du trésor public, une fois écartés, l’Exécutif devient le seul gaspilleur légitime des maigres ressources du pays. Le peuple, avide d’une bouffée d’espoir, s’appuie gracieusement sur de nouvelles promesses. Et quand il s’agit d’endormir ou de faire rêver les pauvres, nos dirigeants sont des experts. Les douze millions de dollars américains que nous coûtaient nos honorables déshonorés tous les mois, la nation verrait plusieurs chantiers avec de nouveaux hôpitaux, de nouvelles écoles selon les discours passionnés du Président. Comment expliquer avec de telles maigres sommes qu’on puisse faire, en quelques mois, ce qu’on n’avait pas fait pendant dix ans avec les plus de quatre milliards de dollars du programme de PetroCaribe? Tristement, les deux dernières années ont prouvé combien est judicieux ce vieil adage: «Les promesses sont aisées mais leurs réalisations difficiles».

 Le peuple est aux abois

La pandémie de COVID-19, (coronavirus) qui déstabilise le monde, depuis quelques mois, est comme un cadeau tombé du ciel. Une fois l’état d’urgence nationale déclarée sur le territoire national, l’État peut agir en toute liberté sans se préoccuper des contraintes légales. Couvre-feu, interdiction de manifester, interdiction de s’attrouper sous peine d’amende, dépenses et acquisition sans passation de marché public, etc. Le peuple, étouffé par les mesures restrictives mais nécessaires, ne s’intéresse qu’à sa survie, pour le moment. Ce n’est pas le moment de demander des comptes au gouvernement sur l’impact réel de la caravane de changements. La priorité numéro 1 du Pouvoir, est sa propre survie. Avec les caisses de l’État en rouge, la Caravane de Changement ne passe point. Certains optimistes nourrissent l’espoir d’une nouvelle caravane, celle chargée de médicaments, de masques ou de vaccins, capable de sauver le peuple haïtien des effets néfastes de la COVID-19. Pour l’instant, on doit se rappeler d’une variation sur la formulation du proverbe: Quand la caravane des promesses passe, le peuple est aux abois.

Rodelyn A.

Écrivain & Poète

Journal Haïti Progrès

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