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La rage des policiers

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La police n’était déjà plus compétente, en temps ordinaire, pour participer au maintien de l’ordre. Elle n’est concernée, en principe, que par la répression qu’elle doit mener contre le mouvement anti-Jovenel. Mais, en fermant les yeux sur les conditions de vie et de travail des policiers ainsi que leur mission, le pouvoir fait face, aujourd’hui, à une insurrection policière. Néanmoins, tant que l’oligarchie est puissante, toute tentative contre ce régime échouera. Depuis quelques mois, le régime fait face à des mouvements populaires, le peuple exige le départ de Jovenel Moïse du pouvoir. Mais ce corrompu n’a pas arrêté de faire de fausses promesses. Le pouvoir utilisait alors la police et des mercenaires pour réprimer la masse. Si la médaille présente bien une face attractive, son fabricant ne s’est peut-être pas fatigué à soigner l’autre face, éventuellement laissée brute, car cela coûte moins cher et, une fois la médaille posée sur son présentoir sous verre, personne ne s’amusera à aller voir ce qu’il y a derrière.

Bien sûr, on aura compris que ce revers de la médaille n’est qu’une métaphore qui indique que, pratiquement, toute chose ou personne, d’apparence plaisante, cache généralement un ou des défauts qu’on ne distingue pas au premier abord. Malheureusement, depuis Adam et Ève, la perfection n’est pas de ce monde. Mais le vent a tourné contre Jovenel Moïse qui utilisait les policiers pour traquer le peuple qui exigeait une meilleure condition de vie et la fin de la corruption. Au lieu d’entendre les revendications des policiers, le pouvoir a choisi la manière forte, en procédant à la révocation de cinq (5) policiers parmi lesquels: la cheffe de file, Yannick Joseph. Il a, également, lancé des mandats d’amener et des interdictions de départ contre des personnes, accusées par le pouvoir d’être derrière le mouvement des policiers. En effet, des mandats d’amener ont été lancés contre Dimitri Vorbe, et une interdiction de départ a été émis contre Bennett dit Titony pour complot contre la sûreté de l’état et association de malfaiteurs. Le lundi 24 février, la situation était très tendue dans diverses grandes villes en Haïti, à la suite du mouvement des policiers qui réclament une meilleure condition de vie et la mise en place d’un syndicat. Des barricades enflammées ont été érigées dans divers coins de la capitale, les activités de transport ont été complètement paralysées. Le carnaval a été également annulé. En effet, plusieurs centaines de personnes, dont des policiers, des motards, des hommes armés, encagoulés ont manifesté dans les rues de la capitale, Port-au-Prince, et dans diverses villes de province, les dimanche 23 et lundi 24 février 2020. Sur leur parcours, les protestataires ont tiré en l’air, ils ont saisi les clés des voitures privées pour en faire des barrages. Ils ont endommagé des véhicules immatriculés Service de l’État. La tension a monté d’un cran au sein de la PNH, à la suite des déclarations et des décisions du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), présidé par le Premier ministre Jean-Michel Lapin, à l’encontre de certains policiers, moins de 72 heures (le mercredi 19 février) après leur premier mouvement où ils avaient incendié plusieurs estrades en construction pour le carnaval au Champ-de-Mars. «Si Jovenel réalise le carnaval on lui offrira de l’argent» ; «Pa manyen lapolis la. W a boule» ; «Viv Yannick, aba Jovenel», ont été les propos scandés par les policiers. Ce droit revendiqué par les policiers, est garanti, à l’article 249 de la Constitution qui soutient le droit syndical. Le lundi 24 février, de nombreux coups de feu et des rafales d’armes automatiques ont été entendus dans l’aire du Champ-de-Mars, près du Palais national, suite au mouvement des agents de la police qui exigeaient la réintégration des policiers révoqués injustement. Le dimanche 23 février, des affrontements ont eu lieu entre des agents de la Police Nationale d’Haïti, exigeant des autorités l’acceptation de la formation du syndicat de la Police Nationale d’Haïti (SPNH) et aussi la démission du chef de l’État, celle des membres des Forces Armées d’Haïti et des membres de la Direction Départementale de l’Ouest de la Police Nationale d’Haïti (DDO-PNH). La situation a dégénéré en un affrontement entre policiers en civil, se réclamant du syndicat de la police nationale, d’autres policiers en uniforme, face à des membres des FAD’H. Depuis leur quartier général, ceux-ci ont fait feu, lorsque des policiers ont voulu détruire un stand présidentiel, installé dans la cour du Quartier Général. Les soldats des Forces Armées d’Haïti (FADH) ont tiré des coups de feu au moment où des protestataires ont tiré en l’air. Des tirs nourris ont été échangés entre les policiers et les soldats assiégés dans leur camp. Le bilan fait état de trois (3) morts dont un (1) militaire, un (1) policier et un jeune manifestant de 17 ans qui a été atteinte d’une balle à la tête, et de plus d’une dizaine de blessés dont un militaire quatre policiers et plusieurs civils. À rappeler que, suite au mouvement des policiers, le lundi 17 février, le premier ministre de facto, illégal, avait qualifié les policiers de «barbares et d’extrémistes». «Le gouvernement de la République a observé avec consternation que des policiers se réclamant d’un syndicat autoproclamé, accompagnés d’individus encagoulés, en marge de leurs revendications, ont attaqué la direction générale de la Police nationale d’Haïti, puis ont mis le feu aux stands dressés dans l’aire du Champ-de-Mars, en préparation du carnaval. Ces actes barbares, illégaux, inadmissibles et indignes du policier, viennent rappeler la violence aveugle des extrémistes et des terroristes qui se cachent derrière des revendications pour semer le trouble et le chaos. Ils laissent entrevoir les mains expertes des ennemis de la liberté et de la démocratie qui profitent des moindres occasions et défaillances pour s’attaquer aux institutions de la République», avait soutenu ce communiqué du Premier ministre qui avait aussi prévenu que les «auteurs, coauteurs et complices doivent s’assumer pour y répondre tant administrativement que judiciairement». Et de poursuivre que ces policiers ne sont pas révoqués parce qu’ils réclamaient un syndicat, ils ont le droit de réclamer de meilleures conditions de travail. Ils ont été révoqués pour indiscipline, violence et acte de vandalisme». Et Jean-Michel Lapin de conclure, ces policiers ont fait l’objet d’une enquête à cause de leur comportement à l’IGPNH, le 7 février dernier. «C’est cette enquête qui aboutit à cette décision administrative», a-t-il fait savoir. Pour sa part, le ministre de la Justice, Jean Roudy Aly, qui a approuvé la décision du directeur général de la PNH, a énuméré les fautes reprochées aux policiers révoqués. «Ils sont renvoyés pour comportement irrévérencieux et comportement séditieux. Il peut y avoir aussi des sanctions pénales puisqu’il y a eu incendie de biens publics, tentatives d’assassinat», a-t-il précisé.

Emmanuel Saintus

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