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La crise politique, une punition de plus pour les détenus

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Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a présenté, le mardi 5 novembre dernier, un rapport sur l’impact de la crise sociopolitique que connaît le pays sur les conditions générales de détention, dans les juridictions du pays. Le constat est alarmant. Les conditions de détention empirent car les détenus n’ont pas accès aux services essentiels à leur survie, notamment à l’eau potable et aux soins de santé. «Les opérations de verrouillage et la crise sociopolitique actuelle qui sévit dans le pays, impactent considérablement la vie en milieu carcéral. La tournée réalisée par le RNDDH, au cours du mois d’octobre 2019, a démontré que les conditions de détention, déjà préoccupantes, deviennent chaque jour un peu plus alarmantes», a révélé le Réseau national de défense des droits humains. Le 5 novembre 2019, la population carcérale haïtienne, selon le RNDDH, est estimée à 11 529 détenus. 8 578 d’entre eux, soit 74,41 %, sont en détention préventive prolongée. Seulement 25,59 % sont condamnés. Entre septembre et octobre 2019, parmi les 8 578 détenus, seuls 465 ont bénéficié d’ordres d’extraction judiciaire émis par les rares magistrats qui ont essayé de traiter les dossiers dont ils ont la charge. La population carcérale est dense. Cependant, dans son rapport, le RNDDH indique qu’aujourd’hui, trois centres carcéraux ne reçoivent des stocks de nourriture que pour deux à trois jours. Il s’agit des prisons civiles de Cabaret, de la Croix-des-Bouquets et de Port-au-Prince. «Seul le Centre de réinsertion des mineurs en conflit avec la loi (CERMICOL) reçoit des stocks pour une durée d’un mois», souligne l’organisme. Depuis le début de cette crise, neuf centres de détention n’ont pas été réapprovisionnés par la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP), qui devrait tenir compte de la population carcérale et de la ration alimentaire minimale devant préserver la santé des détenus. Ce sont, notamment: les prisons civiles du Cap-Haïtien, de la Grande-Rivière du Nord, de Port-de-Paix, de Hinche, de Jacmel, de l’Anse-à-Veau, des Cayes, de Jérémie et de Saint-Marc. La DAP omet de répondre à sa mission. Le RNDDH a répertorié au moins sept prisons civiles, soutenues par des particuliers, des organisations caritatives et des organisations non gouvernementales. D’autre part, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), après sa tournée dans 17 centres de détention du pays ainsi que dans 3 commissariats convertis en prison du 15 au 31 octobre 2019, a permis de relever que depuis plus de 4 mois, la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) a du mal à renouveler les stocks de nourriture de certaines prisons et que les frais de condiments, acheminés irrégulièrement, ont été réduits pour certaines prisons et coupés pour d’autres. Le RNDDH souligne que, depuis le 16 septembre 2019, dans 3 prisons de Port-au-Prince, de Croix-des-Bouquets et de Cabaret, les stocks de nourriture ne sont renouvelés que pour 2 à 3 jours alors que les prisons de Hinche, de Grande Rivière du Nord, du Cap-Haïtien, de Jacmel, d’Anse-à-Veau, des Cayes, de Jérémie, de Port-de-Paix et de Saint-Marc n’ont reçu aucune nourriture de la DAP. L’organisation de droits humains indique que les prisonniers ont pu recevoir de la nourriture grâce à l’intervention de certains citoyens et de certaines organisations caritatives. Selon les informations fournies par le Réseau de défense des droits humains, la prison civile de Mirebalais, a reçu de la nourriture de la DAP les 25 octobre et 2 novembre 2019. À l’exception de CERMICOL et à Saint-Marc, les détenus ne reçoivent qu’un repas par jour, en quantité et en qualité réduite. En outre, le RNDDH informe que le gaz propane étant épuisé, c’est le charbon de bois et le feu de bois qui sont utilisés pour la cuisson des aliments. Plusieurs prisons ne sont pas alimentées en eau, fait remarquer le rapport du RNDDH. En raison de l’inaccessibilité des routes, les stocks de médicaments ne sont pas renouvelés par la DAP, a révélé l’organisation de Droits humains. C’est une situation qui est extrêmement alarmante et qui pourrait causer de graves problèmes de santé. «Les détenus, qui ne se sentent pas bien, ne peuvent même pas recevoir un analgésique pour un mal de tête, alors qu’ils ne sont plus acheminés dans les centres de santé ou les hôpitaux, lorsque leurs cas dépassent les compétences du personnel médical sur place», peut-on lire dans ce rapport, soulignant au passage que les kits hygiéniques ainsi que les produits et matériels de nettoyage ne sont pas renouvelés. Les parents et les proches des détenus ne peuvent plus aider la DAP, en apportant de quoi survivre aux prisonniers des geôles, à cause du climat d’insécurité du pays. De manière générale, les prisons ont accès à l’eau. Cependant, pour certaines d’entre elles, l’eau constitue un défi quasi insurmontable. Celles qui dépendent de la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA) ainsi que les prisons disposant de puit artésien sont les seules à ne pas être confrontées à ces difficultés. En outre, le RNDDH a témoigné que «dans la prison civile de la Croix-des-Bouquets ainsi qu’au CERMICOL, une évaluation de la conjoncture est faite chaque jour, pour permettre aux détenus de prendre l’air pendant au moins une à deux heures par jour, alors qu’à la prison civile de Cabaret, seules les mineures ont accès au plein air». Durant toute la crise, les détenus des autres prisons sont maintenus en cellules. L’organisme de défense des droits humains recommande aux autorités étatiques et aux responsables de la DAP, pour résoudre une bonne fois pour toutes ces problèmes, de distribuer rapidement des stocks de nourriture aux prisons, en tenant compte du nombre de détenus par prison et de fournir les frais de condiments après leur révision à la hausse, tenant compte du taux d’inflation actuel. Il convie également les acteurs concernés à payer les dettes contractées par les responsables de prison, à rémunérer à temps et régulièrement les agents de la DAP. «Il faut aussi approvisionner les prisons en médicaments, en gaz propane, en kits hygiéniques et en produits de nettoyage».

Altidor Jean Hervé

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