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Pays lòk, source d’insécurité et de violation de toute sorte

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Depuis plus de 7 semaines, les mouvements de protestation réclamant la démission du président Jovenel Moïse, réduisent le fonctionnement normal des activités dans le pays. Tout va au ralenti où ne marche pas du tout, notamment les écoles qui ne parviennent pas à fonctionner depuis la rentrée académique. Les acteurs politiques n’arrivent pas à trouver un accord pour sortir de cette crise qui est à son plus haut niveau depuis tantôt une année. Comme ils ne veulent pas s’entendre, aucun d’entre eux non plus n’a pris le dessus. Une des couches de la société qui subit, le plus, les effets de cette crise politique, est l’ensemble des usagers des routes nationales du pays, regroupant principalement les transporteurs, les petits et grands commerçants, les particuliers, surtout ceux qui font face à toutes sortes de situation d’urgence, comme le fait de circuler d’une ville à une autre. En fait, la forme de protestation la plus courante de nos jours, utilisée en Haïti, est le blocage des routes. Ces dernières années, cette pratique est devenue l’expression la plus visible de l’ingouvernabilité du pays. Il est rare que durant les 5 dernières années, il ne passe un jour sans que la police ne se trouve dans l’obligation d’aller affronter des résidents pour débloquer un axe routier quelconque. Alors, durant cette période «lòck», la situation a empiré sur les routes nationales. La zone métropolitaine de Port-au-Prince se trouve coupée, par voie terrestre, des autres régions du pays comme: le grand Sud, le Centre et le grand Nord, y compris l’Artibonite. Moïse Francklin Casimir, dit Ti Moyiz, quittait les locaux du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales (MICT) s’apprêtant à gagner la maison d’un ami, lorsqu’il a buté sur un groupe de manifestants qui lui demandent de débarrasser le plancher car, crient-ils, ce dernier n’est pas autorisé à fréquenter les parages pendant les «mouvements». «Ils m’ont accusé d’être l’homme de main du pouvoir, que ma place est ailleurs et non aux abords du Champ-de-Mars. À peine ai-je essayé de rétorquer que ces bandits m’ont assommé de plusieurs coups à la poitrine, ont lancé plusieurs bouteilles en ma direction. Blessé, je me suis vite rendu au commissariat de Port-au-Prince (Pompier), en quête de secours», raconte celui qui a été candidat pour la municipalité de Delmas sous la plateforme politique «Ansanm patriyòt pou lavni Ayiti (APLA), au cours des élections de 2015. Moïse Francklin Casimir confie plus loin qu’une unité de police s’est immédiatement rendue sur les lieux de l’incident pour capturer les agresseurs. «Voyant le back-up (le véhicule de police) arriver, ils ont tous pris la poudre d’escampette. Craignant pour ma sécurité, les policiers m’ont accompagné au tribunal de la section Sud de Port-au-Prince pour les suites légales. Je suis donc rentré chez moi pensant qu’il n’y aura pas de représailles. À ma grande stupéfaction, des hommes y sont venus égrener des tirs aux environs de deux heures du matin», s’inquiète le trentenaire, qui dit apprendre à la radio que son nom est cité comme celui qui a agressé, par balle, plusieurs militants qui manifestaient au Champ-de-Mars.

Cette période de turbulence que connaît le pays, depuis ces sept (7) semaines, ne fait pas que ralentir les activités économiques et sociales du pays. Autre corollaire, les gangs armés ont profité de cette instabilité chronique pour pulluler et semer la terreur dans les principales artères de la capitale haïtienne. Des victimes témoignent de leurs péripéties. Des cas de meurtre, de braquage ou de vol à main armée, parmi tant d’autres, sont recensés à travers le pays, ces derniers mois. Ce qui prouve clairement que les gangs armés n’ont pas chômé durant les «Peyi Lòk». Des commissariats de police et des tribunaux de paix pillés ou incendiés, un système judiciaire dysfonctionnel. Les rues et les routes nationales sont livrées aux bandits, qui ont pratiquement le champ libre. Les forces de l’ordre, malgré la multiplication des manifestations de rue, tentent parallèlement de dévier certaines attaques armées. Si la crise politique actuelle fait le bonheur des hommes armés dans plusieurs coins du pays, elle fait en revanche des victimes, parfois des inconnus dont le seul tort qu’on leur reconnaît c’est de se trouver sur le lieu du crime, à un moment inopportun. C’est une situation affligeante qui ne peut laisser personne indifférent.

Depuis le 16 septembre, suite à un appel à la grève, lancé en raison de la pénurie de carburant, le pays est paralysé avec des manifestations en cascade, la fermeture des écoles, l’incapacité des hôpitaux de fonctionner, lit-on dans le rapport. «Lors des journées du 27 et 30 septembre 2019, au moins six morts et soixante-quatre blessés par balle (réelle/en caoutchouc), entre autres, ont été recensés (CARDH), Haïti au cœur de violation des droits humains», poursuit ledit rapport. Ayant suivi les différentes mobilisations, CARDH ainsi que d’autres organisations ont dit constater comment la police, dont la mission est d’assurer la protection des vies et des biens, ainsi que le respect des libertés, se sont progressivement lancées dans une grande opération de répression systématique, violant ainsi les droits des citoyens à la vie, à l’intégrité physique. Cependant, l’Unité de sécurité générale du Palais national (USGPN), l’Unité départementale de maintien de l’ordre (UDMO) et le Corps d’intervention et du maintien d’ordre (CIMO) sont les plus impliqués dans cette opération. Le CARDH dit avoir attiré l’attention de la Direction générale et de l’Inspection générale de la PNH sur la présence de l’Unité de sécurité générale du Palais national (USGPN) et son implication présumée dans des actes de bastonnade et des tueries d’au moins six manifestants, d’une balle à la tête, dans les manifestations des 17 et 18 octobre. Ajoutant que le 10 juin 2019, le commandant de ladite Unité (USGPN), Dimitri Hérard, a ouvert le feu sur des manifestants, faisant au moins quatre blessés, et le mercredi 16 octobre 2019, une patrouille de l’USGPN, postée dans les parages du Champ-de-Mars, a fait feu sur des participants aux funérailles de deux manifestants, lors des récentes mobilisations. Au moins deux blessés ont été enregistrés, a souligné l’organisme de défense des droits humains. À en croire le rapport, les corps d’intervention UDMO et CIMO exercent des actes de répression contre les manifestants, et les rassemblements sont violemment dispersés, notamment à l’aide de gaz lacrymogène. Le 17 octobre, le journaliste correspondant de radio Zénith aux Cayes, François Jacquelin, a violement été battu par des agents de l’UDMO parce qu’il faisait remarquer qu’ils ne devaient pas porter des cagoules, conformément aux dispositions prises par le haut état-major de la PNH pour mieux gérer les dérives policières, toujours selon le rapport. Par ailleurs, le CARDH recommande à la Direction générale et à l’Inspection générale de la PNH d’enquêter sur cette anomalie et de faire le point, en assumant leurs responsabilités, afin de consolider les acquis de l’institution et de la préserver de toute emprise politique. En soulignant que ces cagoulards portant des uniformes de police, semant la mort, ces voitures sans plaque, ces mercenaires en mission sur le territoire, ces inconnus (étrangers) assurant la sécurité du président laissent présager que l’institution policière est au bord du précipice.

Altidor Jean Hervé

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