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Les effets aigus de la crise politique sur l’économie

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Le taux de croissance du PIB d’Haïti n’a jamais été aussi bas depuis quasiment une décennie. Il est de 0,1 % en 2019, a révélé la revue de l’économie mondiale du Fonds monétaire international (FMI), publiée en début de semaine dernière, à Washington. La dernière fois que l’économie haïtienne a affiché ce taux de croissance, c’était en 2010, l’année du tremblement de terre. L’avenir d’Haïti, à en croire les prévisions du FMI, n’est pas des plus radieux. Les projections du Fonds tablent sur une croissance de 1,2% pour l’année prochaine. Entre-temps, la note de conjoncture et de politique monétaire de la BRH est attendue avec impatience pour donner l’heure qu’il est à la montre d’Haïti, un pays pauvre dont la nature des dépenses publiques est très évocatrice. Le Tableau des opérations financières de l’État (TOFE), d’octobre 2018 à août 2019, renseigne, de manière non équivoque, sur l’efficacité de l’administration centrale de l’État, quand il s’agit d’effectuer des dépenses de fonctionnement et de sa grande incapacité à investir. Les dépenses courantes, d’octobre 2018 à août 2019, ont atteint 66 milliards 398 millions, par rapport aux 62 milliards 783 millions de gourdes, de l’exercice précédent, soit une variation de 10 %, selon le TOFE. Les salaires des employés permanents ont été de 25 milliards de gourdes contre 23 milliards, soit une variation de 8 %. L’administration centrale de l’État a payé presque la moitié du montant des salaires des employés permanents aux contractuels et consultants «autres», soit 11 milliards 768 millions de gourdes. Il y a une augmentation de 4 % en considérant les 11 milliards 331 millions de l’exercice précédent, lit-on dans le TOFE.

Pour l’acquisition de biens et services (fonctionnement), sans communication actualisée au public, de l’inventaire des biens de l’État, il y a 19 milliards 716 millions de gourdes. Ces dépenses ont augmenté de 3 %, comparativement à l’année dernière, lorsqu’elles étaient de 19 milliards 120 millions de gourdes. Les subventions et autres transferts, bien qu’en diminution de 12 % par rapport aux 7 milliards 554 millions de l’exercice précédent, ont totalisé, entre octobre 2018 et août 2019, 6 milliards 612 millions de gourdes. Mais quand il s’agit d’investissements publics, ils ont connu une diminution de 67 %, indique le TOFE. L’État, entre octobre 2018 et août 2019, a investi 2 milliards 568 millions de gourdes contre 7 milliards 554 millions, l’an passé. L’État accorde 4 milliards de gourdes, en plus des subventions, comparativement aux investissements. Dans la rubrique «Projets d’investissements», 1 milliard 975 millions ont été affectés contre 6 milliards 879 millions de gourdes l’an passé, soit une diminution de 71 %. Pour «machinerie et équipements» il y a 865 millions de gourdes contre 594 millions l’exercice précédent, selon le TOFE. Le Tableau des opérations financières de l’État (TOFE), disponible sur le site du ministère de l’Économie et des Finances, indique qu’il y a zéro gourde d’arriérés nets, alors qu’il est connu que l’État doit beaucoup d’argent à des compagnies de construction et à des compagnies pétrolières, en lien aux subventions des produits pétroliers. Avec ces derniers mouvements qui ont quasiment paralysé toutes les activités économiques dans le pays, la situation dans le secteur touristique, qui ne se portait déjà pas trop bien, a empiré. «La situation est très préoccupante», a confié Raina Forbin, présidente de l’Association touristique d’Haïti (ATH). Les employés des entreprises évoluant dans ce secteur ont été contraints de se terrer chez eux pendant ces six dernières semaines. Les activités ont tourné au ralenti dans certains établissements. Mais ce nouvel épisode de «peyi lòk» n’est que la dernière goutte qui a fait déborder le vase. «Déjà, il y avait une baisse assez importante des opérations, en raison du manque de visiteurs constaté depuis quelque temps», a déclaré Raina Forbin, soulignant le poids des interdictions de voyager en Haïti émises par les États-Unis ou le Canada, dans cette situation. En 2015, par exemple, le nombre de touristes qui sont arrivés uniquement par avion en Haïti, était estimé à 515 000 personnes. En 2018, ce chiffre est passé à 420 000, selon Raina Forbin qui n’a pas encore les chiffres pour 2019. Mais elle est sûre que le nombre de visiteurs va encore diminuer. «Le trafic aérien a diminué de 30%», avance la présidente de l’ATH, avant d’ajouter que, pour le mois d’octobre, les activités ont atteint le niveau le plus bas jamais constaté dans le secteur. Les mouvements de protestation n’ont en rien aidé. «Le peyi lòk est venu compliquer la situation», regrette Mme Forbin. La présidente de l’Association touristique d’Haïti confirme que plusieurs entreprises, membres de l’association qu’elle dirige, ont été amenées à prendre des «mesures drastiques», en vue de protéger l’existant. Des mesures prises non de gaité de cœur. «Cela nous attriste. Ce sont des employés qui ont travaillé très dur, dans l’objectif de créer un environnement stable pour leur famille, qui vont se retrouver, du jour au lendemain, au chômage ou qui vont être mis en disponibilité», se désole Raina Forbin, expliquant que ces entreprises, qui font face à une baisse de revenus, n’ont pas d’autres choix. C’est toute la chaîne des valeurs du secteur touristique qui va être affectée, souligne-t-elle. À la Avis qu’elle dirige et qui emploie environ 120 personnes, une vingtaine d’employés vont être mis en disponibilité, annonce-t-elle. «Les emplois, dans le secteur touristique, vont être réduits de 50 à 60%», craint la présidente de l’ATH.

Altidor Jean Hervé

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