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Le micmac de la rentrée scolaire

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Dans un peu moins d’une semaine, ce sera la rentrée des classes.  Selon le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, le calendrier de l’année scolaire est connu.  Elle s’ouvre le lundi 9 septembre prochain.  Le décompte est en marche.  Mais, dès qu’on parle aux acteurs, parents ou enseignants, on sent qu’il y a un malaise. On ne sait pas si c’est septembre qui nous tombe dessus trop vite ou si c’est nous, chacun en ce qui le concerne, qui sommes en retard.  Le nœud de l’affaire, dans tous les cas de figure, demeure l’argent.  Il est rare, et dans certains foyers, il n’y en a pas, tout simplement, pour faire face aux dépenses de la rentrée.  Le ministère de l’Éducation nationale est pauvre.  Le programme de subvention de manuels scolaires, introduit par le premier ministre Marc Bazin, au début des années 90, a accumulé des retards cette année.  Les éditeurs s’en plaignent.  Les parents le regrettent.  Les familles se sont appauvries, d’une année à l’autre.  Tous les marchands de fournitures classiques, des grossistes aux simples marchands de plumes et de cahiers, sont inquiets.  Les ventes sont rares.  L’affluence attend-elle les derniers jours, la veille de la rentrée?  Les directions d’école s’impatientent.  Les économats sont peu fréquentés.  Des carnets de l’année dernière dorment encore sur les étagères.  Quant aux créances nouvelles, n’en parlons pas.  Depuis que les écoles se sont mises à la mode des t-shirts, tailleurs et couturières se sont habitués à voir tarir leur clientèle.  Il ne leur est même plus nécessaire de mentir sur les délais de livraison.  Ils ont du temps libre, cette année.  Le neuf et bel uniforme est une coquetterie qu’on essaie d’éviter.  Les parents n’ont pas d’argent.  L’État n’a pas d’argent.  La rentrée se fera comme chacun pourra.  Les résultats de l’appel d’offres, lancé en mars 2019, pour la production de livres qui seront subventionnés par l’État haïtien pour l’année scolaire 2019-2020 ne sont pas encore communiqués.  « Personne ne sait quels éditeurs ont remporté l’appel d’offres et quelles quantités de matériels ils vont produire», a déclaré Peter Frisch de la Maison Henri Deschamps. Si nous sommes encore à ce stade, nous ne pouvons même pas parler de contrat entre les maisons d’édition et l’État, a fait remarquer Peter Frisch.  Il ne voit pas comment les livres subventionnés seront disponibles dans les magasins, avant le 9 septembre.  « Même si on trouvait une entente aujourd’hui, on n’aurait pas le temps matériel pour la production », dit-il.  Pour que les éditeurs aient le temps de se préparer, les résultats de l’appel d’offres devraient être rendus publics quatre mois à l’avance, dans le « pire des cas », selon Peter Frisch.  Si les manuels sont certes disponibles dans les magasins et dans les directions des établissements scolaires, les parents doivent les payer au prix fort, sans subvention.  « Il n’y a pas encore eu d’accord de subvention.  Je ne suis pas au courant de ce qui se dit dans les médias », a indiqué le numéro 1 de la Maison Henri Deschamps.  « Le processus a été lancé depuis novembre 2018.  Aujourd’hui, nous nous préparons à payer les premières et deuxièmes tranches aux éditeurs, et des instructions claires ont été passées afin que tous les livres soient prêts, bien avant le début de la rentrée scolaire », avait déclaré le ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, le mardi 13 août, concernant la subvention des livres.  700 millions de gourdes sont prévues pour la subvention des ouvrages scolaires et les dotations pour l’année académique 2019-2020, avait annoncé le ministre.  De son côté, le coordonnateur de l’Union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH), Josué Mérilien, dénonce les actes de corruption du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), les conditions de misère de l’enseignant et la cherté de la vie. « C’est inacceptable ! », a scandé Josué Mérilien, en conférence de presse, condamnant les déclarations récentes du ministre titulaire du MENFP, Pierre Josué A. Cadet, qui, selon lui, a pris position au profit de l’oligarchie, pour avoir déclaré dans la presse que les directeurs d’écoles privées ont le droit de fixer leurs prix.  Jugées ”indécentes”, de telles déclarations démontrent que Pierre Josué Agénor Cadet, en critiquant la loi sur les frais scolaires, ne connaît ni la mission ni la tâche du ministère, a estimé l’enseignant, se référant à l’article 32 de la Constitution.  Le syndicaliste a fixé la position de l’UNNOH au sujet de la rentrée scolaire, dans un contexte socio-économique insoutenable, renforcé par la mauvaise gouvernance et la corruption.  « Nous sommes à la fin du mois d’août et les professeurs n’ont pas encore touché le mois de juillet », a-t-il lâché, pour évoquer les cauchemars de la vie de l’enseignant.  Qualifiant de ”malhonnêtes et de violents”, les actes de malversation des autorités du ministère de l’Éducation nationale à leur égard, les étudiants finissants de l’école normale, de leur côté, se disent prêts à tout affronter pour faire respecter le protocole d’accord pour le renforcement du système éducatif.  Les protestataires déclarent rester mobilisés pour renforcer leur mouvement et obtenir enfin leur stage et leur lettre de nomination pour le 9 septembre 2019.

Altidor Jean Hervé

 

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