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Les faux bonds de l’ONU en Haïti

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Un projet de résolution 2476, créant un Bureau Intégré de l’ONU en Haïti (BINUH), a été adopté, le mardi 25 juin, par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Cette mission politique spéciale remplacera la Mission des Nations Unies pour l’Appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH), pour une période initiale de 12 mois, à compter du 16 octobre prochain. La résolution 2476 a été approuvée par 13 votes en faveur, 0 contre et 2 abstentions. La République Dominicaine et la Chine se sont abstenues. L’Ambassadeur dominicain, José Singer, estime que le mandat n’était pas assez robuste, alors que la situation continue de se dégrader en Haïti. Pékin a aussi regretté un mandat «manquant de consistance». Cette mission politique dont les grandes lignes auraient été définies par la représentation américaine, aura pour mission, entre autres :

– d’aider le gouvernement à l’organisation d’élections libres, honnêtes et transparentes;

– de renforcer la capacité de la Police Nationale d’Haïti (PNH);

– de réduire la violence communautaire notamment celle des gangs;

– d’améliorer la gestion de l’administration pénitentiaire et les conditions carcérales et

– de renforcer le secteur judiciaire.

Le BINUH comprendra au maximum 30 agents, et sera dirigé par un Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU. En effet, plusieurs pays dont la France, l’Allemagne, la Chine, le Pérou, la Russie et la République Dominicaine, ont émis des réserves en ce qui a trait au Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), lors de la dernière réunion du Conseil de Sécurité sur la situation en Haïti. Le Pérou, par la voix de son représentant, a dit regretter que la résolution ne mentionne ni les rôles du Fonds pour la consolidation de la paix ni celui du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti qui pourraient contribuer, selon Lima, aux efforts du BINUH, ni la «forte vulnérabilité» d’Haïti face aux changements climatiques. «Nous sommes en effet surpris et déçus que le texte ne fasse pas référence aux conséquences sécuritaires des effets des changements climatiques sur le pays», a ajouté le représentant de l’Allemagne, et ce, alors même que le Conseil n’a eu de cesse de s’inquiéter, depuis 2011, des facteurs climatiques dans l’aggravation des menaces à la paix internationale. Pour la France, une telle omission est d’autant plus dommageable que la situation du pays est actuellement marquée par l’instabilité politique, la détérioration de la situation économique, l’état très préoccupant des finances publiques, l’insécurité alimentaire, les difficultés d’accès aux services de base et des niveaux élevés de violence. Le Bureau intégré va donc entamer sa mission dans un contexte difficile et il est à craindre, hélas, que cette situation «extrêmement volatile», ne se détériore dans les semaines et mois à venir, a mis en garde le représentant de la France. La République Dominicaine, qui s’est abstenue lors du vote, a fait savoir que la proposition du Secrétaire général n’est pas assez précise dans ses objectifs, ni suffisamment ample pour préserver la stabilité de Haïti. «La nouvelle mission aurait pu démarrer sur les chapeaux de roue, en prenant en compte tous les aspects de la crise haïtienne», a dit le représentant de la République Dominicaine. Le mandat du Bureau doit être «simple et concis», a, de son côté, estimé la Chine, second abstentionniste lors du vote. «Malheureusement, les amendements que nous avons proposés, lors des négociations du texte, n’ont pas été retenus et la résolution ne reflète pas les «inquiétudes légitimes » de la Chine, concernant la capacité du Bureau à s’acquitter de sa mission, a regretté le pays. De son côté, la Fédération de Russie a appelé la nouvelle mission politique spéciale à mettre l’accent sur le renforcement de la Police Nationale d’Haïti qui se verra confier, à partir d’octobre, la responsabilité de la sécurité de la population. Le Représentant d’Haïti en a profité pour attirer l’attention des membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur l’attachement du peuple haïtien à sa souveraineté, à son indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité de la République d’Haïti, a dit le Chancelier d’Haïti, Bocchit Edmond. Par ailleurs, de nombreux partis politiques, dont le Parti Pitit Dessalines et le Mouvement patriotique Populaire Dessalinien (MOPOD), se sont prononcés contre la mise en place, à compter du 16 octobre prochain, du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), composé d’une trentaine d’experts de haut niveau, venus conseiller le Gouvernement. À rappeler que le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti sera la huitième mission onusienne dans le pays depuis 1993, donc en 26 ans. Avant lui, il y avait la MINUHA (1993-1996), la MANUH (1996-1997), la MITNUH (1997), la MIPONUH (1997-2000), la MICAH (2000-2004), la MINUSTAH (2004-2017), la MINUJUSTH (2017-2019).

Emmanuel Saintus

 

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