HomeActualité«À défaut de retour au bercail, des retrouvailles, sans faille»

«À défaut de retour au bercail, des retrouvailles, sans faille»

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C’est au «The Lantana Banquet hall», à Randolph, ville de l’État de Massachusetts aux États-Unis, à l’occasion de la Fête des Mères en Ayiti, le dimanche 26 mai 2019, que s’est déroulé le Gala des retrouvailles des anciens élèves d’environ trois promotions (96, 97, 98) du Collège Le Normalien (CLN). Cette institution est située à l’avenue La Martinière, au Bois-Verna, à Port-au-Prince. Ils sont venus de divers horizons, du Canada, d’Ayiti, et d’autres États tels: New Jersey, New York et Florida, pour assister à cette grande première, dans l’histoire de ce Temple du savoir qui s’élève davantage, avec le temps, dans le milieu de l’éducation classique en Ayiti. Ce prestigieux établissement scolaire est déjà quinquagénaire. L’idée première d’une telle initiative est de parvenir à reconnecter les anciens, en vue, d’une part, d’honorer ceux-là qui se sont dévoués corps et âme pour fonder le CLN, en l’occurrence : M. et Mme Bright, respectivement Directeur et Directrice. Ils y ont consacré toute leur vie et, jusqu’à présent, ils n’entendent pas prendre leur retraite. Parallèlement, il s’agit de créer le réseau ou l’Amicale des anciens du collège, en vue de la mise en commun des compétences et des expériences, après une vingtaine d’années d’éparpillement, en dépit des réseaux restreints de liaison par affinité.

C’est comme si c’était hier, pourtant cela fait déjà plus de 20 ans. Sur les visages mûrissants ne se tisse aucune trace de ride. L’impression des pas du temps, d’un son loin d’être hésitant, tend à esquiver toute marque de vieillesse mais plutôt nous emballe frénétiquement dans l’aventure ineffable d’une nouvelle jeunesse…, teintée de maturité, du sens aigu de responsabilité et surtout du désir inépuisable et invincible de ne plus rater la moindre occasion de jouissance de la vie, la plus pleinement, en compagnie de ceux-là qui ont eu la magie de continuer à faire palpiter nos cœurs à ce rythme incontrôlé, sans pour autant le recontrôler. En cette phase de la jeunesse de la vieillesse, ou disons mieux: de notre seconde jeunesse, le temps nous a surpris en flagrant délit du remue-ménage de nos vies, par un retour d’âge nous mettant face-à-face à notre véritable « nous», il y a environ 20 ans. En effet, il y a environ 20 ans, nous étions à la fleur de l’âge, sans limite aucune d’énergie, tant du sentir que de l’agir. On pouvait tout tenter, sans que l’idée de nous limiter dans le temps et dans l’espace n’ose effleurer quiconque. On pouvait rêver haut, grand, loin, profond et puissant. Aujourd’hui, nous voici tous à un niveau ou à un autre de la quarantaine. Certes, nous ressentons le poids des ans, sans pour autant que cela n’atteigne ni encore moins n’éteigne en nous, l’enthousiasme de reconquérir nos rêves les plus chers ni encore moins de les mettre en quarantaine.

Quelle joie de retrouver ces vieux amours, ceux-là dont nos cœurs étaient épris, en ce temps-là, animés des sentiments les plus purs, ceux-là qui avaient donné tout le sens à notre existence, ceux-là qui au plus profond de la consistance de notre essence ont enfoui leur petite semence, en silence, en toute inconscience, sans prudence, mais avec la plus grande science du monde, avec beaucoup de complaisance et de romance.

Que de visages disparus dans la brume des ans et retrouvés au nom de cette puissance que nous portons en dedans, malgré l’usure du temps. Avec le temps, on finit par comprendre que les domaines de nos investissements ou l’orientation de notre passion sont le plus souvent les mêmes que ceux de notre réussite. Quand la vie nous joue ses petits tours de tourments et de bouleverses, au point de porter atteinte à notre propre existence, à nos yeux si chère, au point de l’avoir en horreur, et la joie et le bonheur en nostalgie, il ne nous reste plus aucune autre alternative que de partir à leur reconquête, à la source où nous les avions puisés, la dernière fois. Et cette source à laquelle nous avions, pour la toute dernière fois, puisé la joie, le bonheur, la confiance, le réconfort et surtout la liberté d’être nous-même, sans que l’option favorable ou défavorable des autres nous importe, c’est l’Alma Mater, là où nous avions fait nos premiers pas dans la vie, là où nous étions tout simplement frères et sœurs, et avaient des parents déguisés en professeurs et directeurs, pour guider nos pas frêles et hésitants vers notre préparation, pour investir les parvis bétonnés de la vie où prédomine l’apprentissage par des exercices pratiques et réels, et par voie de conséquence, la rectification des erreurs extrêmes, complexes, voire dans des cas précis, fatales. Cependant, dans la mesure où l’on s’anime, en dépit de notre réalité, à des sentiments les plus purs, du don inconditionnel et du dépassement de soi, même le tir le plus catastrophique s’avère rectifiable, tout comme ces retrouvailles, après autour d’une vingtaine d’années. L’avenir appartient aux vainqueurs et ces vainqueurs ne sont ni plus ni moins que les plus capables d’amour. Et l’amour entraîne toujours le pardon, et le pardon la réconciliation, et la réconciliation le regain de confiance et la synchronisation, malgré les différences de vision, pour se prendre la main et aller de l’avant.

Plusieurs primes ont été décernées à des personnalités du groupe: soit pour leur dévouement dans la réussite d’une telle initiative, soit pour s’être fait remarquer d’une manière ou d’une autre, tout au long de la mise en place, jusqu’à l’aboutissement de ces grandes retrouvailles célébrées sous la vigilance de Jean Bradley Derenoncourt, Conseiller municipal « At-Large », de la ville de Brockton, premier ressortissant étranger et ayitien à s’être élevé à un poste électif dans cette ville ainsi que celle de Mme Azor, ancienne professeure de Sciences Sociales et de Communication française. Dans leurs propos de circonstance, ils n’ont pas hésité à exprimer leur joie et leur satisfaction par rapport à une initiative si louable qui doit, malgré vents et marées, continuer à faire son petit bonhomme de chemin. C’est avec de vives émotions que l’ancienne professeure, qui semble avoir découvert le secret et la magie de la jouvence, au point de paraître même plus jeune que certains de ces anciens élèves, a manifesté un sentiment de satisfaction du travail accompli.

Il est vrai que, dans cette première phase du projet, il ne s’agissait que d’une rencontre sans trop de formalité, plutôt amicale, des simples retrouvailles à l’agenda du Groupe qui, jusqu’à date, n’existait que sur WhatsApp. On y échangerait des perspectives d’avenir, selon les propos de circonstance du Coordonnateur du comité d’organisation. On y projetterait, par exemple, la mise en place d’une collecte de fonds pour la reconstruction du local de l’établissement, sévèrement affecté par le séisme du 12 janvier, sans pouvoir s’en remettre jusqu’à date. Mon plus grand rêve en tant qu’architecte est d’être le concepteur et exécutant du projet de reconstruction de ce centre d’éducation qui est la base de la formation intellectuelle et humaine de tant de jeunes. C’est l’une des premières initiatives sur lesquelles nous nous proposions de nous pencher.

La leçon que j’ai moi-même tirée du 1er Gala de retrouvailles des anciens du Collège Le Normalien, c’est que l’amour, quand il est vrai, cherche toujours l’excuse la plus plausible du retour à la case de départ, en vue de rectifier les erreurs du passé et de se projeter vers un nouveau départ, avec d’autres perspectives, en compatibilité avec notre essence en tant qu’individus à part entière, condamnés à vivre en famille, unité de base en société, à son tour le pilier de toute communauté humaine, parvenue, à un certain moment de la durée, au stade de peuple, de nation ou de pays.

Que ces retrouvailles, dans leur parcours sans faille, puissent véritablement augurer l’idée qui jamais ne flétrit, d’un jour notre retour au bercail, en vue de remettre sur les rails du développement, notre Ayiti que nous chérissons toutes et tous, et que nos filles et fils nés par notre exil en dehors de cette si merveilleuse terre, puissent, de plus en plus, la considérer comme leur Alma Mater. Que le goût du retour parvienne jusqu’à leur âme.

Merci Madame Azor, d’avoir été des nôtres. Merci aux promoteurs de cette si louable initiative. Merci M. et Mme Bright, de nous unir autour du goût de l’éducation. Vous êtes désormais en nos cœurs, des immortels.

27/05/2019

Jean Camille Étienne

Promotion 89-96

Philo de la Différence

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