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Le pays dit non à l’insécurité

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Comme un peu partout dans le pays où la grande majorité de la population crie non à l’insécurité, des milliers de Gonaïviens, issus de toutes les strates sociales du pays, ont gagné les rues de la Cité de l’indépendance, le mercredi 15 mai 2019, en vue d’exiger la protection de leur vie et de leurs biens. Comme un seul homme, les protestataires ont exprimé leur ras-le-bol face au banditisme qui trouble leur tranquillité. D’un ton ferme, ils appellent les autorités compétentes à s’acquitter efficacement de leurs taches. Dans le cas contraire, les citoyens menacent d’appliquer la Loi du Talion. Entrepreneurs, élèves en uniforme, étudiants, syndicalistes et professionnels se sont ralliés derrière cette cause, dans un message inscrit en rouge sur une banderole blanche, portée par des jeunes vigoureux. Vêtus majoritairement de t-shirts blancs, pancartes en main, ils ont parcouru plusieurs rues. Avec beaucoup d’énergie, ils scandaient des slogans reflétant leur angoisse : «Nou pa vle konte kadav ankò», «mare bandi yo», «lajistis, si w pa aji, ou konplis», etc. L’ambiance a été électrisante. Sous la chaleur accablante du soleil, la détermination des gens prouve que la conscience citoyenne est en train de se réveiller. Cette marche a débuté à Carrefour Bassin, entrée nord de la ville, et a pris fin au centre-ville. Des messages circonstanciels ont été délivrés devant la délégation départementale, le commissariat de police, le palais de justice et la mairie. Sur leur parcours, à Gattereau 6, les protestataires ont déposé une gerbe de fleurs sur le lieu d’assassinat de l’entrepreneur Philippe Jean, une façon d’honorer sa mémoire et de dire que son meurtre ne doit pas rester impuni. Se révolter contre les actes de banditisme est un devoir citoyen, a affirmé Henriquez Auguste, responsable de la Société civile des Gonaïves. Selon lui, la mauvaise gouvernance va trop loin. «Il est inconcevable que les responsables soient de mèche avec les bandits», a tranché M. Auguste. Il appelle la population à rester sur ses gardes. Pendant plusieurs jours, les banques privées et la majorité des entreprises locales ferment leurs portes, afin de contraindre les responsables à agir. Les marchés publics, les cambistes et les détaillants des trottoirs ont tous chômé le jour de la grande manifestation. Conscients de leur vulnérabilité et étant des victimes, ils se sont tous engagés à lutter contre l’insécurité. La neutralisation des bandits, c’est tout ce que réclame la population gonaïvienne, autant que toute la population haïtienne qui en a marre d’être à la merci des bandits. En prélude à cette marche des gonaïviens, le mardi 14 mai, Plusieurs dizaines de citoyens ont gagné les rues de la capitale pour condamner la montée vertigineuse de l’insécurité dans le pays et la gestion catastrophique par l’équipe au pouvoir. Les protestataires ont traversé plusieurs rues de la capitale avec en main des photos des personnes assassinées, notamment lors des dernières manifestations contre le gouvernement, des victimes des carnages de La Saline et de Carrefour-Feuilles. Ils fustigent la passivité des autorités compétentes qui peinent à poser des actions montrant leur volonté à poursuivre les auteurs de ces crimes qualifiés d’odieux. «Personne n’est épargné du phénomène de l’insécurité qui s’installe à travers tout le pays», ont fustigé les protestataires qui ont parcouru plusieurs rues de la capitale, jusqu’au Champ-de-Mars, sous escorte policière.

Notons qu’au delà des effets directs que peuvent avoir l’insécurité sur la vie et les biens des citoyens, les violences ont aussi « un poids énorme » dans les écoles situées dans les quartiers populaires de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où opèrent les gangs armés, signale Jacques Yvon Pierre. Le climat ambiant de violence a des effets sur ces écoles et leurs élèves, signale l’éducateur Pierre, qui coordonnait un atelier, tenu les lundi 13 et mardi 14 mai 2019, sur la violence dans les écoles. À la Saline, par exemple, zone réputée violente, ces derniers temps, des élèves vont à l’école avec des armes à feu dans leurs sacs, révèle Jacques Yvon Pierre. Les responsables de certains lycées sont confrontés à beaucoup de difficultés, notamment à cause du contrôle systématique, que certains gangs tentent d’exercer sur ces établissements scolaires. L’école haïtienne serait fondamentalement violente, elle conditionne même les élèves dans un processus d’intériorisation de la violence comme une pratique nécessaire à l’apprentissage, déplore-t-il. L’école reproduit la violence au sein de la famille, transforme les inégalités sociales en inégalités scolaires.

Altidor Jean Hervé

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