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La situation économique et le prêt du FMI font débat

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Les avis sont partagés dans la société ainsi qu’à la Chambre basse, au sujet du prêt de 229 millions de dollars du Fonds Monétaire International (FMI), accordé à Haïti. Si des parlementaires saluent cet accord et plaident en faveur de programmes structurants, d’autres estiment anormale cette initiative, qu’ils qualifient d’ailleurs de véritable «patate chaude». «C’est un bon accord», reconnaît le député Abel Descollines qui lance toutefois une mise en garde aux autorités gouvernementales contre toute idée d’utiliser ce fonds dans des programmes bidon. À ce stade, l’élu de Mirebalais plaide en faveur d’une véritable réforme dans le système d’assistance sociale en Haïti, qui, selon lui, favorise le népotisme et la corruption. Méthodes de décaissement, typologie des projets… des points sur lesquels le parlementaire veut accentuer. Si des opposants au régime en place saluent l’accord et exigent une bonne utilisation des fonds, certains députés réputés pourtant proches de l’Exécutif, ont une toute autre lecture. Alfredo Antoine en fait partie et se réfère aux conséquences des émeutes de juillet 2018, à la suite de l’imposition du Fonds Monétaire International, relative à l’augmentation du prix de l’essence. «Ce prêt à 0% d’intérêts, remboursable sur une période de trois (3) ans, sera accompagné de nombreuses exigences», a prévenu l’élu de Kenscoff qui s’interroge sur la capacité des autorités actuelles. Le parlementaire de KID se prononce plutôt en faveur de mesures locales de redressement. Ces 229 millions de dollars de prêt du Fonds monétaire international (FMI) accordés à Haïti proviennent d’un deal politique, juge le porte-parole du parti Rasin Kan Pèp la, Camille Chalmers. Il indique que ce prêt n’est qu’une récompense du département d’État américain au gouvernement haïtien, pour son dernier vote contre le président élu vénézuélien, Nicolas Maduro, à l’Organisation des États de l’Amérique (OEA). « Ce prêt concessionnel ne permettra pas de dynamiser les investissements et n’apportera aucune amélioration dans l’économie haïtienne », a dit Camille Chalmers. Selon l’avis de l’économiste, le gouvernement haïtien ne répond pas aux critères établis pour bénéficier de ce prêt. En accordant ce prêt à Haïti, le Fonds monétaire international a violé sa propre parole car l’institution financière multilatérale avait pris l’engagement, depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, de n’accorder que des dons au pays. Comme par une étrange coïncidence, peu après cette prise de position, des actes de vandalisme ont été perpétrés contre les locaux de PAPDA à Terrier-Rouge.

 

Le prêt accordé par le FMI n’aura aucune influence sur la situation économique du pays, si le gouvernement haïtien n’apprend pas à dépenser mieux. C’est l’analyse de l’économiste, Etzer Émile, qui était invité à la rubrique le Point, ce mardi matin. Selon lui, une simple politique d’austérité n’aura pas l’incidence espérée sur une économie haïtienne qui manque d’entrées de devises et souffre de maux très graves. Les actions à prendre devront viser notamment à « réduire la pauvreté, encourager la bonne gouvernance, relancer la croissance et stabiliser la situation économique du pays ».

Les onze jours de l’opération pays lock (où toutes les activités étaient paralysées) en février dernier ont, sans conteste, entraîné de lourdes conséquences dans la vie économique du pays. « C’est l’un des plus grands chocs qu’ait subis l’économie du pays, durant l’exercice fiscal 2018-2019…», affirme l’économiste Richard Sérant, chroniqueur de Radio Vision 2000, qui était l’invité du journaliste Robenson Geffrard, à l’émission «Haïti sa k ap kwit», réalisée sur Télé 20, ce mercredi. Seulement au cours de cette période, l’État haïtien a déjà accusé une perte estimée à au moins quatre milliards de gourdes (pour les recettes douanières et de la Direction générale des impôts). Car, en moyenne, l’État perçoit entre 7 et 9 milliards de gourdes, mensuellement, de la douane et de la DGI, d’après l’économiste. Outre cette perte au sein de l’État, il y a aussi une diminution de profit des entreprises qui devront verser également des taxes sur leurs chiffres d’affaires à l’État, ce qui donne lieu à un déficit budgétaire, explique l’économiste, évoquant le contexte économique plutôt difficile.

Le tableau est toujours sombre. Alors que l’on est presqu’au milieu du mois de mars, une bonne partie des fonctionnaires publics n’ont pas encore reçu leurs salaires pour le mois de février. Des députés de l’opposition dénoncent ce retard et rejettent, d’un revers de main, les raisons avancées par le gouvernement, prétextant que les 10 jours de protestation violente qu’a connus le pays serait l’une des causes principales. Le député de Mirebalais, Abel Descollines, rejette les raisons liées aux derniers troubles sociopolitiques, avancées par le ministre de l’Économie et des Finances, Ronald G. Décembre, pour justifier ce retard de paiement. L’élu de Mirebalais croit de préférence que cette situation est due à la gestion catastrophique, faite par l’équipe au pouvoir. Il a cité en exemple, la parade de Noël organisée à Pétion-ville, en décembre 2018, qui a coûté 80 millions de gourdes à l’État haïtien. Abel Descollines justifie ses propos par l’incapacité des autorités à effectuer des versements pour des projets d’investissements communaux, insérés dans les lois finances des années 2016-2017 et 2017-2018. À cette époque, il n’y avait pas eu l’opération baptisée « pays lock », argumente le député, soulignant que les 10 jours de «pays lock» ne peuvent pas retarder le paiement des salaires des employés de l’administration publique. « C’est une fausse raison. Un discours démagogique », dénonce l’actuel président de la commission Affaires sociales de la Chambre basse.

Altidor Jean Hervé

 

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