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L’effet du « Pays Lock » sur l’économie

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Il fallait longer les principales rues des communes de Delmas, de Pétion-Ville, de Tabarre ou de Port-au-Prince, pour se rendre compte du niveau de notre vulnérabilité et des privations de toutes sortes qui caractérisent Haïti.  Les 11 jours de paralysie générale du pays ont laissé des traces.  Chacune de ces secousses plonge davantage Haïti dans les bas-fonds de la pauvreté.  Dans certaines zones, la puanteur repousse les passants et les automobilistes qui osent braver la poussière et les cendres de pneus calcinés, vestiges des récents évènements qui ont endeuillé les familles haïtiennes et alimentent la machine infernale de la violence et la chute de notre économie.  Tous les secteurs d’activités tentent, tant bien que mal, de se réveiller.  Pour L’économiste Riphard Sérent, le manque à gagner que l’État a enregistré, est estimé à 5 milliards de gourdes, durant les dix jours (du 7 au 16 février 2019) de manifestations, de casses, de pillages dans certaines zones.  Il avance que les récents évènements pourraient ravir un point de pourcentage de la croissance du PIB, en fin d’exercice.  Selon lui, les violences et les manques à gagner ne vont pas aider non plus à conforter la monnaie haïtienne face aux principales devises, dont le dollar américain.  Encore, l’économie fait les frais de la mauvaise gouvernance et de l’amateurisme au plus haut sommet de l’État.  Dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, les prix des produits de première nécessité ont crû de façon exponentielle.  Les céréales, le riz, le hareng, la farine, l’huile de cuisine, la morue, et même l’eau en bouteille ou en sachet, ont vu leur prix doubler, au grand dam des consommateurs qui attendent impatiemment que les autorités responsables tiennent leur promesse d’agir en urgence sur les prix. On ne sait pas encore à quel prix.  Un marché noir de l’essence a même pris de l’ampleur, particulièrement dans le grand Nord.  Dans divers endroits proches de la ville du Cap-Haïtien, le gallon de gazoline coûtait jusqu’à 1000 gourdes (environ 12 dollars américains à 83 gourdes pour un dollar).  Cette situation a poussé les autorités dominicaines à déployer une présence militaire dans les stations-service en vue d’empêcher que le carburant dominicain vienne alimenter cette contrebande entre les deux pays qui partagent l’île.  Tenant compte de tous ces facteurs, certains observateurs craignent que la trêve ne soit pas le calme avant la grande tempête.  Les prix des produits alimentaires sont, eux aussi, en hausse dans les marchés publics de la région métropolitaine, après la fin des manifestations et du blocage des routes.  La petite marmite de riz importé varie entre 50 et 60 gourdes.  Les prix des autres produits de première nécessité dont maïs, haricot, tomate, banane, patate, igname sont également en hausse.  Le maïs moulu, produit localement, est introuvable dans les marchés du sud de la région métropolitaine.  Les marchandes font remarquer que les prix sont en hausse constante avant et après les 10 jours de blocage. Les commerçants expliquent que plusieurs routes nationales sont toujours bloquées, empêchant le transport des produits agricoles vers la capitale.  Des restaurateurs confient qu’ils ont été contraints d’ajuster les prix des plats.  Il faut au minimum 125 gourdes pour un plat qui coûtait 100 gourdes avant les manifestations.  La hausse atteint même des produits qui étaient à l’abri.  Pour 5 gourdes on ne reçoit plus 3 sachets d’eau traitée mais plutôt 2.  Les prix du pain ont été également revus à la hausse.  Dans certains cas, les prix sont maintenus mais la quantité de farine utilisée est réduite.  Afin d’atténuer la crise économique grandissante, en conférence de presse donnée conjointement avec d’autres collègues, le ministre de l’Économie et des Finances, Ronald Décembre, a dévoilé la stratégie du gouvernement pour faire baisser le prix du riz sur le marché local.  Dans son adresse à la nation, le Premier ministre Jean-Henry Céant avait fait part de son intention de faire passer à 35 gourdes, la petite marmite de riz qui se vend actuellement à 50 gourdes.  Pour y parvenir, a annoncé le ministre Décembre, l’État va être obligé de renoncer à l’application de la TCA à l’importation de ce produit de première nécessité.  « L’État demande à la douane de ne pas appliquer la TCA à l’importation, de manière à réduire le prix », a précisé Ronald Décembre.  Toutefois, le mercredi 20 février, dans certains lieux de Port-au-Prince visités, la petite marmite de riz étranger se vend toujours entre 50 et 55 gourdes. Cinq jours après, l’annonce du Premier ministre promettant que la petite marmite de riz passera de 50 à 35 gourdes, n’a pas encore produit l’effet escompté.  Cependant, chez le grand distributeur, le prix du sac de riz accuse une baisse considérable.

Altidor Jean Hervé

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