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2018, une année agitée à tous les niveaux

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Selon l’avis de plus d’un en Haïti, l’année 2018 a été marquée, en grande partie, par de multiples turbulences, que ce soit sur les plans social, économique et politique.

Durant l’année 2018, la dévalorisation accélérée de la gourde a aggravé les conditions socio-économiques, déjà précaires, de la population, entraînant une inflation galopante (estimée à environ 15 %), donc une augmentation des prix des différents produits sur le marché national, alors que les Haïtiennes et les Haïtiens consomment, à 70 %, des produits importés. En dépit des interventions, jusque-là inefficaces, de la Banque centrale à ce niveau, le taux de change a considérablement grimpé dans le pays, passant de 45,00 gourdes en 2014, à 78,00 gourdes, à la fin de l’année 2018. Un décret présidentiel avait été pris, en mars 2018, pour exiger que toute transaction soit libellée en gourdes sur le territoire national, afin de permettre à la gourde de reprendre du terrain. Devant le refus des grands commerçants haïtiens d’appliquer cette mesure, sept (7) mois après sa publication, le gouvernement a dû modifier l’arrêté, en vue de prendre en compte les préoccupations du secteur aéroportuaire et du Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD), entre autres.

 

La crise socio-économique persiste en Haïti depuis trop longtemps, particulièrement au cours des cinq (5) derniers mois de 2018, surtout après les violentes émeutes des vendredi 6, samedi 7 et dimanche 8 juillet 2018, qui avaient forcé le gouvernement d’alors, de Jack Guy Lafontant, d’annuler une hausse des prix des produits pétroliers sur le marché national. Le bilan, à la suite de ce weekend noir, était d’environ 20 morts, de 84 entreprises privées et de 5 institutions étatiques, pillées et incendiées, pour le moins, et de 76 véhicules incendiés, lors des émeutes de début juillet 2018, selon un bilan du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH). Cette situation de trouble et les pressions populaires qui s’en suivaient, avaient contraint à la démission, le premier ministre de l’époque, le docteur Jack Guy Lafontant qui a été remplacé par le notaire Jean Henry Céant, le 5 août 2018. Outre cette démission, le pouvoir a fait aussi retrait d’un premier projet de loi de finances pour l’exercice fiscal 2018-2019, qui prévoyait de nouveaux tarifs sur les produits pétroliers, source des émeutes. L’économiste haïtien Kesner Pharel, Président-directeur général (PDG) du Group Croissance, a appelé à des investissements sociaux plus significatifs, dans un nouveau budget national, pour rompre avec les pratiques traditionnelles. Son plaidoyer n’a visiblement pas été pris en compte par le régime Tèt Kale en place. Au lieu d’investir beaucoup plus dans le social, le gouvernement – à travers le projet de budget pour l’exercice fiscal 2018-2019, à hauteur de 172,8 milliards de gourdes soumis au Parlement, le mardi 11 décembre 2018 – privilégie une augmentation de la dette externe (des prêts), passant de 5 à 13 milliards de gourdes. Pourtant, le pays doit rembourser une partie de la dette de 3,8 milliards de dollars américains du programme PetroCaribe d’aide vénézuélienne à Haïti.

 

L’affaire PetroCaribe, cette année, a pris la part du lion dans l’actualité politique du pays et a même été le leitmotiv de l’opposition. Ce dossier a même pris des proportions inattendues, une importance considérable, avec la naissance, le 14 août 2018, sur les réseaux sociaux, du mouvement citoyen, issu du hashtag #PetroCaribeChallenge. Ce mouvement appelle chacune et chacun à se mobiliser pour réclamer des éclaircissements sur la dilapidation des fonds PetroCaribe. Cette mobilisation citoyenne n’a pas tardé à s’intensifier en Haïti, notamment à Port-au-Prince, ainsi qu’à l’étranger, à travers des rassemblements (sit-in), marches et expositions, entre autres. Plus d’une soixantaine de plaintes ont été déposées, à partir de janvier 2018, au bureau du juge d’instruction en charge du dossier PetroCaribe, Ramoncite Accimé. Notons que deux rapports d’enquête sur le programme PetroCaribe, ont été aussi transférés à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA) par le Sénat, à la suite d’une séance discrète, tenue dans la soirée du jeudi 1er février 2018, par des parlementaires proches du pouvoir. Les résultats de l’audit sur la gestion des fonds PetroCaribe sont attendus, au cours de ce mois de janvier 2019. Toutefois, la première grande manifestation, dans le cadre du mouvement #PetroCaribeChallenge, pour demander des comptes sur l’utilisation des fonds PetroCaribe, a eu lieu, le mercredi 17 octobre 2018, à Port-au-Prince, ainsi que dans diverses villes de province, à l’occasion du 212e anniversaire de l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines. Dans la capitale, on a assisté à un déferlement d’un grand nombre de personnes, pour la plupart des jeunes, dans les rues, exigeant des comptes, avec comme slogan «Kot kob Petwokaribe a». 8 personnes ont été tuées, 61 autres ont été blessées, dont plusieurs atteintes par balles, lors de la mobilisation du 17 octobre 2018, selon un rapport, en date du 9 novembre 2018, du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH). Près d’un mois après la grande mobilisation anti-corruption du 17 octobre 2018, une tuerie a été perpétrée, le mardi 13 novembre 2018, dans le quartier populaire de La Saline. «Soixante-et-onze (71) personnes assassinées dont plusieurs femmes et des mineurs, deux (2) autres portées disparues, onze (11) victimes de viols collectifs, cinq (5) personnes blessées et cent-cinquante (150) maisons vandalisées et criblées de balles, à Projet La Saline et ses environs, des dizaines d’autres maisons incendiées à Nan-Chabon : le bilan du massacre d’État à La Saline est lourd », relève le RNDDH et Fondasyon Je klere. 5 morts et 9 blessés par balles ont été également enregistrés à La Saline, le 1er novembre 2018. Plus d’une vingtaine de familles victimes ont déposé, le vendredi 21 décembre 2018, une plainte au parquet, près le tribunal civil de Port-au-Prince, contre les présumés auteurs, co-auteurs et complices du massacre perpétré le 13 novembre 2018.

 

Tous ces évènements et bien d’autres non négligeables qui ne sont pas mentionnés, ont fait de 2018, une année politiquement, économiquement et socialement agitée, et fragilise un peu plus la situation de l’équipe Tèt Kale qui doit, à tout prix, conduire les élections législatives de 2019. Comment forcer l’opposition démocratique et populaire et alliés, qui ne veulent même pas dialoguer avec vous, à aller aux élections? C’est le miracle qu’on attend de l’administration Moïse-Céant.

Altidor Jean Hervé

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