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Des conditions d’incarcération inhumaines en Haïti

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Les droits des personnes incarcérées en Haïti sont quotidiennement bafoués, selon un rapport publié par une association de défense des droits de l’homme, qui dénonce des conditions de détention proches « d’actes de torture ».  « Les conditions générales de détention sont absolument inhumaines et s’apparentent de plus en plus à des actes de torture », accuse Marie Rosy Auguste Ducéna, du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).  « Les prisons gardent en moyenne trois fois plus de détenus qu’elles ne peuvent en accueillir », précise à l’AFP, l’activiste haïtienne.   Dans la prison de Port-au-Prince, cette surpopulation dépasse désormais le seuil de 500 %.  Cet établissement vétuste du centre-ville de la capitale ne devrait pas recevoir plus de 778 personnes.  Or,    4 111 détenus y étaient incarcérés au 23 octobre.  Par manque d’espace dans une douzaine de prisons de province, plus des deux tiers des détenus n’ont pas de lit et sont contraints de « dormir à même le sol, sur des morceaux de carton, des tissus, des tapis ou des draps fournis par les membres de leur famille », précise le rapport rendu public après dix mois d’inspection des prisons.  Les besoins basiques des détenus haïtiens en eau et nourriture, ne sont pas non plus satisfaits au quotidien.   « Plus on s’éloigne de Port-au-Prince, plus la rupture de stock est fréquente.  Dans les prisons des villes de province, les détenus sont souvent obligés de passer la journée sans manger », explique Mme Auguste Ducéna.   L’accès aux soins est tout aussi précaire : le rapport détaille que le système pénitentiaire haïtien ne dispose que d’un médecin pour 514 détenus. « En plus de cela, les médicaments ne sont pas disponibles et, s’ils le sont, ils sont administrés sur diagnostic d’auscultation, car il n’y a pas moyen de faire des examens médicaux », alerte Mme Auguste Ducéna.  Dans de telles conditions d’incarcération, 118 personnes sont déjà mortes en prison depuis le début de l’année.  « Le nombre de morts en prison a augmenté exponentiellement ces dernières (années)», s’inquiète l’activiste.  « On a vraiment l’impression, qu’aux yeux de l’État, le citoyen qui arrive en prison perd ses droits fondamentaux ».  Le RNDDH est d’autant plus sévère avec les autorités que certaines personnes décédées en prison étaient encore en situation de détention préventive.  Trois quarts des 11 839 personnes incarcérées aujourd’hui en Haïti sont encore en attente d’un jugement, certaines depuis plus d’une décennie.  Les chiffres du rapport du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), en date du 26 octobre 2018, donnent froid dans le dos.  Outre le nombre de décès pour les 10 premiers mois de l’année (118), le document soutient, entre autres, que pour 11,839 détenus, Haïti dispose d’un seul psychiatre.  Jusqu’au 23 octobre 2018, les prisons civiles du pays contenaient onze mille huit cent trente-neuf (11 839) détenus, selon le RNDDH.  Pour les soigner, le système sanitaire dispose de : vingt-trois (23) médecins, de soixante-deux (62) infirmières, trois (3) laborantins, 1 psychiatre et 1 nutritionniste pour 11 839 détenus, soit 1 médecin pour chaque 514 détenus, et 1 infirmier/infirmière pour chaque 190. La Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) ne dispose que d’un nutritionniste pour cette vaste population carcérale.  Vu le personnel dont dispose le système, il n’y en a pas qui soit affecté par prison ni par région.  Selon les responsables du RNDDH, ‘’ceci constitue un handicap car, les menus ne peuvent être révisés quand le besoin se fait sentir’’.  Si la priorité de programme Health through Walls est la prévention, l’identification et le traitement des maladies infectieuses et contagieuses, en particulier le VIH/SIDA et la tuberculose, le RNDDH dit relever parmi les maladies les plus fréquentes dans les prisons: la grattelle, les infections urinaires, la tension artérielle, des cas d’accident cardio-vasculaire, l’asthme, la tuberculose, la malnutrition, les douleurs gastriques et un grand nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA.  D’autre part, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) critique une féminisation de la détention préventive prolongée dans les prisons en Haïti.  Sur 375 femmes et filles en prison, seules 62 d’entre elles, soit 16,53 %, sont fixées sur leur sort, alors que, sur 8 507 hommes et garçons en prison, 2 891 d’entre eux, soit 33,98 %, sont condamnés, fait remarquer le RNDDH.  Sur 2 952 personnes condamnées, au moins 236 d’entre elles n’ont pas encore reçu leurs dispositifs de jugement.  De 2008 à 2018, plus de 70 % de la population carcérale totale a toujours été en attente de jugement.

Emmanuel Saintus

 

 

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